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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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condition pourrait
être comparée à leur état présent, si même ces villes n’étaient pas alors plus
florissantes. L’Espagne, si brillante dans les temps qu’elle n’était qu’une
simple province, est bien déchue depuis qu’elle a été érigée en monarchie.
L’abus de ses forces, la superstition et la découverte de l’Amérique, l’ont
entièrement épuisée. Son orgueil ne serait-il pas confondu, si nous lui
demandions ce que sont devenues ces trois cent soixante villes, dont Pline a
parlé sous le règne de Vespasien [187]  ?
    III . Trois cents villes en Afrique avaient été
soumises à Carthage [188]  :
il n’est pas probable que ce nombre ait diminué sous l’administration des
empereurs. Carthage elle-même sortit de sa cendre avec un nouvel éclat, et
cette ville, aussi bien que Capoue et Corinthe, recouvra bientôt tous les
avantages qui ne sont pas incompatibles avec la dépendance.
    IV . L’Orient présente le contraste le plus frappant
entre la magnificence romaine et la barbarie  des Turcs. Des campagnes incultes
offrent de tous côtés des ruines superbes, que l’ignorance regarde comme
l’ouvrage d’un pouvoir surnaturel. Ces restes précieux de l’antiquité offrent à
peine un asile au paysan opprimé ou à l’Arabe vagabond. Sous les Césars, l’Asie
proprement dite contenait seule cinq cents villes [189] riches, peuplées,
comblées de tous les dons de la nature, et embellies par les arts. Onze d’entre
elles se disputèrent l’honneur de dédier un temple à Tibère, et leur mérité
respectif fut examiné dans le sénat de Rome [190] .
Il y en eut quatre dont la proposition fût rejetée, parce qu’on ne les crût pas
en état de fournir  aux dépenses nécessaires pour une si grande entreprise. De
ce nombre était Laodicée, dont la splendeur paraît, encore dans ses ruines [191]  : elle
retirait des revenus immenses de la vente de ses moutons, renommés pour la
finesse de leur laine ; et peu de temps avant la dispute dont nous venons
de parler, un citoyen généreux lui avait laissé plus de 400 mille livres
sterling par son testament [192] .
Telle était la pauvreté de Laodicée : elle peut nous faire juger des richesses
des villes qui avaient obtenu la préférence, et principalement de Pergame, de
Smyrne et d’Éphèse, qui se disputèrent longtemps le premier rang en Asie [193] . Les capitales
de la Syrie et de l’Égypte étaient d’un ordre encore supérieur dans
l’empire : Antioche et Alexandrie regardaient avec dédain une foule de
villes de leur dépendance [194] ,
et le cédaient à peine à la majesté de Rome elle-même.
    Toutes ces villes étaient unies entre elles, et avec la
capitale de l’empire de grands chemins qui partaient du milieu de la place de
Rome, traversaient l’Italie, pénétraient dans les provinces, et ne se
terminaient qu’à l’extrémité de cette vaste monarchie. Depuis le mur d’Antonin
jusqu’à Jérusalem, la grande, chaîne de communication s’étendait du nord-est au
sud-est, dans une longueur de quatre mille quatre-vingts milles romains [195] . Toutes les
routes étaient exactement divisées par les bornes militaires ; on les
traçait en droite ligne d’une ville à l’autre, sans avoir égard aux droits de
propriété, ni aux obstacles de la nature ; on perçait les montagnes, et
des arches hardies bravaient l’impétuosité des fleuves les plus larges et les
plus rapides [196] .
Le milieu du chemin, qui s’élevait en terrasse au-dessus de la campagne
voisine, était composé de plusieurs couches de sable, de gravier et de
ciment ; on se servait de larges pierres pour paver ; et dans
quelques endroits près de Rome, on avait employé le granit [197] . Telle était la
construction solide des grands chemins de l’empire, qui n’ont pu être
entièrement détruits par l’effort de quinze siècles. Ils procuraient aux
habitants des provinces les plus éloignées, les moyens d’entretenir une
correspondance aisée ; mais leur premier objet avait été de faciliter la
marche des légions. Les Romains ne se croyaient entièrement maîtres d’une
contrée, que lorsqu’elle était devenue, dans toutes ses parties, accessible aux
armes et à l’autorité du vainqueur. Des postes régulières, établies dans les
provinces, instruisaient en peu de temps le souverain de ce qui se passait dans
ses vastes domaines, et portaient de tous côtés ses ordres, avec promptitude [198] . On avait
distribué,

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