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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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avec les auxiliaires de l’Occident qui marchaient sous
ses drapeaux. Ils étaient composés des légions gauloises, où la désertion
s’était à la vérité introduite à tel point, qu’elles ne présentaient plus que la
vaine apparence d’une force et d’un nombre de soldats qu’elles n’avaient plus.
Dans un conseil de guerre où l’on fit parler l’orgueil à la place de la raison,
on résolut de chercher et d’attaquer les Barbares qui campaient dans de vastes
prairies, près de la plus méridionale des six embouchures du Danube [3079] . Leur camp
était fortifié, comme à l’ordinaire, par un rempart formé de chariots ; et,
tranquilles dans cette vaste enceinte [3080] ,
ils y jouissaient du fruit de leur valeur et des dépouillés de la province. Au
milieu de leurs débauches, le vigilant Fritigern examinait les mouvements et
pénétrait les desseins de ses ennemis. Il voyait toujours le nombre des Romains
s’augmenter ; et comme il ne doutait point qu’ils n’eussent l’intention de
tomber sur son arrière-garde lorsque la disette du fourrage l’obligerait à
lever son camp, il rappela tous les détachements qui battaient le pays. Dès
qu’ils aperçurent les fanaux enflammés [3081] ,
ils obéirent, avec une incroyable rapidité, au signal de leur commandant. Le
camp se remplit d’une foule guerrière ; ses clameurs impatientes demandaient la
bataille, et le courage dis chefs approuvait et animait encore le zèle
tumultueux des soldats. La nuit approchait, et les deux armées se préparèrent à
fondre l’une sur l’autre au point du jour. Tandis que les trompettes faisaient
entendre le signal du combat, un serment mutuel et solennel affermit encore
l’opiniâtre résolution des Goths. Dès que les deux armées s’ébranlèrent, la
plaine retentit des cris des Goths ; des chants grossiers, qui célébraient la
gloire de leurs ancêtres, se mêlèrent à ces cris sauvages et discordants. Les
Romains y répondirent par l’harmonie, artificielle de leur cri militaire.
Fritigern montra quelque habileté, en s’emparant d’une hauteur voisine ; mais
cette mêlée sanglante, qui, commencée avec l’aurore, ne se termina qu’à la
nuit, fut soutenue des deux côtés par les efforts obstinés de la valeur, de la
force, et de l’adresse personnelle. Les légions d’Arménie soutinrent leur
réputation mais elles furent écrasées par le poids irrésistible de la multitude
de leurs ennemis. Les Barbares rompirent l’ailé gauche des Romains, et
jonchèrent la plaine de leurs corps défigurés. Cet échec était compensé d’un
autre côté par des succès ; et lorsque la nuit fit cesser le massacré et
rentrer les deux armées dans leur camp, elles se retirèrent l’une et l’autre
sans avoir obtenu ni les honneurs ni l’avantage de la victoire. La perte se fit
sentir plus cruellement aux Romains relativement l’infériorité de leur nombre ;
mais les Barbares furent si épouvantés de cette résistance vigoureuse, et
peut-être inattendue, qu’ils restèrent sept jours sans sortir de leur camp. On
enterra les principaux officiers aussi honorablement que le permirent les
circonstances ; les corps des soldats restèrent étendus sur le champ de
bataille, et furent avidement dévorés par les oiseaux de proie, souvent
appelés, dans ce siècle, à la joie d’un pareil festin. Plusieurs années après,
les ossements blanchis et dépouillés qui couvraient encore la plaine, présentèrent
aux yeux d’Ammien union un effroyable monument de la bataille de Salices [3082] .
    L’évènement douteux de cette sanglante journée arrêta les
progrès des Goths, et les généraux de l’empire, dont l’armée aurait été
anéantie par la répétition d’une bataille si meurtrière, conçurent le projet
plus raisonnable d’accabler les Barbares sous les besoins et le poids de leur
propre multitude. Ils se préparèrent à les enfermer dans un coin de terre
étroit, entre le Danube, les déserts de la Scythie et les montagnes d’Hémus,
jusqu’à ce que l’inévitable disette de subsistances eût épuisé leurs forces et
leur courage. Ce projet fut conduit avec assez de prudence et de succès. Les
Barbares avaient consumé presque tous leurs magasins et les moissons du pays ;
les fortifications des Romains, s’avançaient et se resserraient par les soins
de Saturnin, maître général de la cavalerie ; mais une nouvelle alarmante vint
interrompre ses travaux : il apprit que de

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