Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
Vom Netzwerk:
dévastation des
alentours de la ville, Julien jetait souvent des regards inquiets vers le
nord : après avoir pénétré en vainqueur jusqu’aux portes de la capitale,
il comptait que Sébastien et Procope, ses lieutenants, déployant le même
courage et la même activité, ne tarderaient pas à le joindre. Ses espérances
furent trompées par la trahison du roi d’Arménie, qui permit et qui
vraisemblablement ordonna la désertion des troupes qu’il avait données comme
auxiliaires aux Romains [2777] ,
et par la mésintelligence des généraux qui ne purent s’accorder sur la
formation ou l’exécution des plans. Lorsqu’il n’espéra plus de voir arriver ce
renfort important, il consentit à assembler un conseil de guerre ; et chacun
ayant donné librement son avis, il approuva l’opinion de ceux de ses généraux à
qui le siège de Ctésiphon paraissait une opération inutile et dangereuse. Il
n’est pas aisé de concevoir par quel progrès dans l’art de fortifier les
places, une ville assiégée et prise trois fois par les prédécesseurs de Julien,
était devenue imprenable à une armée de soixante mille Romains que commandait
un général expérimenté et brave, qui avait à sa suite une flotte et des vivres,
des machines de siège et des munitions de guerre en abondance ; mais, d’après
ce qu’on sait du caractère de Julien, son amour pour la gloire et son mépris du
danger nous sont de sûrs garants qu’il ne se laissa point décourager par des
obstacles faibles ou imaginaires [2778] .
A l’époque même où il craignit d’entreprendre le siège de Ctésiphon, il rejeta
avec inflexibilité et avec mépris les ouvertures de paix les plus flatteuse.
Sapor, longtemps accoutumé aux lentes démonstrations de Constance, et surpris
de l’intrépide activité de son successeur, avait ordonné aux satrapes de toutes
les provinces, jusqu’aux confins de l’Inde et de la Scythie, d’assembler les
troupes et de venir sans délai au secours de leur monarque. Mais ils
prolongèrent leurs préparatifs, ne hâtèrent point leurs mouvements, et Sapor
n’avait point encore d’armée lorsqu’il apprit la triste nouvelle de la
dévastation de l’Assyrie, de la ruine de ses palais, et du massacre de l’élite
de ses troupes qui défendait le passage du Tigre. L’orgueil de la royauté fut
abaissé jusqu’à la dernière humiliation ; le despote prit ses repas assis sur
la terre, et le désordre de sa chevelure annonça les peines et les inquiétudes
de son esprit. Peut-être n’eût-il pas refusé de payer de la moitié de son
royaume la sûreté du reste ; peut-être se fût-il trouvé heureux de se déclarer,
dans un traité de paix, l’allié fidèle et soumis du conquérant romain. Un
ministre, distingué par son rang et la confiance de son maître, partit sous le
prétexte d’une affaire particulière, vint en secret se jeter aux pieds de
Hormisdas, et demanda, en suppliant, qu’on lui permît de voir l’empereur. Le
prince sassanien, soit qu’il écoutât la voix de l’orgueil ou celle de
l’humanité, soit qu’il fût entraîné par le sentiment de sa naissance ou par les
devoirs de sa position, favorisa une mesure salutaire qui devait terminer les
malheurs de la Perse, et assurer le triomphe de Rome : il fut étonné de
l’inflexible fermeté d’un héros qui, malheureusement pour lui, se souvint
qu’Alexandre avait toujours rejeté Ies propositions de Darius. Julien, sachant
que l’espoir d’une paix sûre et honorable ralentirait l’ardeur de ses soldats,
pressa Hormisdas de renvoyer sans bruit le ministre du roi de Perse, et de
dérober aux troupes une si dangereuse tentation [2779] .
    La gloire et l’intérêt de Julien ne lui permettaient pas de
perdre son temps sous les murs invincibles de Ctésiphon ; et, tontes les fois
qu’il appela dans la plaine les Barbares qui défendaient la ville, ils
répondirent sagement que, s’il voulait exercer sa valeur, il pouvait chercher
l’armée du grand roi. Il sentit l’insulte que renfermaient ces paroles, et
suivit le conseil qu’on lui donnait. Au lieu d’asservir sa marche aux rives de
l’Euphrate et du Tigre, il résolut d’imiter la hardiesse d’Alexandre, et de
pénétrer assez loin dans les provinces de l’intérieur, pour forcer son rival à
lui disputer, peut-être dans les plaines d’Arbèles, l’empire de l’Asie. Sa
magnanimité fut applaudie et trahie par un noble Persan, qui, pour sauver son
pays, eut

Weitere Kostenlose Bücher