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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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nouveaux essaims de Barbares avaient
passé le Danube laissé sans défense, et s’avançaient, soit pour secourir
Fritigern, soit pour l’imiter. Craignant avec raison d’être bloqué lui-même et
peut-être écrasé par les armes d’une nation inconnue, Saturnin abandonna le
siége du camp des Visigoths, et les Barbares furieux, délivrés de leurs
entraves, rassasièrent leur faim et satisfirent leur vengeance par la
dévastation du pays fertile qui s’étend à plus de trois cents milles depuis les
bords du Danube jusqu’au détroit de l’Hellespont [3083] . L’habile
Fritigern avait appelé avec succès à son secours les pissions, et l’intérêt de
ses alliés barbares, dont l’avidité pour le pillage et la haine contre les
Romains avaient secondé ou même prévenu l’éloquence de ses ambassadeurs. Il
s’unit par une étroite et utile alliance avec le corps principal de sa nation,
qui obéissait à Saphrax et à Alathæus, comme gardiens du jeune roi. Les tribus
rivales suspendirent ; en faveur de l’intérêt commun, leur ancienne animosité ;
toute la partie indépendante de la nation se rangea sous le même étendard, et
il paraît même que les chefs des Ostrogoths cédèrent le commandement à la
supériorité de mérite reconnu du général des Visigoths. Il obtint le secours
des Taifales, dont la réputation militaire était souillée et déshonorée par
l’infamie de leurs mœurs publiques. Chaque jeune homme de cette nation, à son
entrée dans le monde, s’attachait à un des guerriers de la tribu par les liens
d’une honorable amitié et d’un amour odieux, et il ne pouvait se soustraire à
cette liaison contre nature qu’après avoir prouvé sa virilité en abattant, sans
aucun secours, un ours énorme ou un sanglier de la forêt [3084] . Mais les Goths
tirèrent leurs plus formidables auxiliaires du camp des ennemis qui les avaient
chassés de leur patrie. L’indiscipline, et des possessions trop étendues,
retardaient les conquêtes des Huns et des Alains, et jetaient la confusion dans
leurs conseils. Plusieurs de leurs hordes se laissèrent séduire par les
promesses de Fritigern, et la légère cavalerie des Scythes vint soutenir les
énergiques et puissants efforts de la ferme et vigoureuse infanterie des Goths.
Les Sarmates, qui ne pouvaient pardonner au successeur de Valentinien, jouirent
de la confusion générale et l’augmentèrent ; et une irruption des Allemands,
faite à propos dans la Gaule, nécessita l’attention de l’empereur de l’Occident [3085] et divisa ses
forces.
    On sentit vivement dans cette circonstance, l’inconvénient
auquel on s’était exposé en admettant, dans l’armée, et jusque dans le palais
impérial, des Barbares qui, conservant toujours des relations avec leurs
compatriotes, leur révélaient imprudemment ou à dessein la faiblesse de
l’empire. Un des gardes du corps de Gratien était né chez les Allemands, dans
la tribut des Lentienses, qui habitait au delà du lac de Constance. Quelques
affaires de famille l’obligèrent à demander un congé, et dans la courte visite
qu’il fit à ses parents et à ses amis, la vanité du jeune soldat, exposée à
leurs questions, ne put résister au désir de faire connaître à quel point il
était au fait des desseins de l’empereur et des secrets de l’État. Instruits
par lui que Gratien se disposait à conduire toutes les forces militaires de la
Gaule et de l’Occident au secours de son oncle Valens, les Allemands,
impatients du repos, saisirent le moment favorable pour une invasion. Quelques
détachements qui passèrent dans le mois de février sur les glaces du Rhin,
furent le prélude d’une guerre plus sérieuse. L’espoir du pillage, et peut-être
de la conquête, fit taire toutes les considérations de la prudence et de la foi
nationale. De chaque forêt, de chaque village, il sortait des bandes
d’aventuriers audacieux ; et la grande armée des Allemands, que la crainte des
peuples à leur approche, fit monter d’abord à quarante mille hommes, fut
portée, après leur défaite, à soixante-dix mille, par l’adulation servile des
courtisans de la cour impériale. On rappela sur-le-champ, où l’on retint, pour
la défense de la Gaule, les légions qui avaient reçu l’ordre de partir pour la
Pannonie ; Nanienus et Mellobaudes partagèrent le commandement militaire ; et
quoique le jeune empereur respectât la sagesse et l’expérience du premier, il
se sentait plus

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