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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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irrégulière. La cavalerie des Goths fourrageait dans les environs, et
Fritigern, pour lui donner le temps d’arriver, eut recours à ses artifices
ordinaires. Il envoya plusieurs officiers porter des paroles de paix, il fit
des propositions, demanda des otages et retarda l’attaque de plusieurs heures
durant lesquelles des Romains restaient exposés, après une marché précipitée, à
la faim, à la soif et aux rayons d’un soleil insupportable. L’empereur
consentit à envoyer un ambassadeur au camp des Goths, et on applaudit au zèle
de Richomer, qui seul eut le courage d’accepter cette dangereuse commission. Le
comte des domestiques, décoré des marques de sa dignité, était déjà en chemin
quand il fut rappelé précipitamment par l’alerte de la bataille. Bacurius
l’Ibérien, qui commandait un corps d’archers et de cuirassiers, avait
imprudemment commencé l’attaque ; et comme ils s’étaient avancés en désordre,
ils prirent honteusement la fuite et furent fort maltraités. En ce moment, les
rapides escadrons de Saphrax et d’Alathæus, attendus avec tant d’impatience par
le général des Goths, descendirent comme un tourbillon des montagnes voisines,
traversèrent la plaine et appuyèrent la charge tumultueuse, mais irrésistible,
de l’armée barbare, L’événement de la bataille d’Adrianople, si fatale à
l’empereur et à l’empire, peut être rapporté en peu de mots. La cavalerie des
Romains prit la fuite ; l’infanterie fut abandonnée, entourée et taillée en
pièces. Les plus savantes évolutions et la valeur la plus ferme suffisent
rarement pour sauver un corps d’infanterie environné dans une plaine par une
cavalerie supérieure en nombre. Mais les troupes de Valens, serrées par les
ennemis, affaiblies encore par la frayeur, se trouvaient entassées sur un
terrain étroit où il était impossible d’étendre les rangs, et où elles
pouvaient à peine se servir de l’épée et du javelot. Au milieu du tumulte, du
carnage et du désespoir, l’empereur, abandonné de ses gardes et blessé, dit-on,
par un dard, chercha sa sûreté dans les rangs des lanciers et des Mattiaires,
qui conservaient encore leur terrain avec un peu plus d’ordre et de fermeté que
le reste. Ses fidèles généraux, Victor et Trajan, se voyant en danger, crièrent
à haute voix que tout était perdu si l’on ne parvenait à sauver l’empereur.
Quelques troupes, animées par cette exhortation, accoururent à son secours :
elles ne trouvèrent qu’un monceau sanglant d’armes brisées et de cadavres
défigurés, sans pouvoir découvrir leur malheureux souverain ni parmi les
vivants ni au nombre des morts ; et leur recherche devait nécessairement être
inutile, si on peut ajouter foi aux récits des historiens qui racontent les
circonstances de sa mort. Les serviteurs de Valens le transportèrent du champ
de bataille dans une cabane des environs, où ils essayèrent de panser sa
blessure et de pourvoir à sa sûreté. Mais une troupe d’ennemis environna
bientôt cette humble retraite. Ils tâchèrent d’en forcer la porte : mais,
irrités de la résistance et de quelques traits lancés du comble de la cabane,
les Barbares mirent le feu à une pile de bois qui consuma la cabane, l’empereur
et sa suite. Un jeune Romain qui tomba de la fenêtre se sauva seul pour rendre
témoignage de ce douloureux événement, et apprendre aux Goths quel prisonnier
ils avaient perdu par leur imprudente cruauté. Un grand nombre d’officiers
braves et distingués périrent à la bataille d’Adrianople, dont la perte fut
égale à celle de la défaite de Cannes, et dont les suites entraînèrent des
malheurs infiniment plus funestes [3093] .
On trouva parmi les morts deux maîtres généraux de la cavalerie et de
l’infanterie, deux grands officiers du palais, trente cinq tribuns, et,
l’univers put apprendre, avec quelque satisfaction, que Sébastien, l’auteur du
désastre public, en avait été aussi la victime. L’armée romaine, réduite à
moins d’un tiers, regarda comme un grand bonheur l’obscurité de la nuit qui
favorisait la fuite de la multitude dispersée et la retraite plus régulière de
Victor et de Richomer, qui seuls, au milieu de la consternation générale,
montrèrent ce que peuvent le calme et la discipline [3094] .
    Tandis que l’impression récente de la crainte et de la
douleur agitait encore l’imagination des Romains, le plus célèbre orateur du
siècle composa

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