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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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s’étaient réfugiés leurs adversaires, et les
écrasèrent en leur lançant des poutres enflammées. Gainas avait ignoré
l’entreprise des Goths, ou s’en était promis trop légèrement le succès. Il
apprit avec étonnement que la fleur de son armée avait péri sans gloire, qu’il
était déclaré lui-même ennemi de l’empire, et que son compatriote Fravitta,
brave général et affectionné à la cour impériale, commandait l’armée et les
forces maritimes. Gainas attaqua plusieurs villes de la Thrace ; mais ses
entreprises furent partout repoussées par une défense vigoureuse et bien
conduite ; et ses soldats, manquant de subsistance, furent bientôt réduits à se
nourrir de l’herbe qui croissait autour des remparts. Regrettant trop tard
l’abondance des provinces de l’Asie, le chef des rebelles résolut, dans son
désespoir, de forcer le passage de l’Hellespont. Il manquait de vaisseaux ;
mais les forêts de la Chersonèse offraient abondamment de quoi construire des
radeaux, et les intrépides Barbares ne craignaient pas de se confier aux
vagues. Cependant Fravitta épiait attentivement l’instant de leur entreprise ;
et, dès qu’il les vit au milieu du canal, les galères romaines [3761] , serrées l’une
contre l’autre, et pressées à la fois par les rames, le courant et un vent
favorable, vinrent tomber sur la flotte avec un poids irrésistible.
L’Hellespont fut couvert en un instant des débris des radeaux et des cadavres
flottants des Barbares. Après avoir vu périr ses plus braves soldats, Gainas,
forcé de renoncer à ses espérances, et n’aspirant plus à gouverner ni à vaincre
les Romains, fit le projet de reprendre la vie errante et sauvage. Un corps de
cavalerie barbare, débarrassée de son infanterie et des gros bagages, pouvait
aisément faire en huit ou dix jours le trajet de trois gents milles qui sépare
l’Hellespont du Danube [3762] .
Les garnisons de cette importante frontière avaient été peu à peu réduites à
rien. Comme on était alors au mois de décembre, le fleuve devait être glacé
profondément, et la Scythie offrait une vaste perspective à l’ambition de
Gainas. Il communiqua secrètement son dessein aux troupes de sa nation, qui
consentirent à suivre le sort de leur chef, et, avant de donner le signal du
départ, ils massacrèrent en trahison un, grand hombre d’auxiliaires tirés des
provinces romaines, et qu’ils soupçonnaient d’attachement pour leur pays natal.
Les Goths s’avancèrent par des marches rapides à travers les plaines de la
Thrace, et la vanité de Fravitta leur ôta bientôt toute craint d’être
poursuivis. Au lieu d’achever d’éteindre la révolte, il retourna précipitamment
à Constantinople, pour jouir des applaudissements du peuple et des paisibles
honneurs du consulat ; mais un allié formidable prit les armes pour soutenir
l’honneur de l’empire et défendre la paix et la liberté de la Scythie [3763] . Les forces
supérieures d’Uldin, roi des Huns, arrêtèrent la marche de Gainas. Un pays
ennemi et ruiné s’opposait à sa retraite ; le général des Goths dédaigna de
capituler après avoir inutilement tenté plusieurs fois de s’ouvrir un chemin
dans les rangs des ennemis, il périt sur le champ de bataille avec ses
intrépides compagnons (3 janvier 401). Onze jours après la bataille navale sur
l’Hellespont, l’empereur reçut à Constantinople la tête de Gainas, comme un
présent inestimable, et avec la plus vive expression de reconnaissance. On
célébra la mort du rebelle par des fêtes et des illuminations ; les victoires
d’Arcadius devinrent le sujet de poèmes épiques [3764] ; et le
monarque, délivré de ses terreurs, subit nonchalamment le joug paisible et
absolu de la belle et artificieuse Eudoxie, qui ternit sa gloire par la
persécution de Saint Jean Chrysostome.
    Après la mort de l’indolent Nectarius, successeur de saint
Grégoire de Nazianze, l’Église de Constantinople avait été déchirée par la
rivalité de deux candidats qui ne rougirent point d’employer l’or et la
séduction pour obtenir les suffrages du peuple et du favori. Eutrope semble
avoir dérogé, dans cette occasion, à ses maximes ordinaires ; le mérite
supérieur d’un étranger fixa son choix. Il avait eu récemment l’occasion, en
voyageant dans l’Orient, d’entendre les sermons éloquents de Jean, prêtre et
natif d’Antioche, dont le nom a été distingué par l’épithète de

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