Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
Vom Netzwerk:
et de clergé, qui avait été inconnue
aux Grecs et aux Romains [1480] .
Sous le premier de ces noms, on comprenait le corps du peuple chrétien ;
le second, selon la signification du mot, désignait la portion choisie, qui,
séparée de la multitude, se consacrait au service de la religion : classe
d’hommes à jamais célèbre, qui a fourni les sujets les plus importants à
l’histoire moderne, quoiqu’ils n’en soient pas toujours les plus édifiants.
Leurs hostilités réciproques troublèrent plus d’une fois la paix de l’Église
dans son enfance ; mais leur zèle et leur activité se réunissaient pour la
cause commune ; et l’amour du pouvoir qui, sous les déguisements les plus
trompeurs, se glissait dans le sein des prélats et des martyrs, les animait du
désir d’augmenter le nombre de leurs sujets ; et d’agrandir les bornes de
l’empire chrétien. Dépourvus de toute force temporelle, pendant longtemps ils
furent découragés et opprimés, plutôt que soutenus par le magistrat civil ;
mais ils avaient déjà acquis, et employaient dans leur propre société, les deux
plus puissants ressorts du gouvernement, les récompenses et les punitions : la
pieuse libéralité des fidèles fournissait le premier ; on tirait l’autre
de leurs appréhensions religieuses.
    I . La communauté des biens qui avait séduit
l’imagination de Platon [1481] ,
et qui subsistait en quelque sorte dans la secte austère des esséniens [1482] , fut adoptée
durant quelque temps par la primitive Église. La ferveur des premiers
prosélytes les porta d’abord à vendre ces possessions mondaines qu’ils
méprisaient, à en venir déposer le prix aux pieds des apôtres et à se contenter
d’une part égale dans la distribution commune [1483] . Les progrès du
christianisme relâchèrent, et abolirent par degrés une institution généreuse
qui, entre des mains moins pures que celles des apôtres, aurait été bientôt
corrompue, et exposée aux abus que pouvait amener le retour de cet intérêt
personnel inhérent au cœur de l’homme. On permit aux nouveaux convertis de
garder leur patrimoine, de recevoir les legs et les héritages, et d’augmenter
leurs biens particuliers par toutes les voies, légitimes du commerce et de
l’industrie. Au lieu d’un sacrifice absolu, les ministres de l’Évangile acceptèrent
un tribut modéré ; et dans les assemblées qui se tenaient toutes les semaines,
ou tous les mois, chaque fidèle, selon les besoins du moment, et selon la
mesure de ses richesses et de sa piété remettait volontairement son offrande
dans le trésor de la  congrégation [1484] .
On ne refusait aucun présent que peu considérable qu’il fût ; mais on
enseignait avec soin que dans l’article des dixmes, la loi de Moïse n’avait pas
cessé d’être d’obligation divine et que, puisque sous une discipline moins
parfaite les Juifs avaient reçu ordre de donner la dixième partie de tout ce
qu’ils possédaient, il convenait aux disciples de Jésus-Christ de se distinguer
par une plus grande libéralité [1485] ,
et d’acquérir quelque mérite en se détachant des trésors superflus qui devaient
bientôt périr avec le monde lui-même [1486] .
Il n’est pas nécessaire de remarquer que le revenu incertain et si peu assuré
de chaque Église particulière devait varier en raison de la pauvreté ou de
l’opulence des fidèles, selon qu’ils étaient dispersés dans d’obscurs villages,
ou rassemblés dans les grandes villes de l’empire. Du temps de l’empereur Dèce,
l’opinion des magistrats était que les chrétiens de Rome possédaient des
richesses considérables ; que dans leur culte religieux ils se servaient
de vases d’or et d’argent, et, que plusieurs de leurs prosélytes avaient vendu
leurs terres et leurs maisons pour augmenter les fonds publics de la société,
aux dépends, à la vérité, de leurs malheureux qui se trouvaient réduits à la
mendicité, parce que leurs pères avaient été des saints [1487] . En général, il
faut se méfier des soupçons formés par des étrangers et par des ennemis :
ici cependant ils sont colorés de preuves spécieuses et probables ; et ils
semblent justifiés par les deux faits suivants, qui seuls, de tous ceux dont
nous avons connaissance, parlent de sommes précises, ou peuvent nous donner des
idées distinctes. Sous le régné de l’empereur Dèce, l’évêque de Carthage, dès
sa première invitation aux fidèles pour les

Weitere Kostenlose Bücher