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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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d’un prosélyte couronné qu’il était si
important d’attirer par une indulgente condescendance dans le sein de l’Église.
Constantin jouissait, au moins par une permission tacite, d’un grand nombre
des. privilèges attachés au christianisme avant d’avoir contracté aucune des
obligations du chrétien. Au lieu de quitter l’église quand la voix du diacre
avertissait la multitude profane qu’elle devait se retirer, il priait avec les
fidèles, disputait avec les évêques, prêchait sur ses sujets les plus sublimes
et les plus abstraits de la théologie, célébrait les cérémonies sacrées de le veille
de Pâques, et, ne se contentant pas de participer aux mystères de la foi
chrétienne, il se déclarait en quelque façon le prêtre et le pontife de ses
autels [2233] .
L’orgueil de Constantin exigeait sans doute cette distinction extraordinaire,
et les services qu’il avait rendus aux chrétiens la méritaient peut-être. Une
sévérité mal placée aurait pu dessécher, dans leur première croissance, les
fruits de sa conversion ; et si les portes da l’Église eussent été
rigoureusement fermées au prince qui avait déserté les autels des dieux, le
souverain de l’empire aurait été privé de l’exercice de tous les cultes
religieux. Dans son dernier voyage à Rome, il renonça. Et insulta pieusement
aux superstitions de ses ancêtres, en refusant de conduire la procession militaire
de l’ordre équestre, et d’offrir des vœux à Jupiter Capitolin [2234] . Longtemps
avant son baptême et sa mort, il avait annoncé à l’univers que jamais à
l’avenir sa personne ni son image ne paraîtraient dans l’enceinte d’un temple
de l’idolâtrie. Il fit en même temps, distribuer dans toutes les provinces de
l’empire des médailles et des peintures où il était représenté dans la posture
humble et suppliante de la dévotion chrétienne [2235] .
    On ne peut pas aisément expliquer ou excuser l’orgueil’ qui
fait refuser à Constantin la qualité de catéchumène, mais on explique aisément
le retard de son baptême par les maximes et la pratique ecclésiastiques de
l’antiquité. Les évêques administraient régulièrement eux-mêmes le sacrement du
baptême [2236] ,
avec l’assistance de leur clergé, dans la cathédrale de leur diocèse, durant
les cinquante jours qui séparent la fête de Pâques de celle de la Pentecôte ;
et cette sainte saison faisait entrer un grand nombre d’enfants et de personnes
adultes dans le giron de l’Église. La sagesse des parents suspendait souvent le
baptême de leurs enfants jusqu’au moment où ils étaient en état d’apprécier les
obligations que leur imposait ce sacrement : la sévérité des évêques
exigeait un noviciat de deux ou trois ans des nouveaux convertis, et les catéchumènes
eux-mêmes, par différents motifs, soit temporels soit spirituels,
s’empressaient rarement d’acquérir la perfection du caractère sacré de
chrétien. Le sacrement du baptême assurait l’expiation absolue de tous les
péchés ; il réintégrait les âmes dans leur pureté primitive, et leur
donnait un droit certain aux promesses d’une éternelle félicité. Parmi les
prosélytes de la foi chrétienne, un grand nombre regardaient comme très
imprudent de précipiter un secours salutaire qu’on ne pouvait recevoir qu’une
fois, et de perdre un privilège inestimable qu’il était impossible de
recouvrer. Au moyen de ce retard, ils se livraient sans inquiétude aux plaisirs
de ce monde et à la voix de leurs passions en conservant toujours les moyens de
se procurer une absolution facile et sûre [2237] .
La sublime théorie de l’Évangile avait fait moins d’impression sur le cœur de
Constantin que sur son esprit ; il poursuivit le grand objet de son ambition à
travers ses sentiers obscurs et sanglants de la guerre et de la politique, et après
ses victoires il abusa sans modération de sa puissance. Loin de faire éclater
la supériorité de ses vertus chrétiennes sur l’héroïsme imparfait et la
philosophie profane de Trajan et des Antonins, Constantin perdit, dans la
maturité de son âge, la réputation, qu’il avait acquise dans sa jeunesse. Plus
il s’instruisait dans la connaissance des saintes vérités, moins il pratiquait
les vertus qu’elles recommandent ; et dans la même année on le vit assembler le
concile de Nicée, et ordonner le supplice ou plutôt le meurtre de son fils.
Cette date seule suffit pour

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