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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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qui, dans une représentation des jeux publics, se plaignît de
l’emprisonnement de son cocher favori, à l’habileté duquel elle attachait
infiniment plus d’importance qu’à sa vertu. Quelques anciens sujets de
mécontentement avaient déjà excité le ressentiment du peuple, et la garnison,
affaiblie par de nombreux détachement employé à la guerre d’Italie et par la
désertion, ne put sauver son général de la fureur d’une multitude sans
frein ; Botheric et plusieurs de ses principaux officiers furent inhumainement
massacrés. Leurs corps mutilés furent traînés à travers les rues. L’empereur,
qui résidait alors à Milan, apprit avec étonnement l’insolence et la cruauté
effrénée du peuple de Thessalonique. Le juge le plus modéré aurait puni
sévèrement les auteurs de ce crime ; et le mérite de Botheric pouvait
contribuer à augmenter l’indignation de Théodose. Le monarque fougueux,
trouvant les formalités de la justice trop lentes au gré de son impatience,
résolut de venger la mort de son lieutenant par le massacre d’un peuple
coupable. Cependant son âme flottait encore entre la clémence et la vengeance.
Le zèle des évêques lui avait presque arraché malgré lui la promesse d’un
pardon impérial ; mais Rufin son ministre, armé des artifices de la flatterie,
parvint à ranimer sa colère ; et l’empereur, après avoir expédié le fatal
message, essaya, mais trop tard, de prévenir l’exécution de ses ordres. On
confia avec une funeste imprudence le châtiment d’une ville romaine à la fureur
aveugle des Barbares, et l’exécution fût tramée avec tous les artifices
perfides d’une conjuration. On se servit du nom du souverain pour inviter les
habitants de Thessalonique aux jeux du cirque ; et telle était leur avidité
pour ces amusements, qu’ils oublièrent, pour y courir en foule, tout sujet de
crainte et de soupçon. Dès que l’assemblée fût complète, au lieu du signal des
jeux, celui d’un massacre général fut donné aux soldats qui environnaient
secrètement le cirque. Le carnage continua pendant trois heures, sans
distinction de citoyen ou d’étranger, d’âge ou de sexe, de crime ou
d’innocence. Les relations les plus modérées portent le nombre des morts à sept
mille, et quelques écrivains affirment que l’on sacrifia quinze mille victimes
aux mânes de Botheric. Un marchand étranger, qui probablement n’avait pris
aucune part à la mort du général, offrit sa propre vie et toute sa fortune pour
sauver un de ses fils ; mais tandis que ce père infortuné balançait, incapable
de choisir et plus incapable de condamner l’un des deux, les Barbares terminèrent
son anxiété en immolant au même instant ces deux jeunes gens sans défense. Les
assassins donnaient peur excuse de leur inhumanité, un motif qui augmenterait
encore, par l’idée d’un froid calcul, l’horreur de ce massacre exécuté par les
ordres de Théodose : ils assuraient qu’on avait fixé nombre de têtes que
chacun d’aux devait présenter. Ce qui aggravait le crime de l’empereur, c’est
qu’il avait fait souvent de longs séjours à Thessalonique. La situation de
cette ville infortunée, ses rues, ses maisons et jusqu’à l’habillement et aux
traits de ses habitants étaient familiers à Théodose, et l’existence du peuple
qu’il faisait massacrer devait frapper vivement son imagination [3227] .
    L’attachement respectueux de l’empereur pour le clergé
orthodoxe le disposait à aimer et à admirer le caractère de saint Ambroise, qui
réunissait au plus haut degré toutes les vertus épiscopales. Les ministres et
les amis de Théodose imitaient l’exemple de leur souverain, et il apercevait,
avec plus de surprise que de mécontentement, que l’archevêque était
immédiatement instruit de tout ce qui se passait dans son conseil. Le prélat
jugeait que toutes les opérations du gouvernement civil pouvaient intéresser la
gloire de Dieu ou la vraie religion. Les moines et la populace de Callinicum,
petite ville sur les frontières de la Perse, animés par leur fanatisme et par
celui de leur évêque, avaient incendié, à la suite d’une émeute, un
conventicule de valentiniens et une synagogue de juifs. Le magistrat condamna
le séditieux prélat à rétablir la synagogue ou à payer le dommage, et
l’empereur confirma cette sentence modérée ; mais l’archevêque de Milan n’y
donna pas son approbation [3228] .
Il dicta une lettre de

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