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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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à connaître l’avenir, leur penchant invincible à étendre leurs
espérances et leurs craintes bien au-delà des bornes du monde visible, furent
les principales causes qui favorisèrent l’établissement du polythéisme. La
nécessité de croire presse si fortement le vulgaire qu’à la chute d’un système
de mythologie on verra probablement s’élever quelque autre superstition. Des
divinités, formées sur un modèle plus nouveau plus conforme au goût du siècle,
auraient peut-être bientôt occupé les temples abandonnés d’Apollon et de
Jupiter, si, dans ce moment décisif la sagesse de la Providence n’eut envoyé
sur la terre une révélation pure et sainte, propre à inspirer l’estime et la
conviction la plus raisonnable,  et orné en même temps de tout ce qui pouvait
exciter la curiosité, l’étonnement et la vénération des peuples. Dans la
disposition où ils se trouvaient alors dégagés presque entièrement de leurs
préjugés artificiels, mais également susceptibles et avides d’un attachement
religieux, un objet bien moins digne de leur culte aurait suffi pour remplir le
vide de leur cœur et pour satisfaire l’ardeur inquiète de leurs passions. Si
l’on veut suivre cette réflexion dans toute son étendue, loin de s’étonner des
progrès rapides du christianisme, on sera peut-être surpris que ces succès
n’aient pas encore été plus rapides et plus universels.
    On a observé, avec vérité et avec justesse, que les
conquêtes de Rome préparèrent et facilitèrent celles du christianisme. Dans le
second chapitre de cet ouvrage, nous avons essayé d’expliquer comment les
nations les plus civilisées de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique, furent
réunies sous la domination d’un même souverain, et se trouvèrent insensiblement
liées entre elles par les rapports les plus intimes des lois, des mœurs et du
langage. Les Juifs de la Palestine, qui avaient attendu avec une ferme
confiance un libérateur temporel, parurent si insensibles aux miracles d’un
divin prophète [1506] ,
que l’on ne crut pas nécessaire de publier, ou du moins de conserver aucun
évangile hébreu [1507] .
Les histoires authentiques de la vie et des actions de Jésus-Christ furent
composées en grec, à une distance considérable de Jérusalem, et après que le
nombre des païens convertis eut été extrêmement multiplié [1508] . Dès que ces
histoires eurent été traduites en latin elles furent à la portée de tous les
sujets de Rome ; excepté seulement des paysans de la Syrie et de l’Égypte,
en faveur desquels on fit dans la suite des, versions particulières. Les grands
chemins qui avaient été construits pour l’usage des légions, ouvraient aux missionnaires
de l’Évangile une route facile depuis Damas jusqu’à Corinthe, depuis les
confins de l’Italie jusqu aux extrémités de l’Espagne et de la Bretagne ;
et ces conquérants spirituels ne rencontrèrent aucun des obstacles qui
retardent ordinairement ou qui empêchent l’introduction d’une religion
étrangère dans un pays éloigné. Tout nous porte à croire que la foi avait été
prêchée dans toutes les provinces et dans toutes les grandes villes de
l’empire, avant les règnes de Dioclétien et de Constantin. Mais l’établissement
des différentes congrégations, le nombre des fidèles qui les composaient, et
les proportions avec la multitude des idolâtrés, sont maintenant ensevelis dans
l’obscurité ou déguisés par la fiction et par la déclamation. Nous allons
cependant rassembler les notions incomplètes qui nous sont parvenues touchant
l’accroissement du nom chrétien en Asie et dans la Grèce, en Égypte, en Italie
et dans l’Occident ; nous les rapporterons sans négliger les acquisitions
réelles ou imaginaires de la foi au-delà des limites, de l’empire romain.
    Les riches provinces qui s’étendent de l’Euphrate, à la mer
d’Ionie furent le principal théâtre sur lequel l’apôtre des gentils déploya son
zèle et sa piété. Les semences de l’Évangile, qu’il avait jetées dans un sol
fertile, furent cultivées avec soin par ses disciples ; et il parait que,
durant les deux premiers siècles, ces contrées étaient celles qui renfermaient
le corps le plus considérable de chrétiens. Parmi les sociétés établies en
Syrie, il n’en existait pas de plus ancienne ni de plus illustre, que celle de
Damas, de Bœrée ou Alep, et d’Antioche. L’introduction prophétique

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