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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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accusât d’avouer l’existence
de trois Dieux. Une sentence finale et unanime établit la divinité du
Saint-Esprit comme égale à celle des deux autres personnes. Cette doctrine
mystérieuse a été reçue de toutes les nations chrétiennes et de toutes leurs
églises, et leur respectueuse reconnaissance a placé les évêques assemblés par
Théodose au second rang des conciles généraux [3178] . Leur
connaissance de la vérité religieuse peut s’être conservée par tradition, ou
leur avoir été inspirée ; mais la circonspection de l’histoire ne peut pas
accorder un grand degré de confiance à l’autorité personnelle des évêques de
Constantinople. Dans un siècle où les ecclésiastiques avaient renoncé
scandaleusement à la pureté apostolique, les plus indignes, les plus corrompus
étaient les plus assidus à suivre et à troubler les assemblées épiscopales. La
fermentation et le conflit de tant d’intérêts opposés, de tant de caractères
différents, enflammaient les passions des prélats, et leurs passions
principales étaient l’amour de l’or et de la controverse. Parmi les évêques qui
applaudissaient alors à la piété orthodoxe de Théodose, il en était un grand
nombre dont la prudence flexible avait changé plusieurs fois de symbole et
d’opinion ; et dans les différentes révolutions de l’État et de l’Église,
la religion du souverain servait toujours de règle à leur obséquieuse
conscience. Dès que l’empereur cessait de faire agir son influence, le
turbulent synode se livrait aux impulsions de la haine, du ressentiment et de
la vengeance. Durant la tenue du concile de Constantinople, la mort de Mélèce
offrit un moyen facile de terminer le schisme d’Antioche, en permettant à
Paulin, son rival, fort âgé, d’occuper paisiblement jusqu’à sa mort le siège
épiscopal. La foi et les vertus de Paulin étaient irréprochables ; mais les
Églises de l’Occident avaient pris sa défense, et les évêques du synode
résolurent de perpétuer la discorde par l’ordination précipitée d’un candidat
parjure [3179] ,
plutôt que de déroger à la dignité qu’ils croyaient devoir attribuer à
l’Orient, illustré par la naissance et par la mort de Jésus-Christ. Des
procédés si irréguliers et si injustes furent désapprouvés par les plus sages
du concile ; ils se retirèrent, et la bruyante majorité qui resta maîtresse du
champ de bataille, n’a pu être comparée par les contemporains qu’à un
assemblage de guêpes ou de pies, à une volée de grues ou à une troupe d’oies [3180] .
    On serait peut-être tenté de regarder cette peinture des
synodes ecclésiastiques comme l’ouvrage partial de quelque païen rempli de
malice, ou d’un hérétique endurci ; mais le nom de l’historien véridique qu’à
transmis à la postérité cette leçon instructive, imposera silence aux murmures
impuissants du fanatisme et de la superstition. Il était la fois l’évêque le
plus pieux et le plus éloquent de son siècle, le fléau de l’arianisme et le
pilier de la foi orthodoxe. L’Église le révère comme un saint ; et comme un de
ses docteurs. Il tint une place distinguée, dans le concile de Constantinople,
où il fit les fonctions de président après la mort de Mélèce ; en un mot, c’est
saint Grégoire de Nazianze. Le traitement injurieux qu’il éprouva lui-même [3181] , loin de nuire
à l’authenticité de son témoignage, atteste l’esprit qui dirigeait les délibérations
du concile. Tous les suffrages réunis avaient confirmé les droits que l’évêque
de Constantinople tirait du choix du peuple et de l’approbation de l’empereur ;
mais saint Grégoire devint bientôt la victime de l’envie et de la malveillance.
Les évêques de l’Orient, ses adhérents les plus zélés furent irrités de sa
modération relativement aux affaires d’Antioche, et l’abandonnèrent à la
faction des Égyptiens, qui disputaient la validité de son élection ; ils se
fondaient sur une loi canonique tombée en désuétude, qui défendait à un prélat
de passer d’un siège épiscopal dans un autre. Soit orgueil, soit humilité,
saint Grégoire ne voulut point soutenir une contestation dans laquelle sa
fermeté aurait pu être imputée à l’ambition ou à l’amour des richesses ; il
offrit publiquement, non sans quelque sentiment d’indignation, de quitter le
gouvernement d’une Église restaurée et presque créée par ses travaux.

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