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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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religieuse
sur leurs partisans, perdaient et regagnaient alternativement les possessions
temporelles de l’Église. L’abus du christianisme fit naître dans l’empire
romain de nouveaux sujets de tyrannie et de sédition. Les violences des
factions religieuses rompirent tous les liens de la société civile ; et le
citoyen obscur qui pouvait regarder avec indifférence la chute ou l’élévation
des empereurs, imaginait et éprouvait que sa vie et sa fortune se trouvaient
liées avec les intérêts du chef ecclésiastique et qu’il avait choisi. L’exemple
des deux capitales, Rome et Constantinople, peut servir à nous donner une idée
de l’état de l’empire, et du .caractère des hommes sous le régner des fils de
Constantin.
    I . Les pontifes romains, aussi longtemps qu’ils se
tinrent à leur rang et conservèrent leurs principes, furent gardés par le zèle
et l’attachement d’un grand peuple, et purent rejeter avec dédain les prières,
les menaces et les offres d’un prince hérétique. Quand les eunuques eurent
secrètement ordonné l’exil de Liberius les craintes fondées d’une révolte les
obligèrent à n’entreprendre l’exécution de cette sentence qu’avec les plus
grandes précautions. On investit la ville de tous côtés, et le préfet reçut
ordre de se saisir de l’évêque par force ou par adresse. Il obéit. Liberius,
avec bien de la peine, fut enlevé précipitamment à minuit, et éloigner des
Romains avant que la fureur eût succédé à leur consternation. Dès qu’ils eurent
appris que leur évêque était relégué au fond de la Thrace, on convoqua une
assemblée générale, et le clergé de Rome engagea, par un serment public et
solennel, à ne jamais abandonner le parti de son évêque, et à ne jamais reconnaître
Félix, qui, par l’influence des eunuques, avait été irrégulièrement élu et
consacré dans l’enceinte d’un palais profane. Au bout de deux ans, cette pieuse
obstination subsistait encore dans toute sa force ; et lorsque Constance visita
Rome, les sollicitations du peuple l’assaillirent de tous côtés. Les Romans,
conservaient encore, pour tout reste de leur ancienne liberté, le droit de
traiter avec leurs empereurs dans les termes d’une familiarité insolente. Les
femmes d’un grand nombre de sénateurs et de citoyens distingués, après avoir
pressé leurs maris d’intercéder en faveur de Liberius, pensèrent que cette
commission serait moins dangereuse entre leurs mains, et peut-être mieux
accueillie de leur part. Constance reçut avec politesse ces députés femelles,
dont les habits à la parure magnifiques attestaient le rang et l’opulence. Il
fut frappé de la ferme résolution qu’elles annoncèrent de suivre leur vénérable
pasteur jusqu’à l’extrémité de la terre, et il consentit que les deux évêques
Liberius et Félix, gouvernassent en paix chacun leur congrégation. Mais des
idées de tolérance étaient si opposées à la pratique et même aux inclinations
de ces temps, que lorsqu’on lut publiquement la réponse de Constance dans le
cirque de Rome, ce projet d’accommodement raisonnable n’excita que le mépris,
et fut rejeté unanimement. Cette véhémence de passion qu’avaient coutume de
manifester, au moment décisif, les spectateurs d’une course de chevaux, se
trouvait maintenant dirigée vers des objets bien différents. Le cirque retentit
des cris répétés de : Un Dieu, un Christ, un évêque . Le zèle du peuple
romain pour la cause de Liberius ne s’en tint pas à des paroles. La dangereuse
et sanglante sédition qui éclata peu de temps après le départ de Constance,
détermina ce prince à recevoir favorablement la soumission du prélat, et à lui
rendre sans partage le gouvernement de la capitale. Après une résistance faible
et inutile, le rival de Liberius fut expulsé de la ville avec le consentement
de l’empereur et parla forcé du parti, opposé. Les partisans de Félix furent
inhumainement égorgés dans les rues, dans les places publiques, dans les bains,
dans les églises même ; et Rome, au retour d’un évêque chrétien, présenta de
nouveau l’horrible spectacle des massacres de Marius et des proscriptions de
Sylla [2454] .
    II . Quoique les chrétiens se fussent rapidement
multipliés sous le gouvernement de la race flavienne, Rome, Alexandrie et les
autres grandes villes de l’empire contenaient encore une nombreuse et puissante
faction d’infidèles, qui enviaient la

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