Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
Vom Netzwerk:
réfuter les malignes et fausses insinuations de
Zozime [2238] ; qui affirme qu’après la mort de Crispus, les remords de son père acceptèrent
des ministres de l’Évangile l’expiation qu’il avait en vain sollicitée des
pontifes du paganisme. Lorsque Crispus mourut, l’empereur ne pouvait plus
hésiter sur le choix d’une religion ; il ne pouvait plus ignorer
l’infaillibilité du remède que possédait l’Église, quoiqu’il ait différé de
s’en servir jusqu’au moment où l’approche de la mort le mit à l’abri de la
tentation et du danger d’une rechute. Les évêques qu’il rassembla pendant sa
dernière maladie dans son palais de Nicomédie, furent édifiés de la ferveur
avec laquelle il demanda et reçut le sacrement du baptême, du serment qu’il fit
de se montrer jusqu’à sa mort digne de la qualité d’un disciple du Christ, et
de l’humilité pieuse avec laquelle il refusa de reprendre la pourpre et les
ornements royaux, après avoir revêtu la robe blanche d’un néophyte. L’exemple
et la réputation de Constantin semblèrent autoriser l’usage de retarder la
cérémonie du baptême [2239] .
Les tyrans qui vinrent après lui s’accoutumèrent à penser que le sang des
innocents qu’ils auraient versé durant un long règne, serait lavé en un instant
par les saintes eaux de la régénération : ainsi l’abus de la religion sapait
dangereusement les fondements de la morale.
    La reconnaissance de l’Église a excusé les faiblesses et
préconisé les vertus de son généreux protecteur, qui a placé la foi chrétienne
sur le trône du monde romain, et les Grecs, qui célèbrent la fête du saint
empereur, prononcent rarement le nom de Constantin, sans y ajouter le titre d’ égal
aux apôtres [2240] .
Cette comparaison, si elle portait sur le caractère sacré de ces divins
missionnaires ne pourrait être attribuée qu’à l’extravagance d’une adulation
impie ; mais si ce parallèle ne fait allusion qu’au nombre de leurs victoires
évangéliques, les succès de Constantin en ce genre ont peut-être égalé ceux des
apôtres. Ses édits de tolérance firent disparaître les dangers temporels qui
retardaient le progrès du christianisme et les ministres actifs de la foi
chrétienne furent autorisés et encouragés à employer en sa faveur tous les
arguments qui pouvaient subjuguer la raison ou exciter la piété. La balance ne
fut qu’un instant égale entre les deux religions ; l’œil perçant de l’avarice
et de l’ambition découvrit bientôt que la pratique de la religion chrétienne
contribuait autant au bonheur du présent qu’à celui de l’avenir [2241] . L’espoir des
richesses et des honneurs, l’exemple de l’empereur, ses exhortations, le
pouvoir irrésistible du souverain, répandirent rapidement le zèle et la
conviction parmi la foule servile et vénale qui remplit constamment les
appartements d’un palais. On récompensa par des privilèges municipaux et par
des dons agréables au peuple, les villes qui signalaient l’empressement de leur
zèle par la destruction volontaire de leurs temples ; et la nouvelle capitale
de l’Orient s’enorgueillissait de l’avantage singulier de d’avoir jamais été
profanée par le culte des idoles [2242] .
Partout les dernières classes de la société se conduisent à l’imitation des
grands, et la conversion des citoyens distingués par leur naissante, par leurs
richesses, ou par leur puissance, fut bientôt suivie de celle d’une multitude
dépendante [2243] .
Le salut du peuple s’achetait  à bon marché, s’il est vrai que dans une année
douze mille hommes et un nombre proportionné de femmes et d’enfants furent
baptisés à Rome, et qu’il n’en coûta qu’une robe blanche et vingt pièces d’or
pour chaque converti [2244] .
La puissante influence de Constantin ne fut pas circonscrite dans les limites
étroites de sa vie ou de ses États. L’éducation qu’il donnait à ses fils et à
ses neveux assura à l’empire une race de princes dont la foi était d’autant
plus vive et plus sincère, qu’ils s’étaient pénétrés, dès leur plus tendre
jeunesse, de l’esprit ou du moins de la doctrine du christianisme : le
commerce et la guerre répandaient la connaissance de l’Évangile au-delà des
provinces romaines ; et les Barbares qui avaient dédaigné une secte proscrite
et humiliée, respectèrent une religion adoptée par le plus puissant monarque et
par des peuples

Weitere Kostenlose Bücher