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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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fille pour Constantinople, après
l’avoir tenue longtemps dans une captivité ignominieuse. La malheureuse Honoria
passa douze on quatorze ans dans la triste société des sœurs de Théodose et de
leurs chastes compagnes. La fille de Placidie ne pouvait plus prétendre à leur
mérite, et se conformait avec répugnance aux pratiques pieuses des prières, des
jeûnes et des vigiles. L’impatience d’un célibat dont elle n’espérait plus de
sortir, lui fit entreprendre une démarche extraordinaire et désespérée. Le nom
redouté d’Attila se trouvait souvent dans les entretiens des habitants de
Constantinople, et ses fréquentes ambassades entretenaient une correspondance
presque continuelle entre son camp et le palais impérial. Sacrifiant tous les
préjugés et tous les devoirs aux désirs de l’amour, ou plutôt de la vengeance,
la princesse offrit de se remettre elle-même dans les bras d’un prince barbare
dont elle ignorait le langage, dont les traits présentaient à peine l’idée d’une
figure humaine, et dont elle abhorrait les mœurs et la religion. Par le moyen
d’un eunuque de confiance, elle fit remettre à Attila une bague pour garant de
sa foi, et le conjura de la réclamer comme sa légitime épouse, avec laquelle il
aurait été secrètement uni. Le monarque reçût avec froideur ces avances
indécentes, et continua de multiplier le nombre de ses épouses jusqu’au moment
où deux passions puissantes, l’avarice et l’ambition, éveillèrent son amour
pour Honoria. Son entrée dans la Gaule fut précédée d’une déclaration formelle,
par laquelle il demandait la main de la princesse et la part égale à laquelle
elle avait droit de prétendre dans le patrimoine impérial. Ses prédécesseurs,
les anciens Tanjoux, avaient souvent demandé, avec la même arrogante, les
princesses de la Chine, et les prétentions d’Attila ne parurent pas moins
offensantes à l’empereur des Romains. Ses ambassadeurs reçurent un refus ferme,
quoique sans hauteur. Malgré les exemples récents de Pulchérie et de Placidie,
on déclara que les femmes n’avaient aucun droit à la succession de l’empire ;
et à la demande de la princesse on opposa ses engagements indissolubles [3941] . Dès le moment
où l’on avait eu connaissance de sa correspondance avec le roi des Huns, la
coupable Honoria avait été enlevée de Constantinople comme un objet d’horreur,
et reléguée au fond de l’Italie on épargna sa vie ; mais aussitôt après la
cérémonie par laquelle ordonna à quelque particulier obscur le titre de son
époux, on l’enferma dans une prison perpétuelle, pour y pleurer des crimes et
des infortunes auxquelles Honoria aurait peut-être échappé, si elle n’eût pas
été la fille d’un empereur [3942] .
    Un Gaulois contemporain, le savant et éloquent Sidonius, qui
occupa depuis le siège, épiscopal de Clermont, s’était engagé vis-à-vis d’un de
ses amis à écrire l’histoire de la guerre d’Attila. Si la modestie de Sidonius
ne l’avait pas détourné d’un ouvrage si intéressant [3943] , l’historien
aurait exposé avec la simplicité de la vérité les faits mémorables auxquels le
poète se contente, de faire allusion d’une manière concise, et dans un style
vague et métaphorique [3944] .
Les rois et les nations de la Scythie et de la Germanie, répandus depuis le
Volga peut-être jusqu’au Danube, accoururent à la voix belliqueuse d’Attila. Du
village royal dans les plaines de la Hongrie, ses étendards s’avancèrent vers
l’Occident, et après une marché de sept ou huit cents milles, ils arrivèrent au
confluent du Rhin et du Necker, où ils furent joints par ceux des Francs qui
obéissaient à son allié le fils aîné de Clodion. Une troupe légère de Barbares,
conduite par l’espoir du butin, aurait peut-être préféré l’hiver, afin de
pouvoir traverser le fleuve sur la glace ; mais l’innombrable cavalerie des
Huns exigeait des fourrages et des provisions qu’il eût été impossible de se
procurer dans cette saison. On trouva dans la forêt Hercynienne les bois
nécessaires pour construire un pont de bateaux ; et cette multitude d’ennemis
se précipita avec une violence irrésistible, sur les provinces de la Belgique [3945] . La consternation
fut universelle dans la Gaule ; et la tradition, qui nous a transmis l’histoire
de ses malheurs, n’a point oublié les miracles et les martyrs dont furent
honorées plusieurs de ses villes

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