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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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L’esprit
de Constantin, flottait peut-être encore entre la religion païenne et celle des
chrétiens. En suivant les complaisantes opinions du polythéisme il pouvait
reconnaître le dieu des chrétiens pour l’ une des nombreuses divinités qui composaient la hiérarchie céleste, ou peut-être adoptait-il cette
idée philosophique et séduisante que, malgré la différence des noms, des rites
et des cérémonies, tous les hommes adressent également leur hommage  au père et
au créateur unique de l’univers [2186] .
    Mais  les résolutions des princes sont plus ordinairement
dirigés par des avantages temporels que par des considérations abstraites sur
des vérités spéculatives ; et l’on peut raisonnablement croire que l’estime de
Constantin pour le caractère moral des chrétiens, et la persuasion où il était
que la propagation de l’Évangile amènerait l’exercice de toutes les vertus,
servirent bientôt à augmenter la faveur qu’il’ accordait à ses prosélytes.
Quelque liberté qu’un monarque absolu puisse se permettre dans sa conduite,
quelque indulgence qu’il veuille conserver pour ses propres passions, il est
évidemment de son intérêt d’inspirer à tous ses sujets une respectueuse
obéissance pour les lois naturelles et pour les engagements civils de la
société. Mais l’influence des meilleures lois est faible et précaire ; elles
inspirent rarement la vertu, elles n’arrêtent pas toujours le vice. Leur 
autorité ne s’étend pas à prohiber tout ce qu’elles condamnent, et elles ne
peuvent pas toujours punir les actions qu’elles ont prohibées. Les législateurs
de l’antiquité avaient appelé à leur secours la puissance de l’éducation et de
l’opinion ; mais tous les principes qui avaient jadis maintenu la grandeur et
la pureté de Sparte et de Rome, s’étaient anéantis depuis longtemps dans la
décadence d’un empire despotique. La philosophie exerçait encore son doux
empire sur les esprits ; mais là cause de la vertu tirait un faible secours de
la superstition des païens. Dans ces circonstances décourageantes, un sage
magistrat pouvait voir avec plaisir le progrès d’une religion qui répandait
parmi les peuples une morale pure, bienfaisante, applicable à tous les devoirs
et à toutes les conditions de la vie, prescrite comme la volonté suprême de la
Divinité, et soutenue par l’attente des récompenses ou des châtiments éternels.
L’histoire des Grecs et des Romains ne pouvait apprendre à l’univers à quel
point la révélation divine influerait sur la réforme des mœurs nationales ; et
Constantin pouvait prêter quelque attention et quelque confiance aux assurances
flatteuses et raisonnables de Lactance. Cet éloquent apologiste paraissait
convaincu, et osait presque promettre que l’établissement de la foi chrétienne
ramènerait l’innocence et la félicité du premier âge ; que le culte du vrai
Dieu anéantirait les guerres et les dissensions parmi les hommes, qui se,
regardaient tous comme les enfants d’un même père ; que tout désir impur, toute
passion haineuse ou personnelle, seraient contenus par la connaissance de
l’Évangile ; et que les magistrats n’auraient plus besoin du glaive de la
justice chez un peuple dont la sincérité, le culte, la piété, la modération, la
concorde et une bienveillance universelle, dirigeraient tous les sentiments [2187] .
    L’obéissance passivé, qui plie sans résistance sous le joug
de l’autorité et même de l’oppression, parut sans doute à un monarque absolu la
plus utile et la plus estimable des vertus évangéliques [2188] . Les premiers
chrétiens ne croyaient pas que l’institution primitive du gouvernement civil
eut été fondée sur le consentement des peuples ; ils attribuaient son
origine aux décrets de la Providence. Quoique l’empereur régnant eût usurpé le
sceptre par le meurtre et par la perfidie, Il prit immédiatement le titre sacré
de lieutenant de la Divinité. Il ne devait compte qu’à elle de l’abus de sa
puissance, et ses sujets se trouvaient indissolublement liés, par leur serment
de fidélité, à un tyran qui avait violé les lois sociales et celles de la
nature. Les humbles chrétiens étaient envoyés dans ce monde comme des brebis au
milieu des loups ; et puisqu’il leur était défendu d’employer la violence, même
pour la défense de leur religion, il leur était encore moins permis de répandre
le sang humain pour la

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