Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain
des
couvents [89] .
Capoue et la Campanie possédaient le territoire propre de la ville de Naples ;
le reste de ce royaume était habité par plusieurs nations belliqueuses, les
Marses, les Samnites, les Apuliens et les Lucaniens. Enfin, les côtes de la mer
étaient couvertes des colonies florissantes des Grecs. Il faut remarquer que
lorsque Auguste partagea l’Italie en onze régions, la petite province d’Istrie
fut comprise dans le nombre, et se trouva jointe au siège de la souveraineté
romaine [90] .
Les provinces de l’empire en Europe étaient défendues par le
Rhin et le Danube. Ces deux beaux fleuves prennent leur source à la distance de
trente milles l’un de l’autre. Le Danube, dans un cours de plus de treize cents
milles de long, presque toujours vers le sud-est, reçoit le tribut de soixante
rivières navigables et se jette ensuite par six embouchures dans le Pont-Euxin,
qui paraît à peine assez vaste pour recevoir une telle masse d’eau [91] . Les provinces
qu’arrose le Danube furent bientôt désignées sous le nom général d’Illyrie ou
de frontière illyrienne [92] ,
et regardées comme les plus guerrières de l’empire ; mais elles méritent
bien que nous les considérions dans leurs principales divisions : la
Rhétie, la Norique, la Pannonie, la Dalmatie, la Mœsie, la Thrace, la Macédoine
et la Grèce.
La province de Rhétie, habitée autrefois par les
Vindéliciens, s’étendait depuis les Alpes jusqu’aux rives du Danube, et depuis
la source de ce fleuve jusqu’à sa jonction avec l’Inn. La plus grande partie du
plat pays obéit à l’électeur de Bavière : la ville d’Augsbourg est
protégée par la constitution de l’empire germanique ; les Grisons vivent
en sûreté dans leurs montagnes, et le Tyrol est au rang des nombreux États qui
appartiennent à la maison d’Autriche.
Toute l’étendue de pays comprise entre le Danube, l’Inn et
la Save, l’Austrie, la Styrie, la Carinthie, la Carniole, la Basse Hongrie et
l’Esclavonie, étaient connues par les anciens sous les noms de Norique et de
Pannonie. Dans leur premier état d’indépendance, les fiers habitants de ces
provinces étaient étroitement liés entre eux ; ils se trouvèrent
fréquemment unis sous le gouvernement des Romains, et de nos jours ils sont
devenus le patrimoine d’une seule famille. Leur souverain est un prince d’Allemagne
qui prend le titre d’empereur des Romains, et dont les États forment le centre
et la force de la puissance autrichienne. Si nous en exceptons la Bohême, la
Moravie, l’extrémité septentrionale de l’Autriche, et cette partie de la
Hongrie qui est située entre le Theiss et le Danube, les autres domaines de la
maison d’Autriche étaient renfermés dans les limites de l’empire romain.
La Dalmatie, ou Illyrie proprement dite, était ce pays long,
mais étroit qui se trouve entre la Save et la mer Adriatique. La plus grande
partie de la côte a conservé son nom : c’est une province de la dépendance
de Venise et le siége de la petite république de Raguse. Les provinces de
l’intérieur ont pris les noms esclavons de Croatie et de Bosnie. La Croatie est
soumise à un gouverneur autrichien, et la Bosnie obéit à un pacha turc :
mais toutes ces régions sont sans cesse ravagées par des hordes de
Barbares dont la sauvage indépendance marque d’une manière irrégulière les
limites incertaines des puissances chrétiennes et mahométanes [93] .
Après avoir reçut les eaux du Theiss et de la Save, le
Danube prenait le nom d’Ister ; c’était du moins celui que lui donnaient
les Grecs [94] .
Il séparait autrefois la Mœsie de la Dacie, province conquise par Trajan, et la
seule qui fût située au-delà de ce fleuve. Si nous voulons jeter les yeux sur
l’état présent de ces contrées, nous trouverons sur la rive gauche du Danube,
Temeswar et la Transylvanie, annexés à la couronne de Hongrie après un grand
nombre de révolutions, tandis que les principautés de Moldavie et de Valachie
reconnaissent la souveraineté de la Porte ottomane. Sur la rive droite, la
Mœsie qui, durant le moyen âge, se divisa en deux royaumes barbares : la
Servie et la Bulgarie, est maintenant réunie sous le despotisme des Turcs.
Les Turcs, en donnant le nom de Romélie à la Macédoine, à la
Thrace et à la Grèce, semblent reconnaître que ces contrées faisaient partie de
l’empire romain. La Thrace, habitée par des nations
Weitere Kostenlose Bücher