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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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les plus zélés idolâtres à
venger l’honneur de leurs divinités. D’autres se précipitaient dans les lieux
où se rendait la justice, et forçaient les juges effrayés à ordonner leur
prompte exécution. Ils arrêtaient souvent les voyageurs sur les grands chemins,
et les forçaient à leur infliger le martyre, en leur promettant une récompense
s’ils consentaient à les immoler, et en les menaçant de leur donner la mort
s’ils leur refusaient ce singulier service. Lorsque toutes ces ressources leur
manquaient, ils annonçaient un jour où, en présence de leurs amis et de leurs
parents, ils se précipiteraient du haut d’un rocher ; et on montrait plusieurs
précipices devenus fameux par le nombre de ces suicides religieux. Dans la
conduite furieuse de ces enthousiastes, admirés par un parti comme les martyrs
de la foi, et abhorrés par l’autre comme les victimes de Satan, un philosophe
impartial découvre aisément l’influence ou l’abus de l’inflexibilité d’esprit
puisée dans le caractère et les principes de la nation juive.
    Le simple récit des divisions intestines qui troublèrent a
paix de l’Église et déshonorèrent son triomphe, confirmera la remarque d’un
historien païen, et justifiera les plaintes d’un respectable évêque.
L’expérience avait convaincu Ammien que les chrétiens, dans leurs mutuelles
animosités, surpassaient en fureur les bêtes féroces que doit le plus redouter
l’homme [2466]  ;
et saint Grégoire de Nazianze se plaint pathétiquement de ce que le royaume de
Dieu, en proie à la discorde, présente l’image du chaos [2467] , d’une tempête
nocturne, ou même de l’enfer. Les fougueux écrivains de ce temps, dont la
partialité ne reconnaît que des vertus à leurs partisans et charge leurs
adversaires de tous les crimes, semblent, dans leurs récits, peindre la guerre
des anges contre les démons ; mais notre raison plus calme rejette
également l’idée de ces prodiges de sainteté et de ces monstres de vice : nous
demeurerons persuadés, en la consultant, que les factions qui s’accusaient
mutuellement d’hérésie, et prétendaient chacune être la seule orthodoxe, ont
également, ou dit moins indistinctement, déployé des vices et des vertus. Elles
avaient été élevées dans la même religion, dans la même société civile, dans
les mêmes craintes et les mêmes espérances pour cette vie et pour celle qui
doit la suivre. De quelque côté que fût l’erreur, elle pouvait être innocente
dans les deux opinions. La foi pouvait être sincère et la pratique vertueuse ou
corrompue. Les passions des deux partis étaient excitées par les mêmes objets ;
ils pouvaient alternativement abuser de la faveur de la cour ou de celle du
peuple. Les opinions métaphysiques des disciples d’Arius ou de saint Athanase
ne changeaient pas leur caractère moral, et étaient également animés par
l’esprit d’intolérance que le fanatisme a su tirer des maximes pures et simples
de l’Évangile.
    L’auteur moderne d’une histoire, qu’avec une juste confiance
il a honoré du titre de politique et philosophique [2468] , accuse
Montesquieu d’une réserve timide, parce qu’au nombre des causes qui ont entraîné
la décadence de l’empire, il n’a pas compris une loi de Constantin qui
supprimait absolument le culte des païens, et laissait une grande partie de ses
peuples sans prêtres, sans temples, et sans religion publique. Le zèle de cet
écrivain philosophe pour les droits de l’humanité, l’a fait acquiescée au
témoignage équivoque des ecclésiastiques qui ont trop légèrement attribué à
leur héros favori le mérite d’une persécution générale [2469] . Au lieu de
donner foi à une loi imaginaire, qui, si elle eût existé, se placerait avec
orgueil en tête des codes impériaux, nous pouvons nous en rapporter à la lettre
originale de Constantin, que cet empereur adressait aux sectateurs de
l’ancienne religion dans un temps où il ne déguisait plus sa conversion, et où
son trône était affermi par la chute de tous ses rivaux. Il invite et exhorte
dans les termes les. plus pressants tous les sujets de l’empire romain à imiter
l’exemple de leur souverain ; mais il déclare que ceux dont l’aveuglement
résistera à la lumière céleste jouiront en paix de leurs temples et du culte de
leurs dieux imaginaires. La suppression totale des cérémonies du paganisme est
formellement démentie par l’empereur

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