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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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forcé de quitter le baudrier
militaire ; et, quoique l’empereur l’eût assuré plusieurs fois lui-même, que
les hommes de son rang et de son mérite ne devaient point se regarder comme
compris dans la loi, il refusa toute dispense particulière, et persévéra dans
une disgrâce honorable, jusqu’au moment où il arracha à l’embarras du
gouvernement romain un acte de justice générale. La conduite de Gennerid dans
la place importante de maître général de la Dalmatie, de la Pannonie, de la
Norique et de la Rhétie, qui lui fut donnée ou rendue, sembla ranimer la
discipline et l’esprit de la république. Les troupes oisives et manquant de
tout, reprirent leurs exercices et retrouvèrent en même temps une subsistance
assurée ; et sa générosité suppléa souvent aux récompenses que leur refusait
l’avarice ou la pauvreté de la cour de Ravenne. La valeur de Gennerid, redoutée
des Barbares voisins, devint le plus ferme boulevard de la frontière d’Illyrie,
et ses soins vigilants procurèrent à l’empire un renfort de dix mille Huns qui
vinrent des confins de l’Italie, suivis d’un tel convoi de munitions et de
bœufs et de moutons, qu’ils auraient suffi, non seulement pour la marche d’une
armée, mais pour l’établissement d’une colonie. Mais la cour et les conseils
d’Honorius offraient toujours le spectacle de la faiblesse, de la division, de
la corruption et de l’anarchie. Les gardes, excités par le préfet Jovius, se
révoltèrent, et demandèrent la tête de deux généraux et des deux principaux
eunuques. Les généraux, trompés par une promesse perfide de leur sauver la vie,
furent envoyés à bord d’un vaisseau et exécutés secrètement, tandis que la
faveur dont jouissaient les eunuques leur procura un exil commode et sûr à
Milan et à Constantinople. L’eunuque Eusèbe et le Barbare Allobich succédèrent
au commandement de la chambre et des gardes, et ces ministres subordonnés
périrent tous deux victimes de leur mutuelle jalousie. Par les ordres insolents
du comte des domestiques, le grand chambellan expira sous les baguettes en
présenté de l’empereur étonné ; et lorsque, peu de temps après, Allobich fut
assassiné au milieu d’une procession publique, Honorius fit paraître pour la
première fois de sa vie quelques lueurs de courage et de ressentiment ; mais,
avant de succomber, Eusèbe et Allobich avaient contribué, pour leur part, à la
chute de l’empire, en arrêtant la conclusion du traité que, par des motifs
personnels et peut-être coupables, Jovius avait négocié avec Alaric dans une
entrevue sous les murs de Rimini. Durant l’absence de Jovius, l’empereur se
laissa persuader de prendre un ton de hauteur et de dignité inflexible qui ne
convenait ni à sa situation, ni à son caractère. Il fit expédier en son nom une
lettre au préfet du prétoire, qui lui accordait la permission de disposer des
richesses publiques, mais par laquelle Honorius refusait dédaigneusement de
prostituer les honneurs militaires de l’empire aux orgueilleux désirs d’un
Barbare. On communiqua imprudemment cette lettre à Alaric ; et le roi des
Goths, qui s’était comporté avec décence et modération durant tout le cours de
la négociation, exhala dans les termes les plus outrageants un vif ressentiment
contre ceux qui insultaient si gratuitement sa personne et sa nation. Les
conférences de Rimini furent brusquement rompues, et le préfet Jovius se vit forcé,
à son retour à Ravenne, d’adopter et même d’encourager les opinions alors en
faveur à la cour. Les principaux officiers de l’État et de l’armée furent
obligés, d’après son avis et par son exemple, de jurer que sans égard aux
circonstances, sans écouter aucune condition de paix, ils continueraient une
guerre perpétuelle et implacable contre l’ennemi de la république. Cet
imprudent engagement mit un obstacle insurmontable à toute nouvelle
négociation. On entendit déclarer aux ministres d’Honorius que, s’ils n’avaient
invoqué dans leur serment que le nom de la Divinité, ils pourraient encore
consulter l’intérêt de la sûreté publique, et se confier à la miséricorde du
Tout-Puissant ; mais qu’ayant juré par la tête sacrée de l’empereur, qu’ayant
touché de la main, dans une cérémonie solennelle, le siège auguste de la
sagesse et de la majesté ; ils s’exposeraient, en violant leur engagement aux
peines temporelles du sacrilège et de la

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