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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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peut cependant tirer de la foule deux lois qui méritent d’être
connues, l’une pour son importance, l’autre pour sa singularité : la première
respire la plus grande humanité : la sévérité excessive de la secondé la
rend très remarquable. 1° La pratique horrible, et si familière aux anciens,
d’exposer ou de faire mourir les enfants nouveau-nés, devenait plus les jours
plus fréquente, spécialement en Italie. C’était l’effet de la misère ; et
la misère avait surtout pour principe le poids intolérable des impositions, et
les voies aussi injustes que cruelles employées par les officiers du fisc
contre leurs débiteurs insolvables. Les sujets pauvres ou dénués d’industrie,
loin de voir avec plaisir augmenter leurs familles, croyaient suivre les
mouvements d’une véritable tendresse, en délivrant leurs enfants des malheurs
dont les menaçait une vie qu’ils ne pouvaient eux-mêmes supporter. L’humanité
de Constantin, excitée peut-être par quelques exemples nouveaux et frappants de
désespoir [1321] ,
engagea ce prince à publier un édit dans toutes les villes de l’Italie, ensuite
de l’Afrique. En vertu de ce règlement, on devait donner un secours immédiat et
suffisant à ceux qui produiraient devant le magistrat les enfants que leur
pauvreté ne le permettrait pas d’élever. Mais la promesse était trop
magnifique, et les moyens de la remplir, avaient été fixés d’une manière trop
vague, pour produire aucun avantage général ou permanent [1322] . La loi,
quoiqu’elle mérite quelques éloges, servit moins à soulager qu’à exposer la
misère publique. Elle demeure aujourd’hui comme un monument authentique pour
contredire et confondre des orateurs vendus, trop contents de leur propre
situation pour supposer que le vice et la misère pussent exister sous le
gouvernement d’un prince si généreux [1323] .
    II . Les lois de Constantin contre le rapt marquent
bien peu d’indulgence pour une des faiblesses les plus pardonnables de la
nature humaine, puisqu’elles regardaient comme ravisseur, et punissaient comme
tel tout homme qui enlevait de la maison de ses parents une fille âgée de moins
de vingt-cinq ans : soit qu’il eût employé la violence, ou que par une douce
séduction il l’eût déterminée à une fuite volontaire, le ravisseur était puni
de mort ; et si la mort simple ne se trouvait pas proportionnée à
l’énormité de son crime, il était ou brûlé vif ou déchiré en pièces par les
bêtes sauvages au milieu de l’amphithéâtre. Si la jeune fille déclarait avoir
été enlevée de son propre consentement, loin de sauver son amant par cet aveu,
elle s’exposait à partager son sort. Les parents de la fille infortunée ou
coupable étaient obligés de poursuivre en justice le ravisseur : si, cédant aux
mouvements de la nature, ils fermaient les yeux sur l’insulte et réparaient par
un mariage l’honneur de leur famille, ils étaient eux-mêmes condamnés à l’exil,
et leurs biens confisqués. Les esclaves de l’un ou de l’autre sexe, convaincus
d’avoir favorisé le rapt ou la séduction, étaient brûlés vifs, ou mis à mort
par un supplice plus raffiné, qui consistait a leur verser dans la bouche du
plomb fondu. Comme le crime était un crime public, l’accusation en était
permise même aux étrangers. Quel que fût le nombre des années écoulées depuis
le crime, l’accusation était toujours recevable, et les suites de la sentence
s’étendaient jusqu’aux fruits innocents de cette union irrégulière [1324] . Mais toutes
les fois que l’offense inspire moins d’horreur que la punition, la rigueur de
la loi pénale est forcée de céder aux mouvements naturels imprimés dans le cœur
de l’homme. Les articles les plus odieux de cet édit furent adoucis ou annulés
sous le règne suivant [1325] .
Constantin lui-même tempéra souvent, par des actes particuliers de clémence,
l’esprit cruel de ses institutions générales ; et telle était l’humeur
singulière de ce prince, qu’il se montrait aussi indulgent, aussi négligent
même dans l’exécution de ses lois, qu’il avait paru sévère et même cruel en les
publiant. Il serait difficile de découvrir un symptôme plus marqué de
faiblesse, soit dans le caractère du prince, soit dans la constitution du
gouvernement [1326] .
    L’administration civile frit quelquefois interrompue par des
expéditions militaires entreprises pour la défense de

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