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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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baudrier, et un grand bouclier qui les
couvrait presque tout entiers. Ces belliqueux Barbares apprenaient dès
l’enfance à courir, à sauter, à nager, à lancer avec une, justesse surprenante
le javelot ou la hache d’armes, à attaquer sans hésiter un ennemi supérieur en
nombre, et à soutenir jusqu’à la mort la réputation invincible de leurs
ancêtres [3931] .
Clodion, le premier de leurs rois chevelus, dont l’histoire fasse connaître le
nom et les actions d’une manière authentique, faisait sa résidence à Dispargum [3932] , village ou
forteresse dont on peut assigner la position entre Bruxelles et Louvain. Le roi
des Francs apprit, par ses espions, que la seconde Belgique était presque sans
défense, et qu’un léger effort suffirait pour s’en emparer. Il pénétra
audacieusement à travers les bois et les marais de la forêt Carbonnaire [3933] , s’empara de
Cambrai et de Tournay, les deux seules villes qui, existassent dans le
cinquième siècle, et étendit ses conquêtes jusqu’à la rivière de la Somme, dans
un pays désert, dont la culture et la population sont les effets d’une
industrie plus moderne [3934] .
Tandis que Clodion campait dans les plaines de l’Artois [3935] , et célébrait
avec une arrogante sécurité un mariage, peut-être celui de son fils, l’arrivée
imprévue d’Ætius, qui avait passé la Somme à la tête de sa cavalerie légère,
interrompit désagréablement la fête nuptiale. Les tables, dressées à l’abri
d’une colline, sur les bords d’un ruisseau agréable, furent impétueusement
renversées ; les Francs furent accablés avant d’avoir pu reprendre ni leurs
rangs ni leurs armes, et leur valeur leur devint funeste. Les chariots chargés
qui avaient suivi la marche de l’armée, offrirent aux vainqueurs un riche
butin. La nouvelle épouse et les femmes de sa suite subirent la loi des
nouveaux amants que leur donnait le hasard de la guerre. Cet avantage, du à
l’activité d’Ætius, jeta quelques doutes sur la prudence de Clodion ; mais le
roi des Francs répara bientôt sa faute, et rétablit sa réputation en se
maintenant dans la possession de ses États depuis les bords du Rhin, jusqu’à
celui de la Somme [3936] : Trèves, Mayence et Cologne éprouvèrent sous son règne, et probablement par
les entreprises de ses sujets, tout ce que l’avarice, et la cruauté peuvent
inspirer à des vainqueurs. Cologne eut le malheur de rester sous la puissance
de ces Barbares, qui évacuèrent les ruines de Trèves ; et Trèves, qui durant
l’espace de quarante ans avait été quatre fois prise et pillée, cherchait
encore à oublier ses anciennes calamités dans les vains amusements du cirque [3937] . Après un règne
de vingt ans ; la mort de Clodion livra son royaume aux querelles de deux fils
ambitieux [3938] .
Mérovée, le plus jeune, se laissa persuader d’implorer la protection de Rome.
Valentinien le reçut comme son allié et le fils adoptif du patrice Ætius ; il
le renvoya dans son pays avec des présents magnifiques et les plus fortes assurances
de secours et d’amitié. Tandis qu’il était absent, son aîné avait sollicité
avec une ardeur égale les redoutables secours d’Attila ; et le roi des
Huns accepta avec plaisir une alliance qui lui facilitait le passage du Rhin,
et fournissait un prétexte honorable à l’invasion qu’il projetait de faire dans
la Gaule [3939] .
    Lorsque Attila annonça publiquement la résolution de
secourir les Francs et les Vandales, ce héros sauvage, saisi comme d’une sorte
d’ardeur chevaleresque, se déclara aussi l’amant et le défenseur de la
princesse Honoria. La sœur de Valentinien avait été élevée dans le palais de
Ravenne ; et comme le mari d’Honoria, aurait pu donner de l’inquiétude à
l’empire, on éleva la princesse au rang d’Augusta [3940] , pour anéantir
l’espérance des sujets les plus présomptueux ; mais la belle Honoria avait à
peine atteint l’âge de seize ans, qu’elle détesta la grandeur importune, qui la
privait pour toujours des douceurs d’un amour légitime. Au milieu d’une pompe
vaine et insipide, Honoria soupirait, et, cédant enfin à la voix de la nature,
elle se jeta dans les bras d’Eugène, son chambellan. Des signes de grossesse
trahirent bientôt ce que, dans l’absurde langage d’un sexe impérieux, on appela
son crime et sa honte, et le public en fut instruit par l’imprudence de
l’impératrice Placidie, qui fit partir sa

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