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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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de
l’Apocalypse a décrit et immortalisé les sept Églises de l’Asie, Ephèse,
Smyrne, Pergame, Thyatire [1509] ,
Sardes, Laodicée et Philadelphie ; leurs colonies se répandirent bientôt
dans ce pays si peuplé. Dès les premiers temps, les îles de Crête et de Chypre,
les provinces de Thrace et de Macédoine, avaient favorablement accueilli la
nouvelle religion ; bientôt les villes de Corinthe, de Sparte et d’Athènes [1510] , virent
s’élever dans leur sein des républiques chrétiennes. Comme la fondation des
Églises grecques et asiatiques remonte à une époque très reculée, elles eurent
tout le temps nécessaire pour leur accroissement et pour leur
multiplication ; et même les essaims de gnostiques et d’autres hérétiques
qui en sortirent, servent à montrer l’état florissant de l’Église orthodoxe, 
puisque la dénomination d’hérétique à toujours  été appliquée au parti le
moins  nombreux. A ces témoignages rendus par les fidèles, nous pouvons ajouter
l’aveu, les plaintes et les alarmes des gentils eux-mêmes. Lucien, écrivain
philosophe qui avait étudié les hommes, et qui a peint leurs mœurs avec les
couleurs les plus vives, nous apprend que le Pont, son pays natal, était rempli,
sous le règne de Commode, d’épicuriens et de chrétiens [1511] . Quatre-vingts
ans après la mort de Jésus-Christ [1512] ,
l’humanité de Pline le porte à déplorer la grandeur du mal qu’il s’est en vain
efforcé de déraciner. Dans cette lettre curieuse, adressée à l’empereur Trajan,
il assure que les temples sont presque déserts, que les victimes sacrées
trouvent à peine des acheteurs, et que la superstition a non seulement infecté
les villes, mais qu’elle s’est aussi répandue dans les villages et dans les
campagnes du Pont et de la Bithynie [1513] .
    Sans vouloir peser avec une exactitude scrupuleuse les
expressions et les motifs des écrivains qui ont célébré ou déploré les progrès
du christianisme en Orient, tous observerons en général que l’on ne trouve rien
dans leurs ouvrages qui puisse  nous donner une idée juste du véritable nombre
des fidèles de ces provinces. Cependant il nous est heureusement parvenu une
circonstance qui semble jeter un plus grand jour sur ce sujet obscur, mais
intéressant. Sous le règne de Théodose, après que le christianisme eut brillé
pendant plus de soixante ans, de l’éclat de la faveur impériale, l’ancienne et
illustre Église d’Antioche consistait en cent mille habitants, dont trois mille
étaient soutenus par les offrandes publiques [1514] . La splendeur
et la dignité de la reine de l’Orient ; la population connue de Césarée, de
Séleucie et d’Alexandrie, et la perte de deux cent cinquante mille personnes
qui périrent dans le tremblement de terre dont Antioche fut affligée du temps
de Justin l’ancien [1515] ,
sont autant de preuves convaincantes que cette dernière ville renfermait au
moins cinq cent mille habitants, et que les chrétiens, quoique extrêmement
multipliés par l’autorité et par le zèle, n’en formaient pas plus de la
cinquième partie. Combien la proportion sera-t-elle différente, si l’on compare
l’Église persécutée avec l’Église triomphante, l’Occident avec l’Orient, des
villages  obscurs avec des villes populeuses, et des contrées nouvellement
converties, avec le lieu où les fidèles ont reçu pour la première fois le nom
de chrétien ! Cependant, il ne faut pas le dissimuler, saint Chrysostome,
à qui nous devons la connaissance d’un fait si précieux, avance dans un autre
passage, que la multitude des fidèles surpassait même le nombre des Juifs et des
païens [1516] .
Mais la solution de cette difficulté apparente est facile et se présente
naturellement : l’éloquent prédicateur met en parallèle la constitution civile
et ecclésiastique d’Antioche, il oppose aux chrétiens qui ont acquis le ciel
par le baptême, les citoyens qui avaient le droit de partager à libéralité
publique : la première liste comprenait  les esclaves, les étrangers et les
enfants ; ils étaient exclus de la seconde.
    Le commerce étendu d’Alexandrie et sa situation près de la
Palestine facilitèrent l’introduction du christianisme dans cette ville ; la
nouvelle religion fût d’abord embrassée par un grand nombre de thérapeutes ou
esséniens du lac Maréotis, secte juive qui avait perdu beaucoup de son respect
pour les cérémonies mosaïques. La

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