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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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concouraient réciproquement à rétablir
et étendre le règne de la superstition [1711] .
La philosophie, qui en est l’ennemi le plus dangereux, devint le plus puissant
de se alliés. Les bosquets de l’académie, les jardins d’Épicure, et même le
portique des stoïciens furent presque abandonnés comme autant d’écoles  différentes
de scepticisme ou d’impiété [1712]  ;
et plusieurs parmi les Romains désirèrent que les écrits de Cicéron fussent
condamnés et supprimés par l’autorité du sénat [1713] . La secte
dominante des nouveaux platoniciens crut devoir s’unir avec les prêtres, que
peut-être elle méprisait, contre les chrétiens qu’elle avait raison de
redouter. Ces philosophes, alors en vogue, s’attachèrent à tirer des fictions
de la poésie grecque une sagesse allégorique ; ils instituèrent, des rites
mystérieux de dévotion à l’usage de leurs disciples choisis ; et,
recommandant le culte des anciens dieux, qu’ils appelaient les emblèmes ou les
ministres de la Divinité suprême, ils composèrent avec le plus grand soin,
contre la foi de l’Évangile, plusieurs traités [1714] , qui, depuis
ont été livrés aux flammes par la prudence des empereurs orthodoxes [1715] .
    Quoique la politique de Dioclétien et l’humanité de
Constance les portassent à ne point s’éloigner des maximes d’une tolérance
universelle, on découvrit bientôt que leurs associés, Maximien et Galère,
nourrissaient une haine implacable contre le nom et le culte des chrétiens.
L’esprit de ces deux derniers princes n’avait jamais été éclairé par la
science, l’éducation n’avait point adouci leur caractère. Ils devaient leur
grandeur à leur épée ; et, parvenus au plus haut point de leur fortune,
ils conservèrent toujours leurs préjugés superstitieux de paysans et de
soldats. Dans l’administration générale des provinces, ils obéissaient aux lois
établies par leurs bienfaiteurs, mais ils eurent souvent occasion d’exercer
dans l’enceinte de leurs camps et de leurs palais ; une persécution secrète [1716] , à laquelle le
zèle imprudent des chrétiens, fournissait quelquefois  les prétextes les plus
spécieux. Maximilien, jeune paysan de la province d’Afrique, fut puni du
dernier supplice. Son père l’avait présenté au magistrat comme ayant pour le
service des armes toutes les qualités exigées par la loi [1717] . Mais
Maximilien persista opiniâtrement à déclarer que sa conscience ne lui
permettait pas d’embrasser la profession de soldat [1718] . On trouverait
peu de gouvernements qui laissassent impunie l’action du centurion Marcellus.
Un jour de fête publique, cet officier, après avoir jeté son baudrier, son épée
et les marques de sa dignité s’écria hautement qu’il n’obéirait qu’à Jésus-Christ
roi éternel, et qu’il renonçait pour jamais à des armes temporelles et au
service d’un maître idolâtre [1719] .
Les soldats, dès qu’ils furent revenus de leur étonnement, s’assurèrent de la
personne de Marcellus. Il fut examiné dans la ville de Tingis, par le président
de cette partie de la Mauritanie, et, convaincu par son propre aveu, il fut
condamné et décapité pour crime de désertion [ Acta sincera , p. 302]. Il
s’agit bien moins ici de persécution religieuse que de loi militaire ou même
civile ; mais des exemples de cette nature aliénaient l’esprit des
empereurs, justifiaient la cruauté de Galère, qui cassa un grand nombre
d’officiers chrétiens, et autorisaient l’opinion qu’une secte d’enthousiastes,
dont les principes étaient si contraires au bien public, devait rester inutile
dans l’empire ou devenir bientôt dangereuse.
    Lorsque le succès de la guerre de Perse eut élevé les
espérances et la réputation de Galère, il passa un hiver avec Dioclétien dans
le palais de Nicomédie, et le sort du christianisme fut l’objet de leurs
délibérations. sécrètes [1720] .
L’empereur, plus expérimenté, penchait toujours pour la douceur ; et, quoiqu’il
consentit sans peine à exclure les chrétiens de tout emploi à la cour et à
l’armée, il représentait dans les termes les plus forts combien il serait cruel
et dangereux de verser le sang de ces fanatiques aveugles. Enfin, Galère lui
arracha la permission de convoquer un conseil composé des hommes les plus
distingués par le rang qu’ils occupaient dans les divers départements, tant civils
que militaires, de l’État

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