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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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liés entre eux par des
traités et par l’alliance de leurs familles, renonceraient à tout projet
d’ambition, ou du moins qu’ils en suspendraient l’exécution ; cependant douze
mois s’étaient à peiné écoulés depuis la mort de Maximin, que les princes
victorieux tournèrent leurs armes l’un contre l’autre. Le génie, les succès,
l’esprit entreprenant de Constantin, semblent le désigner comme le premier
auteur de la rupture ; mais le caractère perfide de Licinius justifie les
soupçons les moins favorables. A la faible lueur que l’histoire jette sur cet
événement [1314] ,
on aperçoit une conspiration tramée par ses artifices contre l’autorité de son
collègue. Constantin venait de donner sa sœur Anastasie en mariage à Bassianus,
homme d’une grande fortune et d’une naissance illustre, et il avait élevé son
beau-frère au rang de César. Selon le système de gouvernement institué par
Dioclétien, l’Italie et peut-être l’Afrique devait former le département du
nouveau prince dans l’empire ; mais l’accomplissement de la promesse
souffrit tant de délais, ou fut accompagné de conditions si peu avantageuses,
que la fidélité de Bassianus fût plutôt ébranlée qu’affermie par la distinction
honorable qu’il avait obtenue. Licinius avait ratifié son élection. Ce prince
actif trouva bientôt, par ses émissaires, le moyen d’entretenir, une
correspondance secrète et dangereuse avec le nouveau César, d’irriter ses
mécontentements, et de le porter au projet téméraire d’arracher par la violence
ce qu’il attendait en vain de la justice de l’empereur. Mais le vigilant
Constantin découvrit le complot avant que toutes les mesures eussent été prises
pour l’exécuter. Aussitôt, renonçant solennellement à l’alliance de Bassianus,
il le dépouilla de la pourpre et lui infligea la peine que méritaient sa
trahison et son ingratitude. Lorsqu’on vint demander à Licinius la restitution
des criminels qui avaient cherché un asile dans ses États, son refus altier
confirma les soupçons que l’on avait déjà de sa perfidie ; et les indignités
commises à Æmone, sur les frontières de l’Italie, contre les statues de
Constantin, devinrent le signal de la discorde entre les deux princes [1315] .
    La première bataille se livra près de Cibalis (8 octobre
315) , ville de Pannonie, située sur la Save à cinquante milles au-dessus de
Sirmium [1316] .
Les forces peu considérables que ces deux puissants monarques avaient
rassemblées dans une occasion si importante, donnent lieu de croire que l’un
fut provoqué subitement, et l’autre surpris tout à coup.. Le souverain de
l’Orient n’avait que trente-cinq mille hommes ; vingt mille soldats
composaient toute l’armée de l’empereur d’Occident. L’infériorité du nombre
était compensée toutefois par l’avantage du terrain. Posté dans un défilé large
environ d’un demi mille, entre une colline escarpée et un marais profond,
Constantin attendait l’ennemi avec assurance et il repoussa son premier choc.
Habile à profiter de cet avantage, il descendit dans la plaine ; mais les
vétérans d’Illyrie se rallièrent sous les étendards d’un chef qui avait appris
le métier des armes à l’école de Probus et de Dioclétien. Des deux côtés les
armes de trait furent bientôt épuisées ; les armées rivales, animées d’un
même courage, s’élancèrent avec impétuosité l’une contre l’autre, et se
battirent à coups de lances et d’épées. Le combat était demeuré incertain
depuis la pointe du jour jusqu’aux approches de la nuit, lorsque l’aile droite,
que Constantin commandait en personne, détermina la victoire par une attaque
vigoureuse. Une sage retraite sauva le reste des troupes de Licinius. Mais dès
que ce prince eut reconnu sa perte, qui se montait à plus de vingt mille
hommes, il ne se crut pas en sûreté pendant la nuit devant un adversaire actif
et victorieux : abandonnant son camp et ses magasins, il marcha
secrètement et avec diligence à la tête de la plus grande partie de sa
cavalerie ; et il se trouva bientôt hors de tout danger. Sa célérité fut
le salut de sa femme, de son fils et de ses trésors qu’il avait laissés dans
Sirmium. Licinius traversa cette ville ; et, après avoir rompu le pont sur
la Save, il se hâta de lever une nouvelle armée dans la Dacie et en
Thrace : tandis qu’il fuyait il accorda le titre précaire de César

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