Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
Vom Netzwerk:
il fit, a l’exemple de Constantin
et de Constance [3213] ,
son entrée triomphale dans l’ancienne capitale de l’empire.
    L’orateur qui peut sans danger garder le silence, peut aussi
louer sans peine et sans résistance [3214] .
La postérité avouera sans doute que le caractère de Théodose [3215] offrait le
sujet abondant d’un juste panégyrique. La sagesse de ses lois et le succès de
ses armes faisaient respecter son administration de ses sujets et de ses
ennemis. Il aimait et pratiquait les vertus de la vie domestique, qui habitent
rarement dans les palais des rois. Théodose était sobre et chaste, à table, il
jouissait sans excès des plaisirs du repas et de la conversation, et sa passion
pour les femmes ne l’emporta jamais à des affections illégitimes. Décoré des
titres fastueux de la grandeur impériale, il aimait encore à mériter les
tendres noms d’époux fidèle et de père indulgent. Sa tendre estime donna près
de lui à son oncle le rang d’un second père. Théodose reçut comme ses propres
enfants, ceux de son frère et de sa sœur, et ses soins s’étendirent à ses
parents les plus éloignés. C’était dans le nombre de ceux qu’il avait vus sans
masque avant son élévation, qu’il choisissait ses amis particuliers ; le
sentiment d’un mérite supérieur le rendait capable de mépriser les distinctions
accidentelle de la pourpre, et du diadème, et sa conduite, lorsqu’il fut monté
sur le trône, prouva qu’il savait oublier les injures, pour ne se souvenir que
des bienfaits. Il avait l’attention obligeante de conformer le ton léger ou
sérieux de sa conversation à l’âge, au rang ou au caractère de ceux de ses
sujets qu’il admettait dans sa société, et l’affabilité de ses manières était
la peinture naïve de son âme. Théodose respectait la simplicité des hommes bons
et vertueux ; et l’habileté dans tous les genres : tous les talents,
pourvu qu’ils fussent utiles ou seulement innocents, étaient sûrs d’éprouver sa
judicieuse libéralité. En exceptant les hérétiques, qu’il persécuta avec une
haine implacable, on peut dire que sa bienveillance n’avait de bornes que
celles du genre humain. Le gouvernement d’un grand empire suffit sans doute
pour occuper le temps et tous les talents d’un mortel : cependant ce prince
actif, sans aspirer à la réputation d’un savant, réservait toujours quelques
moments de son loisir à une lecture instructive ; l’histoire, où il allait
puiser de quoi augmenter son expérience, était son étude favorite. Les annales
de Rome lui présentaient, dans la longue révolution de onze siècles, des
tableaux variés et frappants de la fortune et de la vie des hommes ; et on
avait particulièrement remarqué que les cruautés de Cinna, de Marius ou de
Sylla, qui arrachaient une exclamation d’horreur pour ces fléaux des hommes et
de la liberté. Son opinion impartiale sur les événements passés servait de
règle à sa conduite, et il eut le rare mérite d’étendre ses vertus en
proportion de sa fortune. Le moment de la prospérité était pour lui celui de la
modération. Il fit admirer plus que jamais sa clémence après le danger et le
succès de la guerre civile. Dans la première chaleur de la victoire, on avait
massacré les Maures qui composaient la garde de l’usurpateur, et livré au
glaive de la justice quelques-uns des criminels les plus marquants de son parti
; mais l’empereur se montra plus empressé de sauver les innocents que de punir
les coupables. Les infortunés citoyens de l’Occident, qui se seraient crus trop
heureux d’obtenir la restitution de leurs terres, reçurent avec étonnement une
somme d’argent équivalente à leurs pertes, et le vainqueur pourvut libéralement
à l’entretien de la mère et à l’éducation des filles de Maxime [3216] . Un caractère
si accompli excuserait presque l’extravagante supposition de l’orateur Pacatus,
qui affirme avec enthousiasme que si Brutus l’ancien revenait à sur la terre,
ce sévère républicain abjurerait aux pieds de Théodose la haine de la royauté,
et avouerait ingénument qu’un tel prince est le plus fidèle soutien du bonheur
et de la dignité du peuple romain [3217] .
    Cependant l’œil perçant, du fondateur de la république
aurait aperçu sans doute deux défauts essentiels et capables de détruire son
goût récent pour le despotisme. L’indolence de Théodose affaiblissait souvent
l’activité

Weitere Kostenlose Bücher