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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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plus éloignés de ces petits États entretinssent par lettres et par députés
un commerce mutuel qui servait à cimenter leur union, les différentes parties
du monde chrétien ne reconnaissaient point encore d’autorité suprême, ni
d’assemblée législative. A mesure que le nombre des fidèles augmenta, ils
s’aperçurent combien il leur serait avantageux de lier plus étroitement leurs
intérêts et leurs desseins. Vers la fin du second siècle, les Églises de la
Grèce et de l’Asie adoptèrent l’institution utile des synodes provinciaux [1467] , et l’on peut
supposer qu’en formant un conseil représentatif, ils prirent pour modèle les
établissements célèbres de leur pays, les amphictyons, la ligue achéenne, ou
les assemblées des villes de l’Ionie. Les évêques des Églises indépendantes
avaient coutume, et furent bientôt obligés par une loi, de se rendre dans la
capitale de la province aux époques fixées du printemps et de l’automne [1468] . Ils prenaient
dans leurs délibérations l’avis d’un petit nombre de prêtres distingués et se
trouvaient contenus par la présence de la multitude qui les écoutait. Leurs
décrets, qui furent appelés canons, réglaient tous les points importants de la
foi et de la discipline ; on devait naturellement imaginer que le
Saint-Esprit verserait ses dons en abondance sur l’assemblée réunie des
représentants du peuple chrétien. L’institution des synodes convenait si bien à
l’ambition particulière, et à l’intérêt public, qu’en peu d’années elle fut
reçue dans tout l’empire. Les conciles provinciaux, par le moyen d’une
correspondance régulière, se communiquaient et approuvaient mutuellement leurs
actes respectifs. L’Église catholique prit bientôt la forme et acquît toute la
force d’une grande république confédérée [1469] .
    Comme l’usage des conciles abolit insensiblement l’autorité
législative des Églises particulières, les évêques, par leurs liaisons,
obtinrent une portion plus considérable de puissance exécutive et arbitraire.
Réunis entre eux par leurs intérêts communs, ils furent en état d’attaquer avec
vigueur les droits originaires de leur clergé et de leur peuple. Les prélats du
troisième siècle changèrent imperceptiblement le langage de l’exhortation en
celui du commandement ; ils jetèrent les semences de leurs usurpations
futures, et suppléèrent au défaut de la force et de la raison par des
allégories tirées de l’Écriture sainte, et par des déclamations de rhéteurs.
Ils exaltèrent l’unité et le pouvoir de l’Église, tels qu’ils étaient
représentés dans l’ office épiscopal dont chaque évêque possédait une
portion égale et indivisible [1470] .
Les princes et les magistrats, répétait-on souvent, pouvaient s’enorgueillir de
leurs droits à une domination terrestre et passagère ; l’autorité épiscopale
est seule dérivée de Dieu ; elle s’étend sur ce monde et sur l’autre. Les
évêques sont les vice-gérants de Jésus-Christ, les successeurs des apôtres, et
les substituts mystiques du grand prêtre de la loi mosaïque. Leur privilège
exclusif de conférer les ordres sacerdotaux ôta la liberté des élections au
clergé et au peuple, à qui elles appartenaient ; et si dans
l’administration de l’Église ils suivaient quelquefois l’avis des prêtres ou le
désir des fidèles, ils avaient le plus grand soin de se faire un mérite de
cette condescendance volontaire. Les évêques reconnaissaient l’autorité suprême
qui résidait dans l’assemblée de leurs frères ; mais chacun d’eux, dans le
gouvernement de son diocèse particulier, exigeait de son troupeau une
obéissance aussi implicite que si cette métaphore tant employée avait été
littéralement juste, et que le berger eût été d’une espèce supérieure à
celle de ses brebis [1471]  !
Une pareille autorité cependant ne s’établit point sans quelques efforts d’un
côté, et de l’autre sans quelque résistance. En plusieurs endroits, le bas
clergé, animé par le zèle ou par l’intérêt, soutint avec chaleur la
constitution démocratique ; mais son patriotisme reçut les dénominations
odieuses de faction et de schisme, et l’autorité épiscopale acquit de rapides
accroissements par les travaux de plusieurs prélats actifs; qui, semblables à
saint Cyprien de Carthage, savaient concilier les artifices de l’homme d’État
le plus ambitieux,

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