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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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Des cinq provinces au-delà du Tibre, dont nous avons déjà parlé, les
Parthes avaient démembré les quatre premières de la couronne d’Arménie [1188] . Les Romains,
lorsqu’elles leur furent cédées, obligèrent l’usurpateur à donner l’Atropatène
en dédommagement à leur allié. La ville principale de cette grande et fertile
contrée fut souvent honorée de la présence du monarque arménien ; et comme
cette place, dont la situation est peut-être la même que celle de Tauris, porta
quelquefois le nom d’Ecbatane, Tiridate y fit construire des édifices et des
fortifications sur le modèle de la superbe capitale des Mèdes [1189] . 4° L’Ibérie,
pays stérile, avait pour habitants des peuples grossiers et sauvages ;
mais ils étaient accoutumés à l’usage des armes, et ils séparaient l’empire
d’avec des Barbares plus féroces et plus formidables. Maîtres des défilés
étroits du mont Caucase, les Ibériens pouvaient à leur gré admettre ou exclure
les tribus errantes des Sarmates, toutes les fois qu’entraînées par l’esprit de
rapine elles voulaient pénétrer dans les climats opulents du Midi [Stab., Géog. ,
XI] . La nomination des rois d’Ibérie, que les monarques persans cédèrent
aux empereurs, contribua beaucoup à la force et à la sûreté de la puissance
romaine en Asie [1190] .
L’Orient goûta pendant quarante années les douceurs d’une tranquillité profonde
; le traité conclu entre les deux monarchies rivales fut régulièrement observé
jusqu’à la mort de Tiridate. A cette époque, le gouvernement de l’univers se
trouva entre les mains d’une nouvelle génération, dirigée par des intérêts
opposés et par des passions différentes. Ce fut alors que le petit-fils de
Narsès entreprit une guerre longue et mémorable contre les princes de la maison
de Constantin.
    L’empire venait d’être délivré des tyrans et des Barbares;
cet ouvrage difficile avait été entièrement achevé par une succession de
paysans d’Illyrie. Dès que Dioclétien fut entré dans la vingtième année de son
règne, il se rendit à Rome pour y célébrer, par la pompe d’un triomphe [20
novembre 303] , cette ère fameuse et le succès de ses armes [1191] . Maximien, qui
l’égalait en pouvoir, partagea seul la gloire de cette journée. Les deux Césars
avaient combattu et remporté des victoires ; mais le mérité de leurs
exploits fut attribué, selon la rigueur des anciennes maximes, à l’heureuse
influence de leurs pères et de leurs empereurs [1192] . Le triomphe de
Dioclétien et de Maximien, moins magnifique peut-être que ceux d’Aurélien et de
Probus, brillait de l’éclat d’une renommée et d’une fortune supérieures à
plusieurs égards. L’Afrique et la Bretagne, le Rhin, le Danube et le Nil,
fournissaient chacun leurs trophées ; mais ce qui faisait le plus bel
ornement de cette fête, était une victoire remportée sur les Perses, et suivie
d’une conquête importante. On portait devant le char impérial les
représentations des rivières, des montagnes et des provinces. Les images [1193] des femmes, des
sœurs et des enfants du grand roi, formaient un spectacle nouveau, et
flattaient la vanité du peuple. Une considération d’une nature moins brillante
rend ce triomphe remarquable aux yeux de la postérité : c’est le dernier
qu’ait jamais vu Rome., Bientôt après les empereurs cessèrent de vaincre, et
Rome cessa d’être la capitale de l’empire.
    Le terrain sur lequel Rome était bâtie avait été consacré
par d’anciennes cérémonies et des miracles imaginaires. La présence de quelque
dieu ou la mémoire de quelque héros semblait animer toutes les parties de la
ville, et le sceptre de l’univers avait été promis au Capitole [1194] . L’habitant de
Rome sentait et reconnaissait l’empire de cette agréable illusion, qui lui
venait de ses ancêtres, et qui, fortifiée par l’éducation, était en quelque
sorte soutenue par l’idée qu’on avait de son utilité politique. La forme du
gouvernement et le siège de l’empire semblaient inséparables, et l’on ne
croyait pas pouvoir transporter l’un sans anéantir l’autre [1195] . Mais la
souveraineté de la capitale se perdit insensiblement dans l’étendue de la
conquête. Les provinces s’élevèrent au même niveau ; et les nations
vaincues acquirent le nom et les privilèges des Romains, sans adopter leurs
préjugés. Cependant les gestes de l’ancienne

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