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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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romaines permettaient le divorce, et les passions
violentés du tyran demandaient une prompte satisfaction. La réponse de Valérie
fut celle qui convenait à la fille et à la veuve d’un souverain. Elle. y mêla
seulement la prudence que sa malheureuse situation la forçait d’observer. Si
l’honneur , dit-elle aux personnes que Maximin avait employées auprès
d’elle, permettait à une femme de mon caractère de penser à un second
mariage, la décence me défendrait au moins d’écouter la proposition du prince
dans un temps où les cendres de mon mari, son bienfaiteur, ne sont pas encore
refroidies. Voyez ces vêtements lugubres ; ils expriment la douleur dans
laquelle mon âme est plongée. Mais quelle confiance , ajouta-t-elle avec
fermeté, puis-je avoir aux protestations d’un homme dont la cruelle
circonstance est capable de répudier une épouse tendre et fidèle [1310] ? A ce
refus, l’amour de Maximin se changea en fureur : comme il avait toujours à sa
disposition des témoins et des juges, il ne lui fat pas difficile de cacher son
ressentiment sous le voile d’une procédure légale, et d’attaquer la réputation
aussi bien que la tranquillité de Valérie. Les biens de cette malheureuse
princesse furent confisqués ; ses eunuques, ses domestiques, livrés aux
plus cruels supplices. Enfin, plusieurs vertueuses et respectables matrones,
qu’elle avait honorées de son amitié, souffrirent la mort sur une fausse
accusation d’adultère. L’impératrice elle-même et sa mère Prisca furent
condamnées à vivre en exil dans un village situé au milieu des déserts de la
Syrie. Traînées ignominieusement de ville en ville, elles exposèrent ainsi leur
honte et leur misère à ces mêmes provinces de l’Orient, qui, pendant trente ans
avaient respecté leur dignité auguste. Dioclétien fit plusieurs tentatives
inutiles pour adoucir le sort de sa fille ; il demandait que Valérie eût
la permission de venir partager sa retraite de Salone, et fermer les yeux d’un
père affligé [1311]  ; c’était , disait-il à Maximin, la seule grâce qu’il attendît d’un
prince auquel il avait donné la pourpre impériale . Dioclétien conjurait,
mais il ne pouvait plus menacer : ses prières furent reçues avec froideur et
avec, dédain. Le fier tyran paraissait prendre plaisir à traiter Dioclétien en
suppliant, et sa fille en criminelle. La mort de Maximin semblait annoncer aux
impératrices un changement favorable dans leur fortune. Les discordes civiles
relâchèrent la vigilance de leurs gardes ; elles trouvèrent moyen de s’échapper
du lieu de leur exil, et de se rendre, quoique avec précaution et déguisées, à
la cour de Licinius. La conduite de ce prince dans les premiers jours de son
règne, et la réception honorable qu’il fit au jeune Candidianus, inspirèrent à
Valérie une satisfaction sécrète : elle crut que désormais ses jours et ceux de
son fils adoptif ne seraient plus mêlés d’amertume. A ces espérances flatteuses
succédèrent bientôt la surprise et l’horreur ; et les exécutions qui
ensanglantèrent le palais de Nicomédie, apprirent à l’impératrice que le trône
de Maximin était occupé par un tyran encore plus barbare. Valérie pourvut à sa
sûreté par la fuite ; et, toujours accompagnée de sa mère Prisca, elle erra
pendant plus de quinze mois dans les provinces de l’empire [1312] , revêtues
toutes les deux de l’habillement le plus commun. Elles furent enfin découvertes
à Thessalonique ; et, comme la sentence de mort avait déjà été prononcée ;
elles eurent aussitôt la tête tranchée, et leurs corps furent jetés dans la
mer. Le peuple contemplait avec effroi et avec étonnement ce triste
spectacle ; mais la crainte qu’inspirait une garde nombreuse, étouffa sa
douleur, et son indignation. Telle fut la cruelle destinée de la femme et de la
fille de Dioclétien. Nous déplorons leurs infortunes ; nous ne pouvons
découvrir quels furent leurs crimes ; en quelque juste idée que l’on se forme
de la cruauté de Licinius, il paraît toujours surprenant qu’il ne se soit pas
contenté d’assurer sa vengeance d’une manière plus sécrète et plus décente [1313] .  
    L’univers romain se trouvait alors partagé entre Constantin
et Licinius [an 314]  ; le premier gouvernait l’Occident ;
l’autre donnait des lois aux provinces orientales. On devait peut-être espérer
que les vainqueurs, fatigués des guerres civiles et

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