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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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délibéraient, un petit
nombre de voix saluèrent des noms d’empereur et d’Auguste, Jovien, qui n’était
que le premier des domestiques [2804] .
Cette acclamation tumultueuse fut répétée au même instant par les gardes qui
environnaient la tente, et en peu de minutes elle se répandit jusqu’aux
extrémités du camp. Jovien, étonné de sa fortune et revêtu à la hâte du costume
impérial, reçut le serment de fidélité de ces généraux, dont il sollicitait
l’instant d’auparavant la faveur et la protection. La meilleure recommandation
de Jovien était le mérite de son père, le comte Varronien, qui jouissait, dans
une glorieuse retraite, du fruit de ses longs services. Son fils, dans
l’obscure indépendance d’une condition privée, s’était livré à son goût pour le
vin et pour les femmes ; il s’était cependant montré avec courage comme
chrétien [2805] et comme soldat. Quoiqu’il ne possédât aucune de ces qualités brillantes, qui
excitent l’admiration et l’envie des hommes, sa figure agréable, la gaîté de
son humeur, et la vivacité de son esprit, lui avaient acquis l’attachement de
ses camarades ; et les généraux des deux partis consentirent d’autant plus
volontiers à une élection approuvée de l’armée, qu’elle n’était point la suite
des artifices du parti opposé à celui qu’ils soutenaient. L’orgueil de ce
succès inattendu fut tempéré par la juste crainte qu’éprouva le nouvel
empereur, de voir le même jour terminer sa vie et son règne. On obéit sans
délai à la voix pressante de la nécessité, et les premiers ordres qu’il donna
peu d’heures après la mort de son prédécesseur furent de continuer une marche
qui, seule pouvait sauver les Romains [2806] .
    La crainte d’un ennemi est le plus sûr témoignage de son
estime, et la joie qu’il ressent de sa délivrance indique d’une manière assez
exacte le degré de sa crainte. L’heureuse nouvelle de la mort de Julien, qu’un
déserteur porta au camp de Sapor, donna au monarque découragé la confiance
subite de la victoire. Il détacha sur-le-champ la cavalerie royale, peut-être
les dix mille immortels [2807] ,
à la poursuite des Romains, et avec le reste de ses forces il tomba sur leur
arrière-garde. Cette arrière-garde fût mise en désordre ; les éléphants
enfoncèrent et foulèrent aux pieds ces légions si célèbres qui tenaient leurs
noms de Dioclétien et de son belliqueux collègue, et trois tribuns perdirent la
vie en voulant arrêter la fuite de leurs soldats. La bravoure opiniâtre des
Romains rétablit enfin le combat. Les Persans furent repoussés ; ils perdirent
un grand nombre de guerriers et d’éléphants ; et l’armée, après avoir marché ou
combattu depuis le matin jusqu’au soir d’un long jour de l’été, arriva le soir
à Sumara, sur les bords du Tigre, environ cent milles au-dessus de Ctésiphon [2808] . Le lendemain,
les Barbares, au lieu de harasser la marche de Jovien, attaquèrent son camp,
qui se trouvait placé dans une vallée profonde : Du haut des collines, les
archers persans insultèrent et chargèrent les légionnaires fatigués ; et un
corps de cavalerie qui, avec un courage forcené, s’était précipité jusque dans
le prétoire, fut taillé en pièces près de la tente de l’empereur, après un
combat dont l’issue avait été d’abord incertaine. Les hautes digues du fleuve
protégèrent la nuit suivante le camp de Carche ; et quatre jours après la mort
de Julien, l’armée romaine, quoique harcelée sans cesse par les Arabes, établit
ses tentes prés de la ville de Dura [2809] .
Elle avait toujours le Tigre à sa gauche ; elle se voyait à lieu pris à la fin
de ses espérances et de ses vivres ; et les soldats, qui s’étaient persuadé
qu’ils avaient peu de chemin à faire pour arriver aux frontières de l’empire,
supplièrent, dans leur impatience, le nouveau souverain de hasarder le passage
du fleuve. Jovien, aidé des plus sages officiers, essaya de combattre leur
téméraire projet, en leur représentant que, s’ils avaient assez d’adresse et de
vigueur pour dompter le torrent d’un fleuve rapide et profond, ils sic feraient
que se livrer nus et sou défense aux Barbares qui occupaient le rivage opposé.
Cédant enfin à leurs importunes clameurs, il permit à cinq cents Gaulois et
Germains, accoutumes dis leur enfance aux eaux du Rhin et du Danube, de tenter
cette entreprise, dont le résultat devait

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