Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain
à
Valens, un de ses généraux, qui commandait sur la frontière d’Illyrie [1317] .
La plaine de Mardie, dans la Thrace, fut le théâtre d’une
seconde bataille aussi opiniâtre et non moins sanglante que la
première. Les troupes des deux partis déployèrent une valeur et une discipline
égales ; la victoire fut encore une fois fixée par l’habileté supérieure
de Constantin. Ce prince avait envoyé un corps de cinq mille hommes s’emparer
d’une hauteur avantageuse, d’où pendant la chaleur de l’action, ils tombèrent
sur l’arrière-garde de l’ennemi et en firent un grand carnage.
Cependant les légions de Licinius, présentant un double
front, conservèrent toujours le terrain, jusqu’à ce que la nuit mit fin au
combat ; et favorisa leur retraite vers les montagnes de la Macédoine [1318] . La perte de
deux batailles et de ses plus braves vétérans força l’esprit altier de Licinius
à demander la paix. Mistrianus, son ambassadeur, admis à l’audience de
Constantin, s’étendit sur ces maximes générales de modération et d’humanité, si
familières à l’éloquence des vaincus. Il représenta, dans les termes les plus
insinuants, que l’événement de la guerre était encore douteux, et que ses
calamités inévitables entraîneraient la ruine des deux partis, et finit en
disant qu’il était autorisé par les deux empereurs ses maîtres, à
proposer une paix solide et honorable. Ce fut avec mépris et indignation que
Constantin l’entendit faire mention de Valens. Nous ne sommes pas venus ,
répliqua-t-il fièrement, des bords de l’Océan occidental, nous n’avons pas
parcouru d’immenses contrées en livrant tant de combats, en remportant un si
grand nombre de victoires, pour couronner un vil esclave ; après avoir
puni un parent ingrat. L’abdication de Valens est le premier article du traité [1319] . La nécessité
contraignit à accepter une condition humiliante. Après un règne de quelques
jours, le malheureux Valens perdit la pourpre et la vie. Dès que cet obstacle
eut été levé, la tranquillité de l’univers romain fut bientôt rétablie. Si les
défaites successives de Licinius avaient épuisé ses forces, elles avaient
développé son courage et ses talents. Sa situation était presque désespérée ;
mais les efforts du désespoir sont souvent formidables. La prudence de
Constantin préférait un avantage considérable et certain au hasard douteux
d’une troisième bataille. Il consentit à laisser son rival, ou comme il
appelait de nouveau Licinius, son ami et son frère, en possession de la Thrace,
de l’Asie-Mineure, de la Syrie et de l’Égypte. Mais les provinces de la Pannonie,
de la Dalmatie, de la Dacie, de la Macédoine et de la Grèce, usent cédées à
l’empereur d’Occident ; et les États de Constantin s’étendirent depuis les
confins de la Calédonie jusqu’à l’extrémité du Péloponnèse. Il fut stipulé par
le même traité, que trois jeunes princes, fils des empereurs, seraient désignés
successeurs de leurs pères. Crispus et le jeune Constantin furent bientôt après
déclarés Césars en Occident Dans l’Orient, le jeune Licinius parvint à la même
dignité. Par cette double portion d’honneurs, réunie dans sa famille, le
vainqueur constatait la supériorité de ses armes et de sa puissance [1320] .
La réconciliation de Constantin et de Licinius, quoique
envenimée par le ressentiment et par la jalousie, par le souvenir des injures
récentes et par l’appréhension de nouveaux dangers, maintint cependant durant
plus de huit années, la tranquillité de l’univers romain. Comme vers cette
époque commence une suite très régulière des lois impériales, il ne serait pas
difficile de rapporter les règlements civils qui employèrent le loisir de
Constantin. Mais ses institutions les plus importantes se trouvent étroitement
liées au nouveau système de politique et de religion, qui ne fut parfaitement
établi que dans les derniers temps et dans les années paisibles de son règne.
Plusieurs de ses lois en tant qu’elles concernent les droits et les propriétés
des individus et la pratique du barreau, se rapportent plutôt à la
jurisprudence particulière qu’à l’administration publique de l’empire, et il
publia un grand nombre d’édits, dont la nature tient tellement aux lieux et aux
circonstances, qu’ils ne sont pas dignes de trouver place dans une histoire
générale. On
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