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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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d’après ses pressantes invitations, des bords du Danube sur
ceux du Tibre, et qui s’était fait un passage, avec quelque perte et quelque
difficulté, à travers les troupes de l’empire, supérieures en nombre. Un chef
victorieux qui joignait à l’audace d’un Barbare l’art et la discipline d’un
général romain, se trouvait alors à la tête de cent mille combattants, et
l’Italie ne prononçait qu’avec terreur et respect le formidable nom d’Alaric [3614] .
    Dans un éloignement de quatorze siècles, nous devons nous
contenter de raconter les exploits militaires des conquérants de Rome, sans
prétendre discuter les motifs de leur conduite politique. Alaric sentait
peut-être, au milieu de sa prospérité, quelque faiblesse cachée, quelque vice
intérieur qui menaçait sa puissance, ou peut-être sa modération apparente ne
tendait-elle qu’à désarmer les ministres d’Honorius en trompant leur
complaisante crédulité. Alaric déclara plusieurs fois qu’il voulait être
regardé comme l’ami de la paix et des Romains. Trois sénateurs se rendirent à
sa pressante requête, comme ambassadeurs à la cour de Ravenne, pour solliciter
l’échange des otages et la ratification du traité ; et les conditions
qu’il proposa clairement, durant le cours des négociations, ne pouvaient faire
soupçonner sa sincérité que par une modération qui semblait peu convenir à
l’état de sa fortune. Alaric aspirait encore au rang de maître général des
armées de l’Occident. Il stipulait un subside annuel en grains et en argent, et
choisissait les provinces de Dalmatie, de Norique et de Vénétie, pour
l’arrondissement de son nouveau royaume, qui l’aurait rendu maître de la
communication importante entre l’Italie et le Danube. Alaric paraissait disposé,
en cas que ces demandes modestes fussent rejetées, à renoncer au subside
pécuniaire, et à se contenter même de la possession de la Norique, province
dévastée, appauvrie et continuellement exposée aux incursions des Germains [3615] ; mais toute
espérance de paix fût anéantie par l’obstination aveugle ou par les vues
intéressées du ministre Olympius. Sans écouter les sages remontrances du sénat,
il renvoya les ambassadeurs sous une escorte militaire, trop nombreuse pour une
suite d’honneur, et trop faible pour une armée défensive. Six mille Dalmatiens,
la fleur des légions impériales, avaient ordre de marcher de Ravenne à Rome à
travers un pays ouvert, occupé par la redoutable multitude des Barbares. Ces
braves légionnaires environnés et trahis, payèrent de leur vie l’imprudence du
ministère : Valens, leur général, se sauva du champ de bataille suivi de
cent soldats ; et un des ambassadeurs, qui n’était plus autorisé à réclamer la
protection du droit des gens, se vit réduit à racheter sa liberté au prix de
trente mille pièces d’or. Cependant Alaric, au lieu de s’offenser de cette
impuissante hostilité, renouvela ses propositions de paix, et la seconde
ambassade du sénat romain, soutenue et relevée par la présence d’Innocent,
évêque de Rome, évita les dangers de la route par la protection d’un
détachement de l’armée des Barbares [3616] .
    Olympius [3617] aurait peut-être encore insulté longtemps au juste ressentiment d’un peuple,
qui l’accusait hautement d’être l’auteur des calamités publiques ; mais les
intrigues secrètes du palais minaient sourdement sa puissance. Les eunuques
favoris firent passer le gouvernement d’Honorius et de l’empire à Jovius,
préfet du prétoire, serviteur sans aucun mérite, qui ne compensa point par la
fidélité de son attachement les fautes et les malheurs de son administration.
L’exil ou la fuite du coupable Olympius le réservèrent à de nouvelles
vicissitudes de fortune ; il fut quelque temps exposé à tous les incidents
d’une vie errante et obscure, remonta ensuite au faîte des grandeurs, tomba une
seconde fois dans la disgrâce, et eut les oreilles coupées ; il expira enfin
sous les coups de fouet, et son supplice ignominieux offrir un doux spectacle
au ressentiment des amis de Stilichon. Après la retraite d’Olympius, dont un
des vices était le fanatisme religieux, les hérétiques et les païens furent
délivrés de la proscription impolitique qui les excluait de toutes les dignités
de l’État. Le brave Gennerid, soldât d’extraction barbare [3618] , qui suivait
encore le culte de ses ancêtres, avait été

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