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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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Le
concile accepta sa résignation, et l’empereur lui-même y consentit avec plus de
facilité que le prélat ne semblait le prévoir. Au moment où il pouvait espérer
de jouir des fruits de sa victoire, le sénateur Nectarius prit possession de
son archevêché ; choisi presque par hasard, le nouvel archevêque n’avait guère
d’autre recommandation qu’une grande facilité de caractère unie à une figure
vénérable. On fut obligé de retarder la cérémonie de sa consécration pour lui
administrer d’abord, en grande halte, le sacrement de baptême [3182] . Après cette
triste expérience de l’ingratitude des princes et des prélats, saint Grégoire
de Nazianze rentra paisiblement dans sa retraite de Cappadoce, où il employa le
reste de sa vie, environ huit ans, à des œuvres de poésie et de dévotion. On a
décoré son nom du titre de saint la sensibilité de son âme et l’élégance de son
génie [3183] le couronnent d’un plus doux éclat.
    Théodose ne se contenta point d’anéantir la puissance
insolente des ariens, et de venger les injures que le zèle de Constance et de
Valens avait fait souffrir aux catholiques. Cet empereur orthodoxe regardait
les hérétiques comme également rebelles aux puissances du ciel et à celles de
la terre, et supposait ainsi ces deux puissances autorisées à exercer leur
juridiction respective sur l’âme et sut le corps, des coupables. Les décrets du
concile de Constantinople avaient fixé les préceptes de la foi, et les
ecclésiastiques qui dirigeaient la conscience de Théodose, lui suggérèrent des
moyens de persécution efficace. Dans l’espace de quinze années, il publia au
moins quinze édits rigoureux contre les hérétiques [3184] , et principalement
contre ceux qui rejetaient la doctrine de la Trinité. Pour leur ôter toute
ressource et tout espoir, l’empereur déclara que si on alléguait en leur faveur
quelque édit ou quelque mandat, il voulait que les juges les regardassent comme
illégaux, obtenus par fraude ou contrefaits. Il détailla les différentes
punitions destinées aux ministres, aux assemblées et aux personnes des
hérétiques, et le législateur annonça sa colère par la violence de ses
expressions. 1° Les prédicateurs hérétiques qui usurpaient audacieusement le
titre d’évêques ou de prêtres étaient non seulement privés des privilèges et
des émoluments accordés avec tant de libéralité au clergé orthodoxe ; mais ils
encouraient les peines d’exil et de confiscation, s’ils se hasardaient à prêcher
la doctrine ou à pratiquer les cérémonies de leurs sectes maudites. Celui qui
recevait, conférait ou même facilitait une ordination hérétique, devait payer
une amende de dix livres d’or, environ quatre cents livres sterling. On pouvait
raisonnablement espérer que quand il n’y aurait plus de pasteurs, les
troupeaux, sans défense, sans instruction et sans culte, rentreraient
d’eux-mêmes dans le bercail de l’Église. 2° On étendit avec soin la prohibition
des conventicules à toutes les occasions possibles dans lesquelles les
hérétiques pourraient tenter de se réunir avec l’intention de célébrer le culte
de Dieu ou du Christ selon les principes de leur foi et de leur conscience.
Leurs assemblées religieuses publiques ou secrètes, de jour ou de nuit, dans les
villes ou dans les campagnes, furent également proscrites par les édits de
Théodose ; et le bâtiment ou le terrain qui avait servi à cet usage criminel,
était confisqué au profit du domaine impérial. 3° On supposait que l’erreur des
hérétiques ne pouvait venir que d’une obstination qui méritait la punition la
plus sévère. On fortifia l’anathème de l’Église d’une espèce d’excommunication
civile qui les séparait de leurs concitoyens par une tache d’infamie
particulière ; et cette marque imprimée sur eux par le suprême magistrat de
l’empire, tendait à encourager, où au moins à excuser les insultes d’une
populace fanatique. Les sectaires furent successivement exclus de tout emploi
honorable ou lucratif ; et Théodose crut faire un acte de justice, quand il ordonna
que les eunomiens, par la raison qu’ils distinguaient la nature du Père de
celle du Fils, seraient privés du droit de tester et de recevoir aucun don
testamentaire. L’hérésie des manichéens parut si criminelle, que la mort du
coupable pouvait seule l’expier ; on condamna aussi à une peine capitale les
audiens ou

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