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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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rumeur
excitait la crainte ou l’espérance des citoyens d’Antioche. Ils entendaient
avec frayeur annoncer que l’empereur, violemment irrité des insultes faites à
ses statues, et plus encore des indignités commises sur celles de son épouse
bien-aimée, avait résolu de raser la ville et de massacrer, sans distinction
d’âge ou de sexe, tous les habitants [3222] ,
dont une partie chercha un refuge dans les montagnes de Syrie et dans le désert
voisin.
    Enfin, après vingt-quatre jours d’attente et d’inquiétude,
le général Hellebicus et Cesarius, maître des offices, prononcèrent les ordres
de l’empereur et la sentence d’Antioche. Cette orgueilleuse capitale fût
dégradée de son rang et perdit le nom et les droits de cité. On dépouilla la
métropole de l’Orient de ses terres, de ses privilèges et de ses revenus, et on
l’assujettit, sous la dénomination humiliante de village, à la juridiction de
Laodicée [3223] ; on ferma les bains, le cirque et les théâtres ; et pour la priver en même
temps des plaisirs et de l’abondance, Théodose enjoignit sévèrement de
supprimer à l’avenir toute distribution de grains. Ses délégués procédèrent
ensuite aux informations contre les particuliers qui avaient détruit les
statues, et contre ceux qui ne s’y étaient point opposés. Hellebicus et
Cesarius siégeaient au milieu du Forum sur leur tribunal, environné de soldats
; les citoyens d’Antioche les plus distingués par leur naissance et leurs
richesses y comparurent chargés de chaînes ; on leur fit souffrir la torture,
et les deux magistrats prononcèrent ou suspendirent, de leur seule autorité, la
sentence des criminels. On mit leurs maisons en vente ; leurs femmes et leurs
enfants tombèrent de l’opulence dans l’excès de la misère ; et l’on s’attendait
à voir terminer par les plus sanglantes exécutions [3224] un jour de
calamités que le prédicateur d’Antioche, l’éloquent saint Chrysostome, a
représenté comme un tableau frappant du jugement dernier de l’univers. Mais les
ministres de Théodose exécutaient avec répugnance sa cruelle commission. La
désolation du peuple leur arracha des larmes, et ils écoutèrent avec respect
les sollicitations pressantes des moines et des ermites qui descendaient en
foule des montagnes [3225] .
Hellebicus et Cesarius consentirent à suspendre l’exécution de leur sentence ;
il fut convenu que le premier resterait à Antioche, tandis que l’autre,
retournant en diligence à Constantinople, se hasarderait à consulter une
seconde fois la volonté de son souverain. La colère de Théodose était déjà
calmée ; les députés du peuple, l’évêque et l’orateur avaient obtenu une
audience favorable ; et les reproches de l’empereur furent plutôt les plaintes
de la tendresse offensée que les menaces sévères et hautaines de l’orgueil et
de la puissance. Un pardon général et absolu fut accordé à la ville et aux
citoyens d’Antioche ; on ouvrit les portes des prisons ; les sénateurs, qui
n’attendaient plus qu’une mort ignominieuse, recouvrèrent leurs maisons et
leurs fortunes, et la capitale de l’Orient reprit son éclat et la jouissance de
tous ses privilèges. Théodose honora de ses éloges la générosité avec laquelle
le sénat de Constantinople avait intercédé en faveur des malheureux sénateurs
d’Antioche ; il récompensa l’éloquence d’Hilaire en le nommant gouverneur de la
Palestine et l’évêque d’Antioche, à son départ, reçut de lui les plus vifs
témoignages de respect et de reconnaissance. Théodose vit élever à sa clémence
mille nouvelles statues ; son cœur ratifiait les applaudissements de ses
sujets, et l’empereur avoua que si rendre la justice est le devoir le plus
sacré des souverains, pardonner est leur plus délicieuse jouissance [3226] .
    On attribue la sédition de Thessalonique à une cause plus
honteuse, et les suites en furent plus funestes. Cette grande ville, la
métropole de toutes les provinces de l’Illyrie, avait été préservée du ravage
des Goths par des fortifications redoutables et une garnison nombreuse.
Botheric, général de ces troupes et probablement, d’après son nom, Barbare lui
même, avait dans le nombre de ses esclaves un jeune garçon dont la beauté
excita les désirs impurs d’un des cochers du cirque. Botheric punit par la
prison son insolente brutalité, et se refusa sévèrement aux importunes clameurs
de la multitude,

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