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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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chargés
de la défense du Danube. Ils lui apprenaient que le Nord était agité par une
terrible tempête ; que l’irruption des Huns, sauvages d’une race inconnue et
monstrueuse, avait renversé l’empire des Goths ; que cette nation orgueilleuse
et guerrière ; maintenant réduite au dernier degré d’humiliation, couvrait
d’une multitude suppliante un espace de plusieurs milles sûr les bords du
fleuve, d’où ces infortunés, les bras étendus et avec de douloureuses
lamentations déploraient leurs malheurs, le danger qui les menaçait,
sollicitaient comme leur refuge la compassion et la clémence de l’empereur, et
ils suppliaient de leur permettre de cultiver les déserts de la Thrace ;
protestant que s’ils obtenaient de sa bonté libérale un si grand bienfait, ils
se regarderaient comme attachés à l’empire par les liens les plus forts du
devoir et de la reconnaissance, observeraient ses lois et défendraient ses
frontières. Ces promesses furent confirmées par les ambassadeurs des Goths, qui
attendaient impatiemment qu’une résolution de Valens décidât du sort de leurs
infortunés compatriotes. Valentinien était mort à la fin de l’année précédente (17
novembre 375). Sa sagesse et son autorité ne dirigeaient plus les conseils de
l’empereur d’Orient ; et comme la pressante situation des Goths exigeait une
résolution aussi prompte que décisive, Valens se trouvait privé de la ressource
favorite des âmes faibles et timides, qui regardent les délais et les réponses
équivoques comme l’effort de la prudence la plus consommée. Tant que les
passions et les intérêts subsisteront parmi les hommes, les mêmes questions
débattues dans les conseils de l’antiquité, relativement à la paix ou à la
guerre, à la justice ou à la politique, se représenteront fréquemment dans les
délibérations des conseils modernes ; mais le plus habile ministre de l’Europe
n’a jamais eut à considérer l’avantage ou le danger d’admettre ou de repousser
une innombrable multitude de Barbares, contraints par la faim et par le
désespoir à solliciter un établissement sur les terres d’une nation civilisée.
L’examen d’une proposition si intimement liée avec la sûreté publique,
embarrassa et divisa le conseil de Valens ; mais ils adoptèrent tous bientôt,
le sentiment qui satisfaisait la vanité, l’indolence et l’avarice de leur
souverain. Les esclaves, décorés du titre de préfet ou de général, déguisant ou
ignorant le danger d’une émigration nationale, si excessivement différente des
colonies partielles qu’on avait reçues accidentellement sur les frontières de
l’empire, rendirent grâce à la fortune qui amenait des extrémités du globe une
multitude de guerriers intrépides pour défendre le trône de Valens, dont les
trésors pourraient désormais s’augmenter des sommes immenses que l’es
provinciaux donnaient pour se dispenser du service militaire. La cour impériale
accepta le service des Goths, et accorda leur demande. On envoya immédiatement
des ordres aux gouverneurs civils et militaires du diocèse de Thrace, de faire
les préparatifs nécessaires pour le passage et la subsistance de ce grand
peuple, en attentant qu’on eût choisi un terrain suffisant pour sa future
résidence. L’empereur mit à sa libéralité deux conditions rigoureuses que la
prudence pouvait suggérer aux Romains, mais que la situation désastreuse des
Goths pouvait seule contraindre leur indignation à supporter. Avant de
traverser le Danube, ils devaient tous livrer leurs armés, et en outre leurs
enfants, pour être répandus dans les provinces de l’Asie, où ils seraient
civilisés par l’éducation, et serviraient en même temps d’otages à la fidélité
de leurs parents.
    Dans l’incertitude où les tenait une négociation lente et
douteuse, et traitée loin d’eux, les Goths impatiens firent audacieusement
quelques tentatives pour passer le Danube sans l’aveu du gouvernement, dont ils
avaient imploré la protection. Les troupes postées le long de la rivière
veillaient sur tous leurs mouvements, et taillèrent en pièces leurs premiers
détachements ; mais telle était la pusillanimité des conseils de Valens, que
les braves officiers qui avaient rempli leur devoir en défendant leur pays,
perdirent leur emploi et sauvèrent difficilement leur vie. On reçut enfin
l’ordre impérial de faire passer le Danube à toute la nation des Goths [3065] ;

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