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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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de Pline, quatre-vingts ans après la mort de Jésus-Christ, qu’ils
l’invoquaient comme un Dieu ; et les différentes sectes qui prennent la
dénomination de ses disciples [2343] ,
ont perpétué ses honneurs divins dans tous les siècles et dans tous les pays.
Leur tendre respect pour la mémoire du Christ, et l’horreur qu’ils ressentaient
pour le culte d’un être créé, leur auraient fait adopter la divinité égale et
absolue du logos , si l’essor rapide qui les portait vers le trône du
ciel n’eût été imperceptiblement réprimé par la crainte de violer l’unité et la
suprématie du père du Christ et de l’univers. On peut remarquer dans les
ouvrages des célèbres théologiens qui ont écrit vers la fin du siècle
apostolique et avant la controverse arienne, l’incertitude et la perplexité des
chrétiens dans le choix de ces deux opinions. Les orthodoxes et les hérétiques
réclament, avec une confiance égale, l’autorité de ces écrivains ; et les
critiques les plus judicieux ont avoué que, si ces docteurs ont été assez
heureux pour posséder les vérités de la foi catholique, ils ont eu aussi le
tort d’exprimer leurs sentiments en termes vagues, inexacts, et quelquefois
contradictoires [2344] .
    II . La dévotion des individus fut la première
différence qui distingua les chrétiens des platoniciens ; la seconde fut dans
l’autorité de l’Église. Les disciples de la philosophie soutenaient leurs
droits à la liberté intellectuelle, et leur respect pour les sentiments, de
leurs maîtres était un tribut volontaire qu’ils offraient à une raison
supérieure. Mais les chrétiens formaient une société nombreuse et disciplinée.
Leurs lois et leurs magistrats exerçaient une juridiction sévère sur les
pensées des fidèles. On fixa leur imagination flottante par des symboles et par
des professions de foi [2345] .
La liberté particulière du jugement fût soumise aux décisions des synodes
généraux. L’autorité des théologiens se régla sur leur rang ecclésiastique ; et
les évêques, successeurs des apôtres, infligeaient les censures de l’Église à
ceux qui s’écartaient de la foi orthodoxe. Mais dans un siècle de controverse
religieuse, la contrainte ajoute une nouvelle force à l’activité de
l’imagination, et des motifs d’ambition ou d’avarice animaient quelquefois le
zèle ou l’obstination d’un esprit rebellé. Un argument métaphysique devenait la
cause ou le prétexte d’une contestation politique. Les subtilités de l’école
platonicienne servaient de signes de ralliement aux factions populaires, et
l’aigreur de la dispute augmentait la distance qui séparait les opinions
respectives. Tant que les hérésies obscures de Praxeas et de Sabellius
s’efforcèrent de confondre le père avec le fils [2346] , on doit
excuser les orthodoxes d’avoir tenu plus rigoureusement à la distinction qu’à
l’égalité des personnes divines ; mais lorsque la chaleur de la controverse fût
calmée, et que les Églises de Rome, d’Afrique et d’Égypte, ne craignirent plus
les progrès des sabelliens, les opinions théologiques prirent un cours plus
tranquille, mais plus invariable, vers l’extrémité contraire, et les docteurs
les plus orthodoxes se permirent des expressions et des définitions qu’ils
avaient condamnées dans la bouche des sectaires [2347] . Lorsque l’édit
de tolérance eut rendu aux chrétiens la paix et le loisir, la controverse des
trinitaires se ranima dans l’ancienne présidence de l’école platonicienne, la
savante riche et tumultueuse ville d’Alexandrie ; et la flamme de la discorde
religieuse se communiqua rapidement des écoles au clergé, au peuple, à la
province et dans tout l’Orient. On agita les questions abstraites de l’éternité
du logos , dans les conférences ecclésiastiques et dans les sermons. Le
zèle d’Arius et celui de ses adversaires rendirent bientôt publiques ses
opinions hétérodoxes [2348] .
Ses antagonistes les plus violents rendaient hommage à son érudition et à la
pureté de ses mœurs. Ce célèbre ecclésiastique s’était présenté, dans une
élection, pour obtenir l’épiscopat, et il y avait renoncé peut-être par
générosité [2349] : son concurrent Alexandre devint son juge. On plaida la cause devant lui, et,
après avoir paru hésiter quelque temps, le sénat prononça la sentence finale
comme un article de foi essentielle [2350] .
L’indocile Arius osa

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