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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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dérèglement des passions, éteignaient le remords qui, en toute
autre occasion, aurait succédé aux transports furieux des chrétiens de
Constantinople [2458] .
    Constance, dont les inclinations cruelles et despotiques
n’attendaient pas toujours, pour se montrer, le crime ou la résistance, fut
justement irrité du tumulte de sa capitale et de l’audace d’une faction qui
insultait la religion et l’autorité de son souverain. Ce fut sur elle que
tombèrent les peines de mort, d’exil, de confiscation ; et les Grecs révèrent
encore la mémoire de deux clercs, d’un lecteur et d’un sous diacre qui, accusés
du meurtre d’Hermogènes, eurent la tête tranchée aux portes de Constantinople.
Par un édit contre les catholiques, qu’on n’a pas crû digne de tenir une place
dans le Code de Théodose, Constance condamna tous ceux qui refuseraient de
communier des mains d’un évêque arien et particulièrement de Macedonius, à
perdre les privilèges d’ecclésiastiques et les droits de chrétiens. On les
chassa de leurs églises, et on leur défendit sévèrement de s’assembler dans la
ville. Le soin de faire exécuter cette loi injuste dans la Thrace et dans
l’Asie-Mineure, fut confié au zèle de Macedonius. Les ministres de la puissance
civile et militaire eurent ordre de lui obéir, et les horribles cruautés que ce
tyran semi-arien exerça sous le prétexte de soutenir la foi homoiousienne ,
déshonorèrent le règne de Constance dont elles dépassèrent les ordres. On
administrait de force les sacrements à ceux qui s’en défendaient, et qui
abhorraient les principes de Macedonius. On arrachait les femmes et les enfants
des bras de leurs parents et de leurs amis, pour leur conférer le baptême. On
tenait la bouche ouverte aux communiants avec des baillons, et on leur
enfonçait le pain consacré dans le gosier. On brûlait le sein des
jeunes-vierges avec des coquilles d’œufs rougies au feu, ou bien on le serrait
inhumainement entre deux planches aiguës et pesantes [2459] . Le ferme
attachement des novatiens de Constantinople et des environs pour la doctrine homoousienne ,
leur mérita d’être confondus avec les catholiques. Macedonius, informé qu’un
canton considérable de la Paphlagonie [2460] était presque entièrement habité par ces sectaires, résolut de les convertir ou
de les exterminer ; et comme il comptait peu, dans cette occasion, sur
l’influence d’une mission ecclésiastique, il fit marcher contre les rebelles un
corps de quatre mille légionnaires, et leur ordonna de soumettre tout le
territoire à son obéissance spirituelle. Les paysans novatiens, animés par le
désespoir et la terreur religieuse, marchèrent hardiment contre ceux qui
venaient envahir leur pays, et une multitude d’hommes sans discipline, et sans
autres armes que des haches et des pelles, vengèrent la mort d’un grand nombre
de leurs compatriotes par le massacre de quatre mille soldats, dont un très
petit nombre sauvèrent leur vie par une fuite ignominieuse. Le successeur de
Constance a peint d’une manière énergique et concise une partie des malheurs
dont les querelles théologiques affligèrent l’empire, et principalement les
provinces orientales, sous le règne d’un prince esclave de ses propres passions
et de celles de ses eunuques : On emprisonnait, on persécutait et l’on
bannissait les citoyens ; on a égorgé, particulièrement à Cyzique et à
Samosate, des troupes entières de ceux qu’on appelle hérétiques : en
Paphlagonie, en Bithynie, en Galatie, et dans beaucoup d’autres provinces, on
voyait des villes et des villages entiers sans habitants et tout à fait déserts [2461] .
    Tandis que la fureur des disputes de l’arianisme déchirait
le cœur de l’empire, des ennemis particuliers désolaient les provinces de
l’Afrique, sous le nom de circoncellions. Ces fanatiques féroces étaient à la
fois la force et la honte du parti des donatistes [2462] . L’exécution
sévère des lois de Constantin avait excitée l’esprit de mécontentement et de
révolte ;  et la haine mutuelle, première cause de la séparation, s’était
envenimée par les efforts assidus de son fils Constans pour opérer la réunion
de l’Église. Les moyens de force et de corruption employés par les commissaires
impériaux, Paul et Macaire, fournissaient aux schismatiques le prétexte d’un
contraste odieux entre les maximes des apôtres et la conduite de leurs
prétendus successeurs

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