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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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maintenant fourni quelques matériaux au
sophiste d’Antioche [2767] .
    Son heureuse valeur, triomphant jusqu’ici de tous les
obstacles, l’avait conduit jusqu’aux portes de Ctésiphon ; mais la réduction,
ou même le siège de la capitale : de la Perse : était encore éloigné ; et ou ne
peut juger le mérite de cette campagne sans connaître le pays qui servait de
théâtre à ses hardies et savantes opérations [2768] . Les voyageurs
ont observé à vint milles au sud de Bagdad et sur la rixe orientale du Tigre,
les ruines du palais de Ctésiphon, ville grande et très peuplée à l’époque où
vivrait Julien. Le nom, la gloire de Séleucie, située aux environs, avaient
disparu, et les restes de cette colonie grecque avaient repris, avec la langue
et les mœurs de l’Assyrie, l’ancienne dénomination de Coche. Coche se trouvait
sur la rive occidentale du Tigre ; mais on la regardait comme le faubourg ; de
Ctésiphon, et on peut croire qu’un pont de bateaux la réunissait à cette ville.
C’était à la réunion de ces diverses parties que s’appliquait la dénomination
d’ al modain (des cités) dont les Orientaux se servaient pour désigner la
résidence d’hiver des Sassanides : enfin Ctésiphon, capitale de la Perse, était
défendue de tous côtés par les eaux du fleuve, par des murs élevés, et par des
marais impénétrables. L’armée de Julien campait près des ruines de Séleucie ;
un fossé et un rempart la garantissaient des sorties de la nombreuse garnison
de Coche. Cette contrée agréable et fertile offrait en abondance aux Romains de
l’eau et du fourrage, et plusieurs forts qui auraient embarrassé les mouvements
des troupes, cédèrent, après quelque résistance, à l’effort de leurs armes. La
flotte passa de l’Euphrate dans un canal profond et navigable qui porte au
Tigre les eaux de cette rivière un peu au-dessous de la capitale. Si les
navires eussent suivi ce canal qui portait le nom de Nahar-Malcha [2769] , et qui avait
été construit par les rois du pays, Coche, située dans l’intervalle, aurait
séparé la flotte et l’armée des Romains : si par un effort imprudent on eût
voulu remonter le Tigre, et pénétrer à travers tant d’obstacles au milieu d’une
capitale ennemie, la flotte romaine pouvait difficilement échapper à une
destruction totale. La prudence de Julien prévit le danger, et il trouva le
remède. Il avait soigneusement étudié les opérations de Trajan sur le même
terrain ; il se souvint que ce prince avait ouvert un nouveau canal, qui,
laissant Coche à droite, versait les eaux du Nahar-Malcha dans le Tigre, un peu
au-dessus de Ctésiphon. A l’aide de quelques paysans, il suivit les traces de
cet ancien ouvrage, que le temps ou la prévoyance des ministres de Perse avait
presque effacées. Ses infatigables soldats ouvrirent bientôt un large et
profond canal aux eaux de l’Euphrate ; on éleva une forte digue pour
interrompre le courant du Nahar-Malcha : les flots se précipitèrent avec impétuosité
dans leur nouveau lit ; et les navires romains, arrivant en triomphe au milieu
du Tigre, insultèrent aux vaines barrières que les habitants de Ctésiphon
avaient voulu opposer à leur passage.
    Comme il était nécessaire de faire passer le Tigre à l’armée,
il fallut se livrer à un autre travail, moins pénible, mais plus dangereux. Le
lit du fleuve était large et profond, ses bords escarpés et difficiles, et les
retranchements formés sur la rive opposée étaient garnis d’une nombreuse armée
de cuirassiers difficiles à ébranler, d’habiles archers et de puissants
éléphants, qui, selon l’extravagante hyperbole de Libanius, auraient foulé aux
pieds une légion de Romains aussi facilement qu’un champ de blé [2770] . Il n’y avait
aucun moyen de construire un pont devant de tels ennemis ; et l’intrépide
Julien, qui saisit sur-le-champ le seul expédient praticable, cacha son dessein
aux Barbares, à ses troupes, à ses généraux eux-mêmes, jusqu’à l’instant de
l’exécution. On déchargea peu à peu quatre-vingts navires, sous prétexte
d’examiner l’état des magasins, et un corps d’élite, qui paraissait destiné à
une expédition secrète, eut ordre de prendre les armes au premier signal.
L’empereur dissimulait son inquiétude sous l’apparence de la confiance et de la
joie. Pour distraire et insulter les nations ennemies, il ordonna des jeux
militaires sous les murs de Coche. Cette

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