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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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s’imaginaient qu’il ne
pouvait croître qu’à un certain degré de chaleur, et seulement dans le
voisinage de la mer ; mais cette erreur fut insensiblement détruite par
l’industrie et par l’expérience [209] .
    IV . La culture du lin passa  de l’Égypte dans la
Gaule, et fit la richesse de tout le pays, quoique cette plante pût appauvrir
les terres particulières dans lesquelles elle était semée [210] .
    V . Les prairies artificielles devinrent communes dans
l’Italie et dans les provinces, particulièrement la luzerne, qui tirait son nom
et son origine de la Médie [211] .
Des provisions assurées d’une nourriture saine et abondante pour le bétail,
pendant l’hiver, multiplièrent le nombre des troupeaux, qui, de leur côté,
contribuèrent  à la fertilité du sol. A tous ces avantages l’on peut, ajouter
une attention particulière pour la pêche et pour l’exploitation des mines. Ces
travaux employaient une multitude de sujets, et servaient également aux
plaisirs du riche et à la subsistance du pauvre. Columelle nous a donné, dans
son excellent ouvrage, la description de l’état florissant de l’agriculture en
Espagne sous le régner de Tibère, et l’on peut observer que ces famines, qui
désolaient si souvent la république, dans son enfance, se firent à peine sentir
lorsque Rome donna des lois à un vaste empire : s’il arrivait qu’une province
éprouvât quelque disette, elle trouvait aussitôt des secours prompts dans
l’abondance d’un voisin plus fortuné.
    L’agriculture est la base des manufactures, puisque l’art ne
peut mettre en œuvre que, les productions naturelles. Chez les Romains, un
peuple entier d’ouvriers industrieux était sans cesse employé à servir, de
mille façons différentes, les gens riches. Dans leurs habits, leurs tables,
leurs maisons et leurs meubles, les favoris de la fortune réunissaient tous les
raffinements de l’élégance, de l’utilité et de la magnificence ; on voyait
briller autour d’eux tout ce qui pouvait flatter leur vanité et satisfaire leur
sensualité. Ce sont ces raffinements si connus sous le nom odieux de luxe, qui
ont excité dans tous les siècles l’indignation des moralistes. Peut-être la
société serait-elle plus parfaite et plus heureuse, si tous les hommes
possédaient le nécessaire, et que personne ne jouît du superflu ; mais,
dans l’état actuel, le luxe, quoique né du vice ou de la folie, paraît seul
pouvoir corriger la distribution inégale des biens. L’ouvrier laborieux,
l’artiste adroit ne possèdent aucune terre ; mais ceux qui les ont en
partage consentent à leur payer une taxe, et les propriétaires sont portés, par
leur intérêt, à cultiver avec plus de soin des productions dont l’échange leur
fournit de nouveaux moyens de plaisir. Cette réaction, dont toute société
éprouve des effets particuliers, se fit sentir avec une énergie bien plus
puissante dans l’univers romain. Les provinces auraient bientôt été épuisées,
si les manufactures et le commerce de luxe n’eussent rendu à des sujets
industrieux les richesses que leur avaient enlevées les armes et la puissance
de Rome. Tant que la circulation ne s’étendit pas au-delà des limites de
l’empire, elle imprima un degré d’activité, à la machine politique, et ses
effets souvent utiles, ne furent jamais pernicieux.
    Mais rien n’est peut-être plus difficile que de renfermer le
luxe dans les bornes d’un État. Les contrées les plus éloignées furent mises à
contribution pour fournir de nouveaux aliments au faste et à la pompe de la
capitale. Les forêts de la Scythie donnaient des fourrures précieuses. On
transportait l’ambre par terre, depuis les rives de la Baltique jusqu’au
Danube ; et les Barbares étaient étonnés du prix qu’ils recevaient en échange
pour une production de si peu d’utilité [212] .
Les tapis de Babylone et les autres ouvrages de l’Orient étaient fort
recherchés ; mais c’était avec l’Arabie et avec l’Inde que se faisait le
commerce le plus considérable et le moins approuvé. Tous les ans, vers le
solstice d’été, une flotte de cent vingt vaisseaux partait de Myos-Hormos, port
d’Égypte situé sur la ruer Rouge. A l’aide des moussons, elle traversait
l’Océan en quarante jours : la côte de Malabar et l’île de Ceylan [213] étaient le terme
ordinaire de cette navigation ; et les marchands des régions de l’Asie les
plus éloignées s’y

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