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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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insupportable on ne le vit jamais porter ses
mains à son visage, ni même tourner les yeux à droite et à gauche. Les
magistrats et le sénat de Rome reçurent l’empereur, qui s’occupa avec beaucoup
d’attention des différentes dignités conférées jadis par la république, et des
portraits consulaires des familles distinguées. Les rues étaient bordées d’un peuple
immense, des acclamations répétées annonçaient sa joie de posséder la personne
sacrée du souverain, après en avoir été privé pendant trente-deux ans ; et
Constance exprima, sur un ton de plaisanterie, son étonnement prétendu de ce
que tout le genre humain se trouvait, disait-il, réuni en un instant dans le
même lieu. Le fils de Constantin fut logé dans l’ancien palais d’Auguste ; il
présida le sénat, harangua le peuple de la tribune où Cicéron était si souvent
monté, assista aux Jeux du cirque avec une complaisance extraordinaire, et
accepta les couronnes d’or et les panégyriques présentés par les députés des
villes principales. Il ne resta à Rome que trente jours, qui furent employés à
visiter les monuments de l’art et de la puissance répandus sur les sept
collines et dans les vallées qui les séparent. Il admira l’imposante majesté du
Capitole, la vaste étendue des bains de Caracalla et de Dioclétien, la sévère
simplicité du Panthéon, la massive grandeur de l’amphithéâtre de Titus,
l’architecture élégante du théâtre de Pompée et du temple de la Paix, et par
dessus tout l’imposante structure du forum et de la colline de Trajan ; avouant
que la renommée, si sujette à inventer et à amplifier, ne vantait point assez
la métropole du monde. Le voyageur qui a contemplé les ruines de l’ancienne
Rome, peut concevoir une idée imparfaite de l’impression que la vue de ses
monuments devait faire éprouver quand ils élevaient leurs têtes superbes dans
toute la splendeur de leur première beauté.
    Constance fut si satisfait de ce voyage, qu’il eut
l’ambition de faire aux Romains un présent qui perpétuât le souvenir de sa
reconnaissance et de sa générosité. Sa première idée fut d’imiter la statue
équestre et colossale qu’il avait vue dans le forum de Trajan ; mais quand
il eut mûrement pesé les difficultés de l’exécution [2118] , il préféra
d’embellir la ville par le don d’un obélisque d’Égypte. Dans les siècles
reculés, mais déjà policés, qui semblent avoir précédé l’invention de
l’écriture alphabétique, les anciens souverains d’Égypte élevèrent un grande
nombre de ces obélisques dans les villes de Thèbes et d’Héliopolis. Ils
espéraient, sans doute que la simplicité de leur structure et la dureté de leur
substance les mettraient à l’abri des injures du temps et de la violence [2119] . Plusieurs de
ces extraordinaires colonnes avaient été transportées à Rome par Auguste et par
ses successeurs, comme les monuments les plus durables de leur puissance, et de
leur victoire [2120] .
Mais il restait un de ces obélisques qui, soit qu’il parût plus respectable ou
plus difficile à transporter, avait échappé longtemps à l’orgueilleuse avidité
des conquérants. Constantin, le destinant à embellir sa nouvelle cité [2121] , le fit
déplacer de dessus son piédestal qui était posé devant le temple du Soleil, à
Héliopolis, et descendre sur le Nil jusqu’à Alexandrie. La mort de Constantin
suspendit l’exécution de ce projet et son fils, résolut de faire présent de cet
obélisque à l’ancienne capitale de l’empire. On construisit un vaisseau d’une
grandeur et d’une force convenables pour transporter des bords du Nil à ceux du
Tibre cette masse énorme de granit, d’environ cent quinze pieds de longueur.
L’obélisque de Constance fut débarquée à peu près à trois milles de la ville,
et élevé, à force d’art et de travail, dans le grand cirque de Rome [2122] .
    Constance, apprit une nouvelle alarmante qui lui fit quitter
Rome avec précipitation. Les provinces d’Illyrie étaient dans le danger le plus
pressant. Les déchirements de la guerre civile et la perte irréparable
qu’avaient éprouvée les légions à la bataille de Mursa avaient exposé ces
contrées presque sans défense aux courses de la cavalerie légère des Barbares,
et particulièrement, aux incursions des Quades, nation puissante et féroce, qui
semblaient avoir échangé les coutumes de la Germanie contre les armes et

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