Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain
belliqueuses, était
devenue, sous les Antonins, une province qui s’étendait depuis le mont Hémus et
le Rhodope jusqu’au Bosphore et l’Hellespont. Malgré le changement de maîtres
et celui de la religion, la nouvelle Rome, bâtie par Constantin sur les rives
du Bosphore, est toujours la capitale d’une grande monarchie. La Macédoine
avait retiré moins d’avantages des brillantes conquêtes d’Alexandre que de la
politique des deux Philippe. L’Épire et la Thessalie étaient sous sa
dépendance. Ainsi ce royaume comprenait tout le pays situé entre la mer Égée et
la mer d’Ionie. Lorsque nous pensons à la réputation immortelle de Thèbes,
d’Argos, de Sparte et d’Athènes, nous avons peine à nous persuader que tant de
républiques si célèbres aient été confondues dans une seule province de
l’empire romain. L’influence supérieure de la ligue achéenne fit donner à cette
province le nom d’Achaïe.
Tel était l’état de l’Europe sous les empereurs romains. Les
provinces d’Asie, sans en excepter les conquêtes passagères de Trajan, se
trouvent toutes renfermées dans les limites de la puissance des Turcs ; mais au
lieu de suivre les divisions arbitraires, imaginées par l’ignorance et par le
despotisme, prenons une route plus sûre et en même temps plus agréable pour
nous ; observons les caractères ineffaçables de la nature. On appelle Asie-Mineure
cette péninsule qui, bornée par l’Euphrate du coté de l’orient, s’avance vers
l’Europe entre le Pont-Euxin et la Méditerranée. Les Romains avaient donné le
titre exclusif d’Asie au vaste et fertile pays situé à l’occident du mont
Taurus et du fleuve Halys. Cette province renfermait les anciennes monarchies
de Troie, de Lydie et de Phrygie, les contrées maritimes des Lyciens, des
Pamphiliens et des Cariens, et les colonies grecques fondées en Ionie, qui, non
dans la guerre, mais dans les arts, égalaient la gloire de leur métropole. Les
royaumes de Pontet de. Bithynie occupaient tout le nord de la Péninsule, depuis
Constantinople jusqu’a Trébisonde. A l’extrémité opposée, la Cilicie était
bornée par les montagnes de Syrie. Les provinces intérieures, séparées de
l’Asie romaine par le fleuve Halys, et de l’Arménie par l’Euphrate, avaient
autrefois, formé le royaume indépendant de Cappadoce. La souveraineté des
empereurs s’étendait sur les côtes septentrionales du Pont-Euxin, en Asie,
jusque par-delà Trébisonde ; en Europe, jusqu’au-delà du Danube. Les
habitants de ces contrées sauvages, connues maintenant sous les noms de
Budziack, de Tartarie-Crimée, de Circassie et de Mingrélie, recevaient de leurs
mains ou des princes tributaires ou des garnisons-romaines [95] .
Sous les successeurs d’Alexandre, la Syrie devint le siége
de l’empire des Séleucides, qui régnèrent sur toute la Haute Asie, jusqu’à ce
que la révolte des Parthes eût resserré les domaines de ces monarques entre
l’Euphrate et la Méditerranée. Lorsque cette province fut soumise par les
Romains, elle servit de frontière à leur empire, de côté de l’orient : ses
limites étaient, au nord, les montagnes de la Cappadoce, et vers le midi,
l’Égypte et la mer Rouge. La Phénicie et la Palestine se trouvèrent quelquefois
annexées au gouvernement de la Syrie : dans d’autres temps elles en furent
séparées. La première de ces deux provinces est une suite de rochers ; une
lisière étroite entre la mer et les montagnes ; l’autre ne peut guère être mise
au-dessus du pays de Galles pour l’étendue, et pour la fertilité [96] . Cependant leur
nom passera d’âge en âge jusqu’à la postérité, la plus reculée, puisque
l’Europe et le Nouveau Monde doivent à la Palestine leur religion, et à la
Phénicie la naissance des lettres [97] .
Depuis l’Euphrate, jusqu’à la mer Rouge, un désert sablonneux, presque dépourvu
d’arbres et d’eau, forme les limites incertaines de la Syrie. La vie errante
des Arabes était inséparablement liée à leur indépendance : toutes les fois
qu’ils voulurent former des établissements sur un terrain moins stérile que le
reste de .leurs habitations ; ils devinrent aussitôt esclaves des Romains [98] .
Lés géographes de l’antiquité ont souvent hésite sur la
partie du globe dans laquelle ils devaient faire entrer l’Égypte [99] . Située dans la péninsule
immense de l’Afrique, elle n’est accessible que du côté de l’Asie,
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