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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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confiance modeste le privilège d’un citoyen, il
refusa de répondre à quelques questions captieuses et même illégales, que lui
avait adressées le proconsul. Saint Cyprien fut condamné au bannissement comme
coupable de désobéissance. On le mena sans délai à Curubis, ville libre et
maritime de la Zeugitane, agréablement située dans un terrain fertile, et à
quarante milles environ de Carthage [1648] .
L’évêque exilé y jouissait de toutes les commodités de la vie et de la
conscience de sa vertu. Sa réputation était répandue en Afrique et en Italie.
On publia une relation de sa conduite pour, l’édification du monde chrétien [1649] , et sa solitude
fut souvent interrompue par les lettres, les visites et les félicitations des
fidèles. A l’arrivée d’un nouveau proconsul dans la province, la fortune parut,
pendant quelque temps, encore plus favorable à saint Cyprien : il fût
rappelé de l’exil ; et quoiqu’on ne lui permît pas d’abord de retourner à
Carthage, les jardins qu’il possédait aux environs de cette capitale lui furent
assignés pour le lieu de sa résidence [1650] .
    Enfin, précisément une année [1651] après que saint
Cyprien avait comparu pour la première fois devant le magistrat, Galère Maxime,
proconsul d’Afrique reçut l’ordonnance impériale pour procéder à l’exécution de
ceux qui prêchaient la religion chrétienne. L’évêque de Carthage savait qu’il
serait immolé des premiers, et la faiblesse de la nature humaine le porta à se
dérober, par une fuite secrète, au danger et à l’honneur du martyre [1652]  ; mais,
rappelant bientôt la fermeté qui convenait à son caractère, il retourna dans
ses jardins, où il attendit patiemment les ministres de la mort. Deux officiers
de marque qui avaient été chargés de cette commission placèrent, saint Cyprien,
au milieu d’eux sur un char et comme le proconsul avait alors d’autres occupations,
ils le conduisirent, non en prison, mais dans une maison particulière de
Carthage qui appartenait à l’un d’entre eux. On servit un repas élégant à
l’évêque ; et ses amis eurent la permission de jouir encore une fois de sa
société, tandis que les rues étaient remplies d’une multitude de chrétiens
inquiets et alarmés du sort prochain de leur père spirituel [1653] . Le matin, il
parut devant le tribunal du proconsul, qui, après s’être informé du nom et de
la situation de saint Cyprien, lui ordonna de sacrifier aux dieux et l’avertit
de réfléchir sur les suites de sa désobéissance. Le refus de saint Cyprien fut
ferme et décisif ; et le magistrat, lorsqu’il eût pris l’avis de son
conseil, prononça, quoique avec quelque répugnance la sentence de mort : elle portait que Thascius Cyprianus serait immédiatement décapité, comme l’ennemi des
dieux de Rome et comme chef d’une association criminelle ; qu’il avait
entraîné dans une résistance sacrilège aux lois des très sacrés empereurs
Valérien et Gallien [1654] .
Le genre de son supplice était le plus doux et le moins douloureux que l’on pût
infliger à un homme convaincu d’un crime capital ; et l’on n’employa point
la torture pour forcer l’évêque de Carthage à renoncer à ses principes ou à
découvrir ses complices.
    Dès que la sentence eut été proclamée, les chrétiens, qui
s’étaient assemblés en foule devant les portes du palais, s’écrièrent tous : Nous
mourrons avec lui . Les effusions généreuses de leur zèle et de leur
affection furent sans utilité pour saint Cyprien, et sans inconvénient pour
eux-mêmes. Il fut mené sans résistance, sans insulte, sous une escorte de
tribuns et de centurions, dans une plaine vaste et unie, située près de la
ville et qui était déjà remplie d’un grand nombre de spectateurs. On avait
permis aux diacres et aux prêtres d’accompagner leur saint évêque [1655]  ; ils lui
aidèrent à défaire le haut de sa robe, et ils étendirent des linges sur la
terre pour recevoir les gouttes précieuses de son sang. Le martyr, après leur
avoir commandé de donner au bourreau vingt-cinq pièces d’or, se couvrit le
visage avec ses mains, et d’un seul coup la tête fût séparée.
    Son corps resta durant quelques heures exposé à la curiosité
des gentils ; mais on l’enleva pendant la nuit, et une procession pompeusement
éclairée le porta, comme en triomphe, au cimetière des chrétiens. Les
funérailles de saint Cyprien furent

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