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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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élevés à la déesse de la Paix et au Génie de Rome [181] . Ces monuments
étaient l’ouvrage des Romains ; mais ils étaient remplis des chefs-d’œuvre
de la Grèce en peinture et en sculpture. Les savants trouvaient dans le temple
de la Paix une bibliothèque curieuse. A quelque distance était située la place
de Trajan ; elle était environnée d’un portique élevé, et formait un carré
dont quatre arcs de triomphe faisaient les vastes et nobles entrées ; au
milieu s’élevait une colonne de marbre haute de cent dix pieds, et, qui
marquait ainsi l’élévation de la colline qu’il avait fallu couper. Cette
colonne n’a rien perdu de sa beauté ; on y voit encore une représentation
exacte des exploits de son fondateur dans la Dacie. Le vétéran contemplait
l’histoire de ses campagnes ; et séduit par l’illusion de la vanité
nationale, le paisible citoyen partageait les honneurs du triomphe. Les autres
parties de la capitale, et toutes les provinces de l’empire se ressentaient de
ce généreux esprit de magnificence publique ; des amphithéâtres, des
théâtres, des temples, des portiques, des arcs de triomphe, des bains et des
aqueducs, servaient, chacun selon leur destination, à la santé, à la religion
et aux plaisirs du moindre des citoyens. Parmi ces divers édifices, les
derniers méritent surtout notre attention ; leur utilité, la hardiesse de
l’entreprise et la solidité de l’exécution, mettent les aqueducs au rang des
plus beaux monuments du génie et de la puissance de Rome. Ceux de la capitale
méritent à tous égards la préférence ; mais le voyageur curieux qui
examinerait les aqueducs de Spolète, de Metz et de Ségovie, sans être éclairé
par le flambeau de l’histoire, croirait que ces villes ont été autrefois la
résidence d’un grand monarque. Les déserts de l’Asie et de l’Afrique étaient
autrefois remplis de cités florissantes, qui ne devaient leur population, leur
existence même, qu’à ces courants artificiels d’une eau salubre, et toujours
prête à fournir à leurs besoins [182] .
    Nous avons fait l’énumération des habitants de l’empire, et
nous venons de contempler le spectacle pompeux de ses ouvrages publics : un
coup d’œil sur le nombre et la grandeur des villes confirmera nos observations
sur le premier point, et nous donnera occasion sur le second d’en faire de
nouvelles ; mais, en rassemblant quelques faits, il ne faut pas oublier
que la vanité des nations et la disette des langues ont fait donner
indifféremment le nom vague de ville à Rome et à Laurentum.
    I . On prétend que l’ancienne Italie renfermait onze
cent quatre-vingt dix-sept villes : et à quelque époque de l’antiquité que
puisse se rapporter ce calcul [183] ,
il n’existe aucune raison pour croire que dans le siècle des Antonins le nombre
de ses habitants ait été moins considérable qu’au temps de Romulus. Attirés par
une influence supérieure, les petits États du Latium furent insensiblement
compris dans la métropole de l’empire. Ces mêmes contrées, qui ont langui si
longtemps sous, le gouvernement faible et tyrannique des prêtres et des
vice-rois, n’avaient éprouvé alors que les malheurs plus supportables de la
guerre ; et les premiers symptômes de décadence qu’elles éprouvèrent
furent amplement compensés par les rapides progrès qui se firent remarquer dans
la prospérité de la Gaule cisalpine. La splendeur de Vérone paraît encore par
ses ruines ; et cependant Vérone était moins illustre que les villes
d’Aquilée, de Padoue, de Milan ou de Ravenne.
    II . L’esprit, d’amélioration avait passé au-delà des
Alpes, dans les forêts mêmes de la Bretagne, dont l’épaisseur s’éclaircissait
par degrés pour faire place à des habitations commodes et élégantes. York était
le siège du gouvernement ; déjà Londres s’enrichissait par le commerce, et
Bath était célèbre pour les effets salutaires de ses eaux médicinales. Douze
cents villes faisaient la gloire de la Gaule [184] .
Dans les parties septentrionales, elles n’offraient guère pour la plupart, sans
en excepter Paris même, que des lieux de rassemblement informes et grossiers
d’un peuple naissant. Mais les provinces du midi imitaient l’élégance [185] et la pompe de
l’Italie [186]  :
Marseille, Nîmes, Arles , Narbonne, Toulouse, Bordeaux, Autun, Vienne, Lyon,
Langres et Trèves, étaient déjà célèbres ; et leur ancienne

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