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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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l’histoire
ecclésiastique se rassemblent pour affirmer que ces espérances furent
justifiées par le miracle frappant auquel on attribue unanimement la conversion
du premier empereur chrétien. La cause réelle ou imaginaire de cet événement
demande et mérite toute l’attention de la postérité ; je tâcherai d’apprécier
impartialement la vision de Constantin, en considérant l’un après l’autre
l’étendard, le songe et le signe céleste, en séparant l’historique, le naturel,
et le merveilleux confondus avec tant d’art dans cette histoire extraordinaire,
pour en composer le brillant et fragile édifice d’une preuve spécieuse.
    1° L’instrument d’un supplice que l’on n’infligeait qu’aux
esclaves et aux étrangers, était devenu un objet d’horreur pour les citoyens de
Rome, et à l’idée d’une croix était inséparablement liée celle de crime, de
souffrance et d’ignominie [2199] .
La piété de Constantin plutôt que son humanité abolit dans ses États le
supplice que le Sauveur du monde avait daigné souffrir [2200] . Mais il
fallait qu’il fût parvenu à vaincre les préjugés de sa propre éducation, et à
mépriser ceux de ses sujets, quand il fit élever au milieu de Rome sa statue
portant une croix dans la main droite, avec une inscription qui attribuait sa
victoire et la délivrance de Rome à la vertu de ce signe salutaire, le
véritable symbole de la force et de la valeur [2201] . L’empereur
sanctifia par ce même symbole, les armes de ses soldats. La croix brillait sur
leur casque. Elle était gravée sur leurs boucliers et tissue dans leurs
étendards. Les emblèmes sacrés dont l’empereur se décorait lui-même, n’étaient
distingués que par le fini du travail et par la richesse des ornements. Le
principal étendard qui attestait le triomphe de la croix, était connu sous la
dénomination de labarum [2202] ,
nom fameux, mais dont le sens est inconnu, et dont on a cherché vainement
l’étymologie dans presque toutes les langues du monde. Le labarum est dépeint
comme une longue pique croisée par une barre transversale [2203] . Sur l’étoffe
de soie qui pendait de la traverse, on voyait le portrait de l’empereur et
celui de ses fils, travaillés avec soin. La tête de la pique était surmontée
d’une couronne d’or qui renfermait le monogramme mystérieux présentant à la
fois la figure de la croix et les lettres initiales du nom du Christ [2204] . Cinquante
gardes d’une valeur et d’une fidélité éprouvées veillaient à la sûreté du
labarum ; ce poste de distinction était accompagné d’une paye considérable ; et
des événements heureux servirent à persuader que les gardes du labarum étaient
invulnérables dans l’exercice de leurs fonctions. La seconde guerre civile
apprit à Licinius à connaître et à craindre l’influence de cet étendard sacré,
dont la vue avait animé les soldats de Constantin d’un enthousiasme invincible
au moment du danger, et avait porté en même temps le désordre et la terreur
dans les rangs des légions opposées [2205] .
Ceux dés empereurs chrétiens qui respectèrent l’exemple de Constantin,
déployèrent l’étendard sacré de la croix dans toutes leurs expéditions
militaires ; mais quand les successeurs dégénérés de Théodose eurent cessé de
paraître en personne à la tête de leurs armées, le labarum fut déposé dans le
palais de Constantinople comme une relique vénérable, mais inutile [2206] . Les médailles
de la famille Flavienne attestent encore les honneurs qu’on lui rendait. Leur
pieuse reconnaissance a placé le monogramme du Christ au milieu des enseignes
de Rome. Les imposantes expressions de sûreté de la république, gloire de
l’armée, restauration du bonheur public, sont appliqués aux trophées religieux,
comme aux trophées militaires. Il existe encore une médaille de l’empereur
Constance où l’étendard du labarum est accompagné de ces paroles mémorables : PAR
CE SIGNE TU VAINCRAS [2207] .
    2° Dans les dangers et dans les calamités, les chrétiens
avaient coutume de fortifier leur corps et leur esprit par le signe de la
croix. Cette pratique leur était familière dans les cérémonies de l’Église et
dans toutes les occasions particulières de la vie. Ils s’en servaient comme
d’un préservatif infaillible pour éloigner toute espèce de maux spirituels ou
temporels [2208] .
L’autorité de l’Église aurait suffi pour justifier la

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