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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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les plus civilisés du monde [2245] . Les Goths et
les Germains qui s’enrôlaient sous les drapeaux de l’empire révéraient la croix
qui brillait à la tête des légions, et répandaient parmi leurs sauvages et 
fiers compatriotes des principes de religion et d’humanité. Les rois d’Ibérie
et d’Arménie adoraient le Dieu de leur protecteur. Leurs sujets, qui ont
invariablement conservé le nom de chrétiens, formèrent bientôt une alliance
perpétuelle et sacrée avec les catholiques romains. On accusa les chrétiens de
la Perse, pendant la guerre, de préférer les intérêts de leur religion à ceux
de leur pays ; mais tant que la paix subsista entre les deux empires, l’esprit
persécuteur des mages fut toujours contenu par l’interposition de Constantin [2246] . La lumière de
l’Évangile brillait sur les côtes des Indes. Les colonies de Juifs qui avaient
pénétré dans l’Arabie et dans l’Éthiopie [2247] ; s’opposaient aux progrès de la foi chrétienne ; mais la connaissance de la
révélation mosaïque facilitait en quelque façon les travaux des missionnaires ;
et l’Abyssinie révère encore la mémoire de Frumentius, qui dévoua sa vie, du
temps de Constantin, à la conversion de ces pays éloignés. Sous le règne de
Constance, son fils, Théophile [2248] ,
Indien d’extraction, reçut la double dignité d’évêque et d’ambassadeur. Il
s’embarqua sur la mer Rouge avec deux cents chevaux de la meilleure race de
Cappadoce, que l’empereur envoyait au prince, des Sabéens ou Homérites.
Théophile était chargé de beaucoup d’autres présents utiles et curieux, au
moyen desquels on espérait exciter l’admiration et concilier l’amitié des
Barbares. Le nouvel évêque fit avec succès, pendant plusieurs années, des
visites pastorales aux Églises de la zone torride [2249] .
    La puissance irrésistible des empereurs romains se manifesta
dans l’importante et dangereuse opération de changer la religion nationale. La
terreur qu’inspira une force militaire imposante réduisit au silence, les
faibles murmures des païens sans appui, et on avait lieu de compter sur le
prompte obéissance que le devoir et la reconnaissance obtiendraient du clergé
et du peuple chrétiens. Les Romains avaient adopté depuis longtemps, comme une
maxime fondamentale de leur constitution, que tous les citoyens, quels que
fussent leur rang et leurs dignités, devaient également obéir aux lois, et que
les soins et la police de la religion appartenaient aux magistrats civils. Il
ne fut pas aisé de persuader à Constantin et à ses successeurs qu’ils avaient
perdu, par leur conversion, une partie des prérogatives impériales, et qu’il ne
dépendait plus d’eux de faire la loi à une religion qu’ils avaient protégée,
établie et professée. Les empereurs continuèrent à jouir de la juridiction
suprême sur l’ordre ecclésiastique et le seizième livre du Code de Théodose
détaille sous un grand nombre de titres l’autorité qu’ils exerçaient sur
l’Église catholique.
    L’esprit indépendant des Grecs et des Romains n’avait jamais
connu la distinction entre la puissance spirituelle et la puissance temporelle [2250]  ; mais
elle fut introduite et confirmée par l’établissement légal de le religion
chrétienne. La dignité de souverain pontife, toujours exercée depuis Numa
jusqu’à Auguste, par les plus illustres des sénateurs, fut enfin unie à la
couronne impériale. Le premier magistrat de  la république faisait lui-même les
fonctions sacerdotales, toutes les fois que la superstition ou la politique les
rendait nécessaires [2251] ; et il n’existait ni à Rome, ni dans les provinces, aucun ordre de prêtres qui
réclamassent un caractère plus sacré que le sien, ou qui prétendissent à une
communication plus intime avec les dieux. Mais dans l’Église chrétienne, qui
confie le service des autels, à une succession de ministres consacrés, le
souverain, dont le rang spirituel est moins vénérable que celui du moindre
diacre, se trouvait placé hors du sanctuaire, et confondu avec le peuple des
fidèles [2252] .
On pouvait regarder l’empereur comme le père de ses sujets, mais il devait un
respect et une obéissance filiale au père de l’Église ; et la vénération que
Constantin n’avait pu refuser aux vertus des saints et des confesseurs, fut
bientôt exigée comme un droit, par l’orgueil de l’ordre épiscopal [2253] . Le conflit
secret des

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