Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
Vom Netzwerk:
énormes, et surtout pour les
rechutes inexcusables de ces pénitents, qui, ayant déjà éprouvé la clémence de
leurs supérieurs ecclésiastiques, en avaient abusé. Les évêques, maîtres
absolus de la discipline chrétienne, l’exerçait diversement,  selon les
circonstances du crime ou selon le nombre des coupables. Les conciles d’Ancyre
et d’Elvire furent tenus à peu prés dans le même temps, le premier en Galatie,
l’autre en Espagne ; mais l’esprit de leurs canons respectifs, qui existent
encore aujourd’hui semble bien différent. Le Galate qui, après son baptême,
avait plus d’une fois sacrifié aux idoles, obtenait son pardon par une
pénitence de sept ans; et s’il avait séduit quelques-uns de ses frères, on
ajoutait seulement trois années de plus au terme de son exil. Le malheureux
Espagnol au contraire, qui avait commis la même offense ne pouvait espérer de
réconciliation, même à l’article de la mort. Son idolâtrie se trouve placée à
la tête  d’une liste de dix-sept autres crimes, contre lesquels est prononcée
une sentence non moins terrible la calomnie envers un évêque ; un prêtre
ou même un diacre, était au nombre de ceux que rien ne pouvait expier [1501] .
    Un mélange heureux de clémence et de rigueur, une sage
dispensation de punitions et de récompenses, conforme aux maximes de la
politique, aussi bien que de la justice,  constituaient la force de l’Église
sur la terre. Les évêques, dont le soin paternel s’étendait sur le gouvernement
des deux mondes, sentaient l’importance de ces prérogatives ; ils
prétendaient n’être animés que du désir d’entretenir l’ordre et la paix ;
et, cachant leur ambition sous ce noble prétexte, ils souffraient avec peine
qu’un rival partageât l’exercice d’une discipline si nécessaire pour prévenir
la désertion des troupes qui s’étaient enrôlées sous la bannière de la croix,
et dont le nombre devenait de jour en jour plus considérable. Les déclamations
impérieuses de saint Cyprien nous porteraient naturellement à supposer que la
doctrine de l’excommunication et de la pénitence formait la partie la plus
essentielle de la religion, et que les disciples de Jésus-Christ, couraient
moins de dangers en négligeant d’observer les devoirs de la morale, que s’ils
eussent méprisé les censures et l’autorité de leurs évêques. Tantôt nous
imaginerions entendre la voix de Moïse, lorsqu’il commandait à la terre de
s’ouvrir et d’engloutir dans des flammes dévorantes la race impie qui résistait
au sacerdoce d’Aaron ; tantôt nous croirions voir un consul romain soutenant la
majesté de la république, et déclarant sa résolution inflexible de faire
exécuter les lois, dans toute leur rigueur. Si l’on souffre, impunément de
pareilles irrégularités (c’est ainsi que l’évêque de Carthage blâme la
douceur de son collègue), c’en est fait de la vigueur épiscopale [1502]   ; c’en
est tait de la puissance sublime et divine qui gouverne l’Église ; c’en
est fait même du christianisme . Saint Cyprien avait renoncé à ces honneurs
temporels que probablement il n’aurait jamais obtenus [1503]  ; mais,
l’acquisition d’une autorité si absolue sur les consciences et sur les esprits
d’une congrégation, tout obscure, toute méprisable qu’elle parait aux yeux du
monde, satisfait plus véritablement l’orgueil du coeur humain que sa possession
du pouvoir le plus despotique auquel la force des armes et le droit de conquête
obligent un peuple à se soumettre.
    Dans le cours de cet examen important, quoique peut-être
d’une nature peu attrayante, j’ai essayé de développer les causes secondes qui
ont si efficacement aidé à la vérité de la religion chrétienne. Si parmi ces
causes nous avons aperçu quelques ornements artificiels, quelques circonstances
étrangères, ou quelque mélange d’erreur et de passion, il n’est pas étonnant
que les hommes aient été si vivement affectés par des motifs conformes à leur
nature imparfaite. Un zèle exclusif, l’attente immédiate d’un autre monde, le
doit prétendu des miracles, la pratique d’une vertu rigide, et la constitution
de la primitive Église, telles sont les causes qui ont assuré les succès du
christianisme dans l’empire romain. Les chrétiens durent à la première cette
valeur invincible qui dédaignait de capituler avec l’ennemi dont ils avaient
juré la perte. Les trois

Weitere Kostenlose Bücher