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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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étrangère, élevée dans la maison de ses implacables ennemis, se
trouvait introduite dans le palais et dans le lit de l’empereur. Eudoxie
déploya bientôt une supériorité de courage et de génie qui assura son ascendant
sur l’esprit d’un époux jeune et épris de ses charmes. Rufin sentit avec effroi
que l’empereur serait conduit sans peine à haïr, à craindre et à détruire un
sujet puissant qu’il avait outragé ; le souvenir de ses crimes ne lui laissait
point l’espoir, de trouver la paix où la sûreté dans la retraite d’une vie
privée ; mais il était encore en état de défendre sa dignité, et d’exterminer
peut-être tous ses ennemis. Le gouvernement civil et militaire de l’Orient
était encore soumis à son autorité absolue, et ses trésors, s’il se déterminait
à s’en servir, pouvaient faciliter l’exécution des desseins les plus hardis que
l’orgueil, l’ambition et la vengeance, pussent suggérer à la puissance au
désespoir. Le caractère de Rufin semblait justifier les imputations de ses
ennemis. On l’accusait d’avoir conspiré contre la personne de soif souverain
pour s’emparer du trône après sa mort, et d’avoir invité, pour augmenter la
confusion publique, les Huns et les Goths à envahir les provinces de l’empire.
Le rusé préfet, qui avait passé sa vie dans les intrigues du palais, combattit
à armes égales les artifices d’Eutrope son rival ; mais son âme timide fut
épouvantée à l’approche menaçante d’un ennemi plus formidable, du grand
Stilichon, le général ou  plutôt le maître de l’empire d’Occident [3367] .
    Stilichon a joui, à un plus haut degré que ne semblait le promettre
le déclin des arts et du génie, du don divin qu’Achille a obtenu et qu’enviait
Alexandre, d’un poète digne de célébrer les actions, des héros. La muse de
Claudien [3368] ,
dévouée à son service, était toujours prête à couvrir de ridicule et d’infamie
Eutrope et Rufin, ses rivaux, ou à peindre sous les couleurs les plus
brillantes les victoires et les vertus de son puissant bienfaiteur. Dans
l’examen d’une période assez mal fournie de matériaux authentiques, nous sommes
forcés d’éclaircir les annales d’Honorius par les satires ou par les
panégyriques d’un auteur contemporain ; mais, comme Claudien parait avoir usé
amplement des privilèges de poète et de courtisan, nous aurons besoin des
lumières de la critique pour réduire le langage de la fiction ou de l’exagération
à la simple vérité qu’exige un récit historique. Son silence sur la famille de
Stilichon peut être regardé comme une preuve que son protecteur ne pouvait ni
ne désirait s’honorer d’une longue suite d’illustres aïeux ; et la légère
mention qu’il fait de son père, officier de cavalerie barbare au service de
Valens, semble confirmer l’opinion que Stilichon, lui commanda si longtemps les
armées romaines, descendait de la race sauvage et perfide des Vandales [3369] . Si ce général
n’eût pas possédé les avantages de la taille et de la force, toute l’adulation
de la poésie n’aurait pas donna au chantre de Stilichon le courage d’affirmer
sans crainte, devant des milliers de témoins, qu’il surpassait la taille des
demi-dieux de l’antiquité, et que quand il traversait à pas lents les rues de
la capitale, le peuple étonné faisait place à un étranger qui, dans la
condition d’un simple particulier, présentait la majesté imposante d’un héros.
Dès sa plus tendre jeunesse il avait embrassé la profession des armés. Sa valeur
et son habileté se firent bientôt remarquer sur le champ de bataille. Les
cavaliers et les archers de l’Orient admiraient la supériorité de son adressé ;
et, à chaque grade militaire où il fut élevé, le jugement du public prévint et
approuva le choix du souverain. Théodose le chargea de la ratification d’un
traité avec le roi de Perse. Dans cette ambassade importante il soutint la
dignité du nom romain, et, après son retour à Constantinople, il obtint pour
récompense l’honneur d’une étroite alliance avec la famille impériale. Le
sentiment respectable de l’amitié fraternelle avait engagé Théodose à adopter
la fille de son frère Honorius. Une cour adoratrice admirait à l’envi les
talents et la beauté de Sérène [3370] ,
et Stilichon obtint la préférence sur une foule de rivaux qui se disputaient
ambitieusement la main de la princesse et la faveur

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