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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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influence dans les conseils de l’Occident [3000] .

Chapitre XXVI
Mœurs des nations pastorales. Marche des Huns de la Chine en Europe. Défaite
des Goths ; ils passent le Danube. Guerre des Goths. Défaite et mort de Valens.
Gratien élève Théodose sur le trône de l’empire d’Orient. Son caractère et ses
succès. Paix et établissement des Goths.
    DANS la seconde année du règne de Valentinien et de Valens,
le 21 du mois de juillet, pendant la matinée, un tremblement de terre violent
et destructeur ébranla presque toute la surface du globe occupée par l’empire
romain. Le mouvement se communiqua aux mers ; les rives baignées ordinairement
par la Méditerranée restèrent à sec ; on prit à la main une quantité immense de
poissons. De grands vaisseaux se trouvèrent enfoncé dans la bourbe, et la
retraite des flots offrit à l’œil ou plutôt à l’imagination, flattée de ce
singulier tableau [3001] ,
des montagnes et des vallées, qui, depuis la formation du monde, n’avaient
jamais été exposées aux rayons du soleil. Mais au retour de la marée, les eaux
s’élancèrent avec une impétuosité et un poids irrésistibles qui causèrent les
plus grands désastres sur les côtes de la Sicile, de la Dalmatie, de la Grèce
et de l’Égypte. De grands bateaux furent entraînés et placés sur les toits des
maisons, ou à la distance de deux milles du rivage ordinaire. Les maisons
englouties disparurent avec leurs habitants, et la ville d’Alexandrie a
perpétué, par une cérémonie annuelle le souvenir de l’inondation funeste, qui
coûta la vie à cinquante mille de ses citoyens. Cette calamité, dont le récit
s’exagérait en passant d’une province à l’autre, frappa tout l’empire
d’étonnement et d’épouvante, et les imaginations, effrayées étendirent les
conséquences d’un malheur momentané. On se rappelait les tremblements de terre
précédents, qui avaient détruit les villes de la Palestine et de la Bithynie,
et les Romains étaient disposés à regarder ces coups terribles comme l’annonce
de malheurs encore plus affreux. Leur vanité, timide confondait les symptômes
du déclin de leur empire avec ceux de la fin du monde [3002] . On avait alors
pour habitude d’attribuer tous les événements extraordinaires à une volonté
particulière de la Divinité. Tous les phénomènes de la nature se trouvaient
liés par une chaîne invisible aux opinions morales ou métaphysiques de l’esprit
humain, et les plus profonds théologiens pouvaient indiquer, d’après l’espèce
de leurs préjugés, comment l’établissement de l’hérésie tendait nécessairement
à produire le tremblement de terre ; par quelle cause l’inondation devait inévitablement
résulter des progrès de l’erreur et de l’impiété. Sans prétendre discuter la
probabilité de ces sublimes spéculations, l’historien, doit se contenter
d’observer, sur l’autorité de l’expérience, que les passions des hommes sont
plus funestes, au genre humain que les convulsions passagères des éléments [3003] . Les effets
destructeurs d’un tremblement de terre, d’une tempête, d’une inondation ou de
l’éruption d’un volcan, sont très peu de chose, comparés aux calamités
ordinaires de la guerre ; même adoucies comme elles le sont maintenant par la
prudence ou par l’humanité des souverains de l’Europe, lorsqu’ils amusent leurs
loisirs ou exercent le courage de leurs sujets par la pratique de l’art
militaire. Cependant les mœurs et les lois de l’Europe moderne protègent la vie
et la liberté du soldat vaincu, et le citoyen paisible a rarement à se plaindre
que sa personne ou même sa fortune, ait eu à souffrir des malheurs de la
guerre. A l’époque désastreuse de la chute de l’empire romain, que nous pouvons
dater du règne de Valens, la sûreté de tous les citoyens était personnellement
attaquée. Les arts et les travaux, fruits de l’industrie d’une longue série de
siècles, disparaissaient sous les mains féroces des Barbares d’Allemagne et de
Scythie. L’invasion des Huns précipita sur les provinces de l’Occident la
nation des Goths, qui, en moins de quarante ans, envahirent depuis les bords du
Danube jusqu’à l’océan Atlantique, et ouvrirent, par leurs succès, une route
aux incursions de tant de hordes encore plus sauvages. Les contrées reculées du
globe recélaient le principe de cette grande commotion ; et l’examen attentif
de la vie

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