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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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audacieusement
sur les terres des Alains, peuple de pasteurs, qui occupait ou dévastait une
vaste étendue des déserts de la Scythie. Les Alains couvraient de leurs tentes
les plaines situées entre le Tanaïs et le Volga ; mais leurs noms et leurs
mœurs s’étendaient à toutes leurs conquêtes ; et les tribus des Agathirses et
des Gélons, remarquables Par leur coutume de se peindre le corps, étaient du
nombre de leurs vassaux. Ils avaient pénétré au nord, dans les régions glacées
de la Sibérie, parmi des sauvages dont la rage ou la faim se nourrit de chair
humaine ; et au sud, ils poussaient leurs incursions jusqu’aux frontières de la
Perse et de l’Inde. Le mélange des races sarmates et germaines avait un peu
contribué à rectifier les traits des Alains, à blanchir leur peau basanée, à
teindre leur chevelure d’une couleur plus claire, qu’il est rare de rencontrer
chez les Tartare. Moins difformes et moins sauvages que les Huns, mais non
moins redoutables, ils ne leur cédaient point pour la valeur et pour l’amour de
la liberté, et rejetèrent toujours l’usage de l’esclavage domestique.
Passionnés pour la guerre, les Alains regardaient le pillage et les combats
comme la gloire et la félicité du genre humain. Un cimeterre nu fiché en terre,
était le seul objet de leur culte religieux. Les ornements dont ils
caparaçonnaient leurs chevaux, chèrement achetés au prix de leur sang, étaient
composés des crânes de leurs ennemis, et ils regardaient avec pitié les
guerriers pusillanimes qui attendaient patiemment la mort des infirmités de
l’âge ou des douleurs d’une longue maladie [3054] .
Les Huns et les Alains combattirent, sur les bords du Tanaïs, avec une valeur
égale, mais avec un succès différent. Les Huns l’emportèrent ; le roi des
Alains perdit la vie, et les restes de la nation vaincue, réduits à
l’alternative ordinaire de la fuite ou de la soumission, se dispersèrent en
divers lieux [3055] .
Une colonie de ces exilés trouva un refuge dans les montagnes du Caucase, entre
le Pont-Euxin et la mer Caspienne, où ils conservent encore leur nom et leur
indépendance. Une autre colonie s’avança avec intrépidité jusqu’à la mer
Baltique, s’associa aux tribus septentrionales de l’Allemagne, et partagea le butin
fait dans la Gaule et dans l’Espagne sur les sujets de l’empire, mais la plus
nombreuse partie des Alains accepta une alliance honorable et avantageuse avec
ses vainqueurs ; et les Huns, qui estimaient la valeur de leurs ennemis
vaincus, s’avancèrent avec leurs forces réunies vers les frontières de l’empire
des Goths.
    Le grand Hermanric, dont les États s’étendaient depuis la
mer Baltique jusqu’au Pont-Euxin, jouissait sur la fin de sa vie, du fuit de
ses victoires et d’une brillante réputation, quand il fut alarmé par l’approche
redoutable d’une multitude d’ennemis inconnus [3056] , auxquels ses
barbares sujets pouvaient sans injustice donner le nom de Barbares. Le nombre
des Huns, la rapidité de leurs mouvements et leur inhumanité, jetèrent la
terreur chez les Goths, qui, voyant leurs villages en flammes et leurs champs
ensanglantés, s’exagérèrent encore leurs justes sujets d’effroi. A ces motifs
d’épouvante se joignaient la surprise et l’horreur que leur causaient la voix
grêle, les gestes sauvages et l’étrange difformité des Huns. On a comparé les
sauvages de la Scythie, et avec assez de vérité, à des animaux qui marcheraient
gauchement sur deux pieds, et à ces demi-figures appelées termes ,
placées assez souvent sur les ponts de l’antiquité. Ils différaient des autres
races d’hommes par la largeur de leurs épaulés, par leurs nez épatés et leurs
petits yeux noirs, profondément enfoncés dans la tête. Comme ils étaient
presque sans barbe ils ne présentaient jamais ni les grâces viriles de la
jeunesse, ni l’air vénérable de l’âge avancé [3057] . On leur
assignait une origine digne de leur figure et de leurs manières. Les sorcières
de la Scythie, ayant été, dit-on, bannies de la société des hommes pour leurs
forfaits, s’étaient accouplées dans les déserts avec les esprits infernaux, et
les Huns avaient été le fruit de ces exécrables amours [3058] . Cette fable
horrible et absurde fut avidement adoptée par la haine crédule des Goths ;
mais, en satisfaisant leur haine, elle augmenta leur terreur. Il était en effet
bien naturel de supposer que les

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