Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
Vom Netzwerk:
zèle et 
d’enthousiasme, il eut toujours un respect d’habitude pour les anciennes
divinités de l’empire. Mais le loisir dont jouissaient les deux impératrices,
Prisca sa femme, et sa fille Valérie, leur permit de recevoir avec plus
d’attention et de déférence les vérités du christianisme, auquel, dans tous les
siècles, la dévotion des femmes à rendu des services si importants [1704] . Les principaux
eunuques, Lucien [1705] et Dorothée, Gorgonius et André, qui, accompagnant la personne de Dioclétien,
possédaient sa faveur et gouvernaient sa maison, protégèrent, par leur
influence puissante, la foi qu’ils avaient embrassée. Leur exemple fut imité
par un grand nombre des officiers les plus considérables du palais, chargés,
chacun selon son emploi, du soin dies ornements, des habits, des bijoux, des
meubles et même du trésor particulier ; et, quoiqu’ils fussent quelquefois
obligés de suivre l’empereur lorsqu’il allait sacrifier dans le temple [1706] , ils jouissaient,
avec leurs femmes, leurs enfants et leurs esclaves, du libre exercice de la
religion chrétienne. Une horreur avouée pour le culte des dieux n’était même
pas un obstacle capable d’empêcher Dioclétien et ses collègues de conférer des
emplois importants aux hommes que leurs talents pouvaient rendre utiles à
l’État. Les évêques tenaient un rang considérable dans les provinces où  ils
étaient placés. Le peuple et les magistrats eux-mêmes, les traitaient avec
distinction et avec respect. Presque dans aucune ville les anciennes églises ne
pouvaient plus suffire à contenir la multitude des prosélytes, dont le nombre
se multipliait tous les jours. On érigea des édifices plus magnifiques, et plus
vastes pour célébrer le culte public des fidèles. La corruption des mœurs et
des principes, dont Eusèbe se plaint avec tant de force [1707] , peut être
considérée, non seulement comme une suite, mais encore comme une preuve de la
liberté dont jouissaient et abusaient les chrétiens sous le règne de
Dioclétien. La prospérité avait relâché les liens de la discipline. La fraude,
l’envie, la méchanceté, régnaient dans toutes les congrégations. Les prêtres
aspiraient à la dignité épiscopale, qui devenait de jour en jour un objet plus
digne de leur ambition. Les évêques, occupés à se disputer la prééminence
ecclésiastique, paraissaient, par leurs actions, vouloir usurper dans l’Église
une puissance temporelle et tyrannique ; et la foi vive qui distinguait
toujours les chrétiens des gentils, brillait bien moins dans leur conduite que
dans leurs écrits sur des matières de controverse.
    Malgré ce calme apparent, un observateur attentif pouvait
discerner quelques avant-coureurs de l’orage qui menaçait l’Église d’une
persécution plus violente que toutes celles que jusqu’alors elle avait eues à
supporter. Le zèle et les progrès rapides du christianisme tirèrent les
polythéistes de leur profond assoupissement ; ils songèrent à défendre la
cause de ces divinités que la coutume et l’éducation leur avaient appris à
respecter. Les outrages réciproquement reçus dans le cours d’une guerre
religieuse, qui avait déjà duré plus de deux cents ans, irritaient l’animosité
des différents partis. Les païens s’indignaient de la témérité d’une secte
nouvelle et obscure, qui osait accuser ses compatriotes d’erreur, et dévouer
ses ancêtres à des peines éternelles. L’habitude de justifier la mythologie
païenne contre les invectives d’un ennemi implacable, avait réveillé quelques
sentiments de foi et de vénération pour un système dont ils ne s’étaient
occupés jusqu’alors qu’avec la plus inattentive légèreté. Les pouvoirs
surnaturels dont l’Église prétendait avoir la jouissance, excitaient à la fois
la terreur et l’émulation. Les partisans de la religion établie se
retranchèrent également derrière un rempart de prodiges. Ils inventèrent de
nouvelles formes de sacrifices, d’expiation et d’initiation [1708]  ; et,
s’efforçant de ranimer le crédit expirant de leurs oracles [1709] , ils
écoutèrent, avec une crédulité avide tout imposteur qui flattait leurs préjugés
par des contes merveilleux [1710] .
Les deux partis semblaient reconnaître la vérité des miracles mis en avant par
leurs adversaires ; et, en se contentant de les attribuer à l’art de la
magie ou à la puissance des démons, ils

Weitere Kostenlose Bücher