Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
Vom Netzwerk:
clause
essentielle que les sacrifices fussent célébrés dans le Capitole en présence,
et sous l’autorité des magistrats, la majeure partie de cette respectable
assemblée, craignant d’offenser ou Dieu ou l’empereur, refusa de participer à
une cérémonie qui paraissait équivalente à la restauration du paganisme [3611] .
    Il ne restait de ressource aux Romains que dans la clémence
ou du moins dans la modération du roi des Goths. Le sénat, qui, dans ces
tristes, circonstances, avait pris les rênes du gouvernement, envoya deux
ambassadeurs. On confia cette commission importante à Basilius, Espagnol
d’extraction, qui s’était distingué dans l’administration des provinces, et à
Jean, le premier tribun des notaires, également propre à cette négociation par
sa dextérité dans les affaires, et par son ancienne intimité avec le prince
barbare. Admis en sa présence, ils déclarèrent, avec plus de hauteur peut-être
que leur humble situation ne semblait le permettre, que les Romains étaient
résolus de maintenir leur dignité, soit en paix, soit en guerre ; et que si
Alaric refusait de leur accorder une capitulation honorable ; il pouvait donner
le signal et se préparer à combattre une multitude de guerriers exercés aux
armes et animés par le désespoir. Plus l’herbe est serrée, et mieux la faux
mord , leur répondit laconiquement le roi des Goths, et, il accompagna cette
rustique métaphore d’un éclat de rire insultant, qui annonçait son mépris pour
les menaces d’un peuple énervé par le luxe avant d’avoir été épuisé par la
famine. Il daigna stipuler la rançon qu’il exigeait pour se retirer des portes
de Rome ; tout l’or et tout l’argent qui se trouvaient dans la ville, sans
distinction de ce qui appartenait à l’État ou aux particuliers, tous les
meubles de prix et tous les esclaves en état de prouver une origine barbare.
Les députés du sénat se permirent de lui demander d’un ton modeste et suppliant
: Ô roi ; si telles sont vos volontés, que comptez-vous donc laisser aux
Romains ? — La vie , répliqua l’orgueilleux vainqueur. Ils
tremblèrent et se retirèrent. Avant leur départ, cependant, on convint d’une
courte suspension d’armes qui facilita une négociation moins rigoureuse.
L’esprit sévère d’Alaric se radoucit sensiblement ; il rabattit beaucoup de sa
première demande, consentit enfin à lever le siège aussitôt qu’il aurait reçu
cinq mille livres pesant d’or et trente mille livres pesant d’argent, quatre
mille robes de soie, trois mille pièces, de fin drap écarlate, et trois mille
livres de poivre [3612] .
Mais le trésor public était épuisé, et les calamités de la guerre
interceptaient les revenus de tous les grands domaines de l’Italie et des
provinces. Durant la famine on avait échangé l’or et les pierres précieuses
contre les aliments les plus grossiers ; et l’avarice des citoyens s’obstinant
à cacher leurs trésors, quelques restes des dépouilles consacrées offrirent la
seule ressource qui demeurât encore à la ville pour éviter sa destruction. Dés
que les Romans eurent satisfait à l’avidité d’Alaric, ils recommencèrent à
jouir en quelque façon de la paix et de l’abondance. On ouvrit avec précaution
plusieurs portes de la ville. Les Barbares laissèrent passer sans opposition
les provisions sur la rivière et sur les chemins ; et les citoyens coururent en
foule au marché, qui tint trois jours de suite dans les faubourgs. Tandis que
les marchands s’enrichissaient à ce commerce lucratif, on assurait la
subsistance future de la ville en remplissant de vastes magasins publics et
particuliers. Alaric maintint, dans son camp une discipline plus exacte qu’on
ne pouvait l’espérer ; et le prudent barbare prouva son respect pour la foi des
traités par le châtiment sévère et juste d’un parti de Goths qui avait insulté
des citoyens de Rome sur le chemin d’Ostie. Son armée, enrichie des
contributions de la capitale, s’avança lentement dans la belle et fertile
province de Toscane, où il se proposait de prendre ses quartiers d’hiver.
Quarante mille esclaves barbares, échappés de leurs chaînes, se réfugièrent
sous ses drapeaux, et aspirèrent à se venger, sous la conduite de leur
libérateur, des souffrances et de la honte de leur servitude. Il reçut en même
temps un renfort plus honorable de Goths et de Huns, qu’Adolphe [3613] , frère de sa
femme, lui amenait,

Weitere Kostenlose Bücher