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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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suivantes fournirent à leur valeur les armes les plus
formidables. La dernière enfin affermit leur courage par l’union, dirigea leurs
armés, et donna à leurs efforts cette impétuosité irrésistible, qui a souvent
rendu une petite bande de volontaires intrépides et bien disciplinés
victorieuse d’une multitude confuse et indifférente sur l’événement d’une
guerre dont elle ignore le sujet. Dans les différentes religions du
polythéisme, quelques fanatiques errants de l’Égypte et de la Syrie, occupés à
surprendre la superstition crédule de la populace, formaient peut-être le seul
ordre de prêtres [1504] qui tirassent toute leur existence, toute leur considération de l’état
sacerdotal, et qui fussent sensiblement touchés d’un intérêt personnel pour la
sûreté ou pour la prospérité de leurs divinités tutélaires. Les ministres du
polythéisme à Rome et dans les principales provinces étaient pour la plupart
des citoyens d’une naissance illustre et d’une fortune honnête ; ils
acceptaient, comme une distinction honorable, l’office de grand-prêtre dans un
temple célèbre ou dans quelque sacrifice public. Souvent ils solennisaient les
jeux sacrés [1505] à leurs propres dépens, et ils célébraient avec une froide indifférence les
anciennes cérémonies, selon les lois et la coutume de leur patrie. Comme ils
étaient livrés aux occupations ordinaires de la vie, il arrivait rarement que
l’esprit ecclésiastique ou un sentiment d’intérêt animât leur zèle et leur
dévotion. Bornés à leurs villes et à leurs temples respectifs, ils n’avaient
entre eux aucun rapport de gouvernement ou de discipline ; et ces magistrats
civils, en reconnaissant la juridiction suprême du sénat, du collège des
pontifes et de l’empereur, se contentaient de la tâche facile qui leur avait
été imposée de soutenir en paix et avec dignité le culte établi dans l’État.
Nous avons déjà remarqué combien les sentiments religieux  du polythéiste
étaient variés, vagues et incertains ; ils étaient abandonnés presque sans réserve
aux opérations naturelles de son imagination superstitieuse. Les circonstances
particulières de sa situation ou de sa vie déterminaient l’objet aussi bien que
le degré de sa dévotion ; et, lorsqu’il prostituait ainsi son encens à une
foule innombrable de dieux, il ne pouvait guère être susceptible d’une passion
bien vive ou bien sincère pour quelqu’une de ces divinités.
    Lorsque le christianisme parut sur la terre, ces impressions
faibles et imparfaites avaient même déjà perdu une partie de leur ancien pouvoir.
La raison humaine qui, abandonnée sans secours à sa propre force, est incapable
de concevoir les mystères de la foi, avait déjà remporté une victoire facile
sur les folies du paganisme. Quand Tertullien et Lactance voulurent en
démontrer  l’extravagance ou la fausseté, ils furent obligés d’emprunter
l’éloquence de Cicéron ou la plaisanterie de Lucien. La contagion du
scepticisme répandu dans ses écrits s’était étendue ben au-delà du cercle de
leurs lecteurs. L’incrédulité avait gagné la plus grande partie de la société,
depuis le philosophe jusqu’à l’homme livré au plaisirs ou aux affaires ;
depuis le noble jusqu’au plébéien ; depuis le maître jusqu’à l’esclave
domestique qui servait à sa table, et qui écoutait avec plaisir la libre conversation
des convives. En public, tous ces philosophes affectaient de traiter avec
vénération et avec décence les institutions religieuses de leur patrie ;
mais  leur mépris intérieur perçait à travers le voile léger dont ils savaient
à peine se couvrir. Le peuple même, lorsqu’il voyait ses divinités rejetées et
tournées en ridicule par ceux dont il avait coutume de respecter le rang et les
talents, se formait des doutes et des soupçons sur la vérité de la doctrine
qu’il avait adaptée avec la foi la plus implicite. La destruction des anciens
préjugés laissait une portion très nombreuse du genre  humain dans une
situation pénible et accablante. Un état de scepticisme et d’incertitude peut
amuser quelques esprits curieux et réfléchis ; mais la pratique de la
superstition est si naturelle à la multitude que, le charme rompu, elle
regrette toujours la perte d’une illusion agréable. L’amour que les hommes ont
généralement pour le merveilleux et pour les choses surnaturelles, la curiosité
qui les porte

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